Classe Kilo – Projet 877 Paltus & 636

(1982 - )

Mise à jour 27 août 2024

  • Période service : 1982 – 
  • Bureau d’études : Rubin
  • Prévu : 74
  • Réalisés : 61
  • En service : 53 (Algérie – 6 ; Chine – 12 ; Inde – 8 ; Iran – 3 ; Myanmar – 1 ; Roumanie – 1 ; Russie – 20 ; Vietnam – 6; Pologne – 1)
  • Perdu : 1
  • Exportation : Inde (Classe Sindhudhva), Roumanie (Classe Delfinul), Algérie, Iran (Classe Tareq), Chine, Pologne (Classe Orzel), Vietnam (Classe O shi min), Myanmar
  • Propulsion : Diésel électrique
  • Hélice : 1 x 6 – 7 pales
  • Longueur : 72,6 – 73,8 m
  • Maître-bau : 9,9 m
  • Déplacement S/P : 2.300 / 3.900 t
  • Profondeur : 300 m
  • Vitesse surface : 12 nds
  • Vitesse plongée : 20 nds
  • Equipage : 53
  • Armement : Torpilles, missiles (AN, C)
  • Autonomie : 6.000 mn surface / 400 mn plongée / 45 jours
Projet 636.2 (Flotte Algérienne)

Le Kilo (Projet 877) a été conçu par le bureau d’études Rubin de Saint Petersbourg afin d’assurer des missions de lutte contre les sous-marins et navires ennemis, de protection des bases navales et voies de communication mais aussi d’attaque des communications adverses pour remplacer les Foxtrot (Projet 641) et Tango (Projet 641B). Pour ce faire, quatre chantiers navals soviétiques se sont chargés de la production : Saint-Petersbourg (chantiers de l’Amirauté), Nizhny Novgorod, Komsomolsk-sur-Amour et plus récemment Severodvinsk (Sevmash). Le prototype a été lancé en 1979 et est entré en service en 1982.

Il existe deux principaux modèles de sous-marins de Classe Kilo : le Projet 877, premier modèle initialement destiné à la marine soviétique (mais qui a aussi été exporté comme une sous-version Type 877 EKM), et le Projet 636. Ceux-ci peuvent emporter en outre des missiles anti-navires Kalibr, dans leur version 636M. Le Projet 636, a été mis en service à partir de 1990. Il dispose d’une double coque qui a été allongée de 1,2 mètres pour loger un nouveau moteur plus puissant et plus silencieux (de l’ordre de 50%). Les hélices sont à sept pales au lieu de six sur le Projet 877. La vitesse maxi est portée à 20 nœuds et l’endurance également augmentée. La coque dispose en outre d’un revêtement anéchoïque pour augmenter encore la discrétion acoustique.

Le Projet 636 est donc plus silencieux mais aussi plus puissant et plus autonome (nouveau système de combat automatisé). Il peut en outre recevoir des missiles anti-navires SS-N-27 Club-S (ainsi que sa version de frappe terrestre) qui sont tirés depuis les lance-torpilles. Cet armement est également intégrable sur les Projet 877 en retrofit. La façon la plus simple de les distinguer en surface est de regarder la terminaison de la coque au niveau de la poupe. Si la jonction est lisse, c’est un Projet 877, et s’il y a un petit dénivelé, c’est un Projet 636 (sauf pour le 636V).

La Classe Lada (Projet 677) avait été créée pour remplacer les Kilo, mais les trois bateaux mis sur cale, respectivement en 1997, 2005 et 2006 ont beaucoup de mal à être mis en service (un seul est opérationnel en 2018). En attendant, la Russie continue à construire des Kilo et à les vendre à un prix unitaire variant entre 200 et 250 millions USD…

Le point fort des sous-marins du Projet modernisé 636.3 Varchavianka est leur discrétion (Varchavianka signifie « fille de Varsovie ». Ce nom lui a été donné car cette version était à l’origine destinée aux pays du Pacte de Varsovie.) De leur côté, les experts de l’OTAN ont baptisé ce sous-marin diesel-électrique polyvalent de 3ème génération « Trou noir ».

Les six premiers sous-marins russes de cette Classe ont été construits à des rythmes accélérés et toute la série a été prête et remise à la Marine entre 2010 et 2016.

Chaque sous-marin de cette série est équipé de 18 torpilles et de 8 missiles.

Projet 877 (Flotte Indienne)
Poupe du Projet 877
Poupe du Projet 636
B-265 Krasnodar (Projet 636.3)
Projet 636.3 (Flotte Russe)

Un exemplaire (B-871 Alrosa), équipé d’un Pump-jet a été lancé sous le nom de Projet 877V, mais il semble qu’il n’ait pas eu beaucoup de succès (en réparation depuis 2014). Le 13 mars 1992, une partie de son équipage, mené par un certain Capitaine de corvette V. Petrenko aidé par le Capitaine Loupakov tentent de le soustraire au profit de l’Ukraine. Mais les Russes y remettront vite de l’ordre ! A noter que ce sous-marin est en partie financé par le Geant de l’industrie d’extraction de diamants “Alrosa”.

Le 31 octobre 2017, le sous-marin russe B-268 Veliki Novgorod, du Projet 636.3 Varchavianka, a détruit plusieurs cibles terroristes en Syrie avec ses missiles de croisière Kalibr.

