Des sous-marins dépourvus d’ogives nucléaires !

Car c’est bien là le plus étrange dans ce dossier. La doctrine militaire chinoise interdit à ses sous-marins à transporter des missiles balistiques dotés d’ogives nucléaires par temps de paix. Tous ces sous-marins naviguent donc à vide. Par temps de paix, la politique de dissuation se base uniquement sur les missiles basés sur des sites terrestres (et ils sont nombreux). On ne sait si c’est par manque de confiance dans leurs équipages, dans les moyens de communication ou dans leurs sous-marins, mais c’est une réalité. La dernière réalité, c’est que le Pentagone a annoncé en novembre 2022 que le JL-3 était désormais opérationnel sur ces sous-marins. Avec une portée estimée entre 9.000 et 12.000 km, cela permet aux sous-marins Jin de rester relativement proches de la Chine pour atteindre la côte ouest des États-Unis, alors que le JL-2, pour frapper n’importe quel point des États-Unis, aurait nécessité qu’ils croisent loin dans l’océan Pacifique, à proximité voire au-delà de l’île américaine d’Hawaï.

Au final, combien de sous-marins lanceurs d’engins ?

Très difficile à dire tant le secret est bien gardé. En 2018, les récents visiteurs de la baie entourant une base sous-marine sur la côte sud de l’île chinoise de Hainan décrivent un curieux phénomène nocturne. De puissants projecteurs sont parfois braqués directement sur les façades océaniques des hôtels voisins la nuit, rendant la visibilité vers la mer pratiquement impossible. Certaines des lumières sont montées à terre et d’autres sur des patrouilleurs navals qui passent. Et c’est sans compter sur les abris creusés à même la roche qui permettent de camoufler les unités (Port de Yalong).

Mais dans tous les cas, ces sous-marins ne s’éloignent pas trop des côtes chinoises. Le fait qu’ils soient assez bruyants (malgré des efforts importants déployés pour réduire leur signature), ils restent assez faciles à détecter et leur sortie des eaux territoriales (contestées) ne passent pas inaperçu. Mais la Chine ne semble pas trop souffrir de ce cloisonnement car leurs nouveaux missiles JL-2A d’une portée de près de 8.600 km leur permet d’atteindre des cibles américaines à partir de la mer de Chine. De plus, la Chine, (ayant à la base) une stratégie défensive, estime que ses sous-marins seront sous le couvert de sa propre défense aérienne s’ils restent à proximité de leurs côtes.

Il reste les photos satellites, mais ces dernières ne permettent pas d’identifier les différentes caractéristiques des variantes. Il reste les inaugurations officielles ou les parades pour tenter de percer le mystère chinois.

Depuis quelques années nous avions au mois d’avril la parade organisée en l’honneur de l’anniversaire du PLAN. Mais elle n’a pas eu lieu en 2021. En revanche, nous avons eu l’inauguration du Changzheng 18 (N°421). Lors de la captation vidéo, sur les premières images, nous avons une vue plongeante sur le port de la péninsule de Yalong. Ce fut pour nous l’occasion de dénombrer trois autres Types 094x (sans pouvoir identifier le modèle exact). Ce n’est pas la première fois que l’on peut observer trois ou quatre 094x postés à cet endroit.

On pourrait également se baser sur le nom Changzheng. Mais pour corser l’affaire, non seulement tous les Types de sous-marins nucléaires se nomme Changzheng, mais aussi les lanceurs de satellites chinois (comme le Changzheng 11). On pourrait également déduire des 18 Changzheng les 5 Types 091, les 2 ou 4 Types 092 (mais qui portent le même nom) et les Types 093 (Classe Shang) pour trouver le résultat. Mais comme on ne connait pas non plus leur nombre, on n’est pas avancé ! Ou alors, on part des N° de coque. Le 401 étant le premier bâtiment à propulsion nucléaire et le dernier est le 421, cela fait 21 bâtiments à trouver. Mais comme il y a au moins deux 406 (092), quatre 409 (094), deux 094A, deux 094B… nous vous laissons compter vous-mêmes.