Classe Zulu – Projet 611
(1952 - 1984)
- Période service : 1952 – 1984
- Bureau d’études : TsKB 18 (Rubin)
- Prévu : 26
- Réalisés : 26
- En service : 0
- Perdu : ?
- Propulsion : Diésel électrique
- Hélice : 2 x 3 pales
- Longueur : 90,5 m (99 m pour le Zulu V)
- Maître-bau : 7,5 m
- Déplacement S/P : 1.875 / 2.387 t
- Profondeur : 200 m
- Vitesse surface : 17 nds
- Vitesse plongée : 15 nds
- Equipage : 72
- Armement : Torpilles, missiles (B)
- Autonomie : 33.800 mn surface / 320 mn plongée
La conception de cette Classe a été influencée par le modèle allemand Unterseeboot Type XXI de la Seconde Guerre mondiale. Tellement influencé qu’en même temps que l’on construisait le Projet 617 (Whale), on avait pensé à un Projet 611bis en 1950 équipé d’une propulsion à cycle fermé Walter (comme le 617).
En 1954, les américains ont même cru un temps que les trois premières unités du Projet 611 en étaient équipés. Mais ils n’étaient pas loin de la réalité, car il y eut en cette même année 54 un Projet 631 qui devait correspondre à un 611 plus imposant et intégrant une turbine Walter. La vitesse sous-marine maximale du bateau d’environ 2.550 tonnes était prévue à environ 20 nœuds. Cependant, en raison des essais défavorables du Projet 617, ce projet n’a pas été poursuivi.
Vingt-six ont été construits entre la période de 1952 à 1957, sous plus de 20 versions distinctes réparties en sous Classe I à V. Beaucoup de sous-marins ont donc été modifiés à plusieurs occasions tout au long de leur vie afin de réaliser des tests successifs.
Six ont été reconvertis à partir de 1955 pour devenir leurs premiers sous-marins lanceurs d’engins armés du Scud R-11FM. Le premier, expérimental (V611) est devenu le Zulu IV. La série construite sur le même modèle (AV611) est devenue la sous-Classe Zulu V. Le premier tir de missile balistique depuis un sous-marin a lieu le 16 septembre 1955.
Ils ont été la base de la future Classe Foxtrot (Projet 641).
Les Projets V611 et AV611 et le missile R-11FM
Au début de l’après-guerre, les Etats-Unis et l’Union soviétique ont compris la valeur dissuasive potentielle de l’installation de missiles nucléaires sur des sous-marins. Les deux pays ont travaillé sur des dérivés du missile allemand V-2 mais, aux Etats-Unis, le développement a d’abord été axé sur l’utilisation de missiles de croisière sur des sous-marins (Programme Regulus). Mais le système était principalement dissuasif. Les missiles de croisière de l’époque ne volaient pas plus vite que les bombardiers à réaction et étaient donc enclins à être interceptés. La nécessité de les faire décoller de la surface rendait le sous-marin, plateforme de lancement, vulnérable à la détection et aux attaques.
De son côté, en Union soviétique, le Premier ministre Nikita Khrouchtchev considérait le missile nucléaire sous ses diverses formes comme un moyen de rivaliser avec l’armée américaine sans pour autant dépenser des fortunes dans des grandes flottes de navires, aéronefs et autres chars. En fait, le déploiement opérationnel de la version SLBM du Scud (baptisé R-11FM) a été le premier déploiement opérationnel au monde d’un SLBM (missile balistique) lorsqu’il a équipé les unités en 1956, cinq ans avant le départ du premier SLBM américain Polaris A-1 à bord de l’USS George Washington.
Les Soviétiques étant tout à fait conscients du début du développement du Polaris au milieu des années 50, il était impératif pour eux de mettre en place très rapidement un SLBM opérationnel. Le Scud fut choisi pour sa capacité d’adaptation aux bâtiments sous-marins plutôt que pour son nouveau design. Alors que le sous-marin américain de la Classe George Washington était basé sur un allongement du sous-marin d’attaque Albacore, les Soviétiques ont optés pour une extension du sous-marin d’attaque du Projet 611 (Classe Zulu), pour ce qui allait devenir le Projet 611AV. Comme le missile était trop long pour l’insérer dans la coque, le massif du sous-marin a été étiré pour contenir les deux tubes de lancement. Les missiles partaient donc de la coque et pénétraient dans le massif.
