Classe Quebec – Projet 615, A615, 637
(1952 - 1970)
Mise à jour 28 avril 2024
- Période service : 1952 – 1970
- Bureau d’études : TsKB 18 (Rubin), TsKB Volna (Malakhit)
- Prévu : 100
- Réalisés : 30
- En service : 0
- Perdu : 1
- Propulsion : Diésel électrique / AIP
- Hélice : 2 x 4 pales
- Longueur : 56,6 m
- Maître-bau : 4,4 m
- Déplacement S/P : 460 / 540 t
- Profondeur : 120 m
- Vitesse surface : 18 nds
- Vitesse plongée : 19 nds
- Equipage : 41 (29 pour le Pr.615)
- Armement : Torpilles
- Autonomie : 14 jours
La Classe Québec est le code OTAN pour une Classe de sous-marins soviétiques à propulsion diesel. Cette Classe correspondait à de petits sous-marins d’attaque côtière.
L’origine de cette Classe remonte vers 1939 quand un nouveau système de moteur à combustion interne, en cycle fermé avec un approvisionnement en oxygène, fut développé. Incorporant cette technique, le sous-marin expérimental M-401 fut lancé le 1er juillet 1941 (voir section précédente). Les essais du sous-marin expérimental continuèrent jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, aboutissant finalement au Projet 615 (une seule unité, le M-254) puis au A615 (version de production en série).
Un bâtiment, le M-361 du Projet A615 a été utilisé en 1954/55 pour établir un Projet 637 pour des tests (conversion en 1958/59). Son but était d’utiliser un seul réservoir d’oxygène au lieu de deux (raison de l’incendie du M-256). Les travaux ont été arrêtés en 1960 après que l’on ait pu démontrer une augmentation de la vitesse de 30% et on a ouvert le bateau en deux pour servir d’unité d’entraînement à l’Ecole Navale de Léningrad.
Les sous-marins de la Classe Québec étaient équipés de deux moteurs diesel classiques et d’un troisième moteur diesel en cycle fermé qui utilisait de l’oxygène liquide pour fournir une propulsion anaérobie quand le sous-marin était en plongée. Ce système permettait une vitesse importante, mais augmentait considérablement le risque d’explosion ou d’incendie (d’où le surnom de « briquet » ou de « Zippo »). Pour résoudre ce problème, on a essayé de reconditionner le M-361 en remplaçant l’oxygène liquide par du peroxyde de Sodium, mais on n’est pas allé au bout des essais.
Son armement était constitué de torpilles et de canons de pont pendant les premières années. Ces derniers furent enlevés à la fin des années 50 et ce fut d’ailleurs la dernière Classe de sous-marins soviétiques à avoir disposé de ce type d’armes.
Trente furent construits entre 1952 et 1957 sur les cents prévus, avant que le projet ne soit abandonné et que l’Union Soviétique ainsi que les Etats-Unis ne développent des sous-marins à propulsion nucléaire. Les derniers furent retirés du service dans le courant des années 1970. On considère que cette classe n’était pas une réussite en raison de ses capacités de combat réduites et de sa faible maniabilité.
C’est sur cette Classe que l’on a testé pour la première fois les tuiles anéchoïdes de quatre mm d’épaisseur (code Alberich tiré du nom d’un sorcier invisible de la mythologie allemande) afin de réduire la signature sonar (mais ce sont les Allemands qui avaient fait les premiers tests en 1940 pendant la guerre (la technologie ne sera vraiment opérationnelle qu’à partir de 1944 sur un Type VII / U-480).
Le Projet 630, de 490 tonnes, qui devait être une évolution naturelle du Projet A615 a été abandonné au stade des plans en 1955.
À ce jour, trois sous-marins du projet A615 ont été conservés comme expositions : le M-261 est exposé à Krasnodar, le M-296 est à Odessa (exposé sous la désignation M-305) et le M-361, achevé en tant qu’exposition. Le laboratoire complexe du projet 637 continue d’être officiellement en service et utilisé aux fins prévues comme salle de formation sur le territoire fermé de l’Institut de génie naval de la ville de Pouchkine.
Le premier briquet M-259
Le 12 août 1956, le sous-marin M-259 sous le commandement du capitaine de 3e rang E.V. Butuzov effectuait des tâches d’entraînement sur un terrain d’entraînement dans la partie occidentale du golfe de Finlande, lorsque, en raison d’une diminution de la proportion de d’oxygène dans le mélange gazeux, une explosion volumétrique s’est produite dans le déflecteur central du moteur diesel. L’explosion a tué trois membres d’équipage, le lieutenant-ingénieur en mécanique Nikolai Pervukhin a étouffé dans la fumée et six autres personnes ont été grièvement blessées et brûlées. Les blessés ont été évacués par des torpilleurs et le sous-marin a été remorqué jusqu’à Cronstadt par un navire anti-sous-marin.
La commission d’État chargée d’enquêter sur l’accident n’a trouvé aucun défaut dans la conception du bateau et a considéré que la cause de l’incident était des déficiences dans l’organisation du service, pour lesquelles E.V. Butuzov a été rétrogradé.
Incendie du M-256
Le 26 septembre 1957, le M-256 naviguait en surface sous des rafales de vent dans Golfe De Tallinn en Mer Baltique. Un de ses moteurs diesel a éclaté. Le feu a immédiatement envahi le compartiment diesel et s’est répandu aux compartiments voisins. En raison des conditions météo, les quatre bateaux situés à proximité n’ont pas pu le prendre en remorque. Quatre heures après le départ de l’incendie, le bateau a soudainement perdu de sa stabilité, a pris une inclinaison verticale et a sombré. Des 35 hommes situés sur le pont, seulement sept ont été sauvés.
Un autre sous-marin de la Classe (M-351) a également sombré en 1957 dans la mer Noire, mais sans faire de victimes.
Nb : Il est à noter que toutes les photos sur internet qui montrent le M-256 sont erronées en montrant des bateaux de la Classe M – Maylytka.
Le vol du M-261
Après une mise à la retraite bien méritée en 1978, le M-261 est exposé en 1982 à Krasnodar au sein du musée des « Armes de la victoire ». Après une soirée très arrosée, des marins arrivent à redémarrer le bateau et décident de faire une petite virée à la vitesse de trois nœuds. Très rapidement, les autorités interviennent et les chenapans sont dans un premier temps accusé de trahison et de vouloir transférer le sous-marin à une puissance étrangère. Heureusement, la raison l’emporte et l’affaire est vite étouffée.