Le cochon grillé (Russie)

Mise à jour 20 juillet 2024

On a tous vu ces photos d’équipages soviétiques ou russes être accueillis par les officiels accompagnés d’un cochon grillé. Même si cela n’a aucun rapport avec la Classe Golf, j’ai pensé utile de débattre du sujet. On pense que cette tradition est née dans la flotte du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, quand l’un des commandants d’un sous-marin (le capitaine Utkin) a interpellé le commandant de la base, le capitaine Modenko (qui était un peu grassouillet) pour la piètre qualité du ravitaillement à bord. « Vasya, comment ça va ? Nous à la mer, on ne se lave pas, on ne se rase pas, on coule des bateaux, on évite les mines, on brave les attaques aériennes, mais on ne choisit pas ce que l’on mange. Soyons d’accord : si je reviens avec une victoire, vous m’offrez un cochon rôti ». Modenko haussa les épaules et dit : « Eh bien, chiche ». Et en effet, Utkin est revenu avec une victoire et le commandant de la base n’avait rien d’autre à faire que de préparer un gros cochon pour l’équipage. A partir de ce moment, c’est devenu une tradition. A chaque victoire, un cochon !

Après la guerre (faute de bateaux allemands coulés), la tradition s’est perpétuée à chaque retour de mission au sein de la flotte du Nord. Avant le départ, l’indicatif du sous-marin était peint sur le dos des cochons des fermes de Kuzbasslak (une forme de mécénat). Pour la CIA, ce pouvait être un moyen d’identifier les déplacements des sous-marins.

Mais il y eu des moments où les sous-mariniers ont été très offensés par cette offrande. Petites anecdotes : Un jour, posé sur la table, sur un plateau, gisait ce qui était autrefois un assez gros cochon. Seule la tête reposait sur le plateau, coupée exactement derrière les oreilles et le cul collé dessus, coupé exactement derrière les pattes postérieures. La jonction était enduite de sarrasin et de morceaux de concombres. L’équipage est outré, le commandant de même et le cochon est balancé à la baille. Une autre fois, le porcelet est présenté en entier. Mais les cuisiniers ont découpé toute la viande et recousu la peau sur les côtes. Le commandant a averti que la prochaine fois, il ne serait pas responsable de l’équipage et ne retiendrait pas sa juste colère. 

Il y a aussi des subtilités dans la décoration du porcelet. Si toutes les missions étaient parfaitement remplies, la carotte était insérée dans la bouche du porcelet. Et s’il y avait des manques, alors elle serait logée dans son cul…

En France, le cochon monte à bord (Illustration Ronan Pondaven)
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