A la fin des années 70, un Projet de sous-marin cible destiné à tester les impacts des torpilles et mines (comme le fut le Projet 690 Classe Bravo) a été imaginé sur la base de la Classe Kilo. Ce devait être le Projet 690.2. Ce Projet a finalement été abandonné au milieu des années 80.

Dans les années 90, on a pensé à réaliser le Projet 636 EGT qui était doté de générateurs électroniques. Cette étude a été abandonnée.

Sur une publicité du bureau d’étude Rubin en 2002, on trouve également le projet d’un sous-marin spécial adapté d’un 877 qui était probablement destiné à des travaux de pose (ou de destruction) de canalisations sur le fond marin (877 OPEX).

On trouve également dans les années 80 un autre Projet abandonné, le 877B, qui présentait un allongement de la coque et un massif plus en arrière. Il pourrait être à l’origine du Projet 20120 (Sarov).

Dans le cadre du forum Armée-2016, le ministère russe de la Défense a signé avec le chantier naval Admiralteiskïe verfi un contrat portant sur la construction de six sous-marins du Projet 636.3 Varchavianka pour la Flotte du Pacifique. La livraison devrait se faire en trois lots de deux unités en 2019, 2020 et 2021.

Projet 877V (B-871 Alrosa)
Projet 877V (B-871 Alrosa)
Projet 877V (B-871 Alrosa)
Projet 636EGT
Projet 877 OPEX (Opérations spéciales)
Jackie Chan sur l'Alrosa (First Strike)
Jackie Chan sur l'Alrosa (First Strike)
Maquette de l'Alrosa au Club de la Marine de Sébastopol
Projet 877B
Projet 877B
Projet 877B

Versions / Types

Il est très difficile de s’y retrouver dans les différentes Versions/Types/Projets des Kilo car ils dépendent des versions, des armements, des pays où ils ont été exportés. Et c’est sans compter sur les raccourcis journalistiques qui sous prétexte qu’ils trouvent la connotation inquiétante « trou noir », sont tentés d’y mettre toute la flotte !

Essayons cependant d’y voir plus clair dans toutes ces versions en circulation :

Projet 877EKM (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 877E (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 636.3 (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 636.3 (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 636 (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 636M (Illustrations Richard W.Stirn
Projet 636MV (Illustrations Richard W.Stirn

Accidents en série pour les Kilo indiens

Le 14 août 2013, le sous-marin de la Marine indienne INS Sindhurakshak de Classe Kilo Type 877EKM coule après plusieurs explosions causées par des incendies à bord alors que le sous-marin était à Mumbai. Le feu, suivi d’une série d’explosions à bord du sous-marin armé, se déclenche peu avant minuit. L’incendie est éteint dans les deux heures. Les causes de l’incendie sont inconnues. Les explosions endommagent la coque du sous-marin et celui-ci coule au mouillage, seule la partie supérieure restant émergée. Les marins présents à bord sortent en hâte et se réfugient à terre. Des plongeurs de la Marine indienne sont envoyés inspecter l’épave à la recherche des 18 hommes portés disparus. Le ministère de la défense indien confirme la présence de victimes.

Le 26 février 2014, c’est un incendie de batteries au large de Mumbai qui tue deux officiers et blesse sept autres marins à bord de l’INS Sindhuratna. L’amiral DK Joshi a démissionné quelques heures après l’accident, acceptant la responsabilité morale d’une série de mésaventures et le commandant devait passer en cour martiale.

L’INS Sindhurakshak coulé avec son massif émergeant
Photographie prise lors de l’explosion de l’INS Sindhurakshak
l’INS Sindhuratna évacuant ses blessés

Le Rostov na Donu (B-237) est bombardé par l’Ukraine dans le port de Sébastopol

Le , le gouverneur de Sébastopol nommé par la Russie, Mikhaïl Razvojaïev, affirme que le chantier naval de Sébastopol est visé par une « attaque de missile » ukrainienne à h du matin, provoquant un incendie majeur. Selon le ministère de la Défense russe, dix missiles de croisière sont tirés, dont sept abattus. L’attaque impliquerait également trois « drones maritimes » dont la totalité auraient été détruits. Le ministère déclare « qu’à la suite des tirs de missiles de croisière ennemis, deux navires en radoub ont été endommagés ». Au moins 24 personnes sont blessées. Les navires touchés par l’attaque sont le navire de débarquement Minsk et le Rostov na Donu. Les images disponibles le  montrent la coque déchirée sur plusieurs mètres devant le massif au niveau de la zone accueillant la salle des torpilles ainsi que sur le flanc tribord au centre du sous-marin, juste derrière le massif. D’après les plans de cette classe de bâtiments, la zone touchée correspond à la fin de l’espace vie de l’équipage et le début de la salle des machines. D’après le journal en ligne spécialité Opex360, le bâtiment, trop endommagé, « ne reprendra plus la mer ».

Deux sous-marins Kilo-M apparaissent immergés en rade de Novorossiysk le 17 mai

Pour survivre … restons en plongé, même au port !

En mai 2024, pour protéger sa flotte de sous-marin, la Russie semble utiliser une stratégie étonnante en immergeant ses unités à quelques mètres des quais, seul le haut du massif émergeant hors de l’eau. Cette stratégie viserait à les protéger des drones et des attaques missiles ou plus simplement pour disparaitre des images satellites. Raté !

Ou alors (photo prise en août 2024), on met des sous-marins factices !

Depuis la destruction du sous-marin, la Russie semble avoir mis en place un sous-marin leurre pour tromper l'ennemi (Source @MT_Anderson)
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