Le Projet a débuté en 1954 et le premier obstacle technique fut de savoir comment lancer le missile sous l’eau. Le système R-11FM étant censé être une solution provisoire, on a décidé de repousser ce problème à la prochaine série de missiles en cours de développement. On a donc décidé dans un premier temps que le R-11FM serait lancé depuis un sous-marin en surface. Le missile serait soulevé de son tube de lancement, puis tiré.
Pour cette première phase du projet, le sous-marin V611 a été assemblé à Severodvinsk et certaines parties du sous-marin ont été livrées de Leningrad. La construction du premier sous-marin soviétique pour missiles balistiques s’achève en septembre 1955 et reçoit la désignation tactique « B-67 ». Le B-67 était le Projet V611 (Zulu IV) – V comme « Vague » – avec un seul missile R-11FM (Scud). Les autres sous-marins construits pour ce programme d’envergure ont été regroupés sous le Projet AV611 Zulu V avec deux missiles. Le 16 septembre 1955, le premier missile balistique fut lancé à partir du premier sous-marin V611 (B-67).
Le deuxième obstacle consistait à lancer le missile lorsque le sous-marin était en mouvement à la surface de l’eau. Alors que le Scud basé à terre devait être aligné sur une certaine direction de lancement, la version sous-marine était montée sur une table de lancement stabilisée avec un gyroscope selon trois axes similaires à ceux utilisés pour les tourelles de cuirassé (le système de stabilisation a été conçu par un bureau de conception d’artillerie navale à Leningrad). Une fois le lancement décidé, le système ne tirerait le missile que si la table stabilisée serait dans la bonne position.
À l’automne de 1954, une série d’essais ont débuté à partir de plates-formes d’essai au sol. Le 16 septembre 1955, le premier lancement mondial de missiles balistiques lancé par un sous-marin a eu lieu dans la mer Blanche. Après d’autres essais, les sous-marins du Projet AV611 sont devenus opérationnels pour la Flotte du Nord en 1956 et pour la Flotte du Pacifique en 1959.
Le système de tir était pour le moins affreusement compliqué. Des problèmes de qualité et la nécessité de transporter les carburants hypergoliques pour le R-11FM ont entraîné de nombreux accidents et des échecs de lancement. Le protocole de lancement et la précision du missile était épouvantable. Le sous-marin devait maintenir son cap, sa profondeur et sa vitesse pendant une durée de deux à quatre heures avant le lancement pour que le système s’aligne correctement. Pour tirer le missile, le sous-marin devait faire surface, ouvrir le couvercle du tube de lancement et élever le missile jusqu’au bord du tube. Le missile était fixé à l’aide de deux supports qui devaient être enlevés avant le décollage. Il fallait cinq minutes pour lancer le premier missile et cinq autres minutes pour que le second soit mis en route.
La marine soviétique était très réticente à mettre le missile en service, mais les pressions du Premier ministre Khrouchtchev et du ministre de la Défense Dmitri Ustinov ont conduit à la mise en service de six sous-marins AV611 avec le R-11FM. La raison en était que, bien que peu pratique et encombrant, c’était la première étape pour acquérir une expérience pratique du lancement de missiles en mer.
Entre 1956 et 1958, des essais supplémentaires du système de lancement D-1 ont été effectués et, en 1959, le sous-marin B-67 a été converti pour effectuer le premier tir de missile sous-marin immergé.
À partir de 1956, les sous-marins V611 ont été équipés de cinq nouveaux moteurs diesel et ont reçu la nouvelle désignation AV611. Les premiers sous-marins AV611 ont servi dans la flotte du Nord. Les quatre sous-marins rééquipés à Severodvinsk ont été mis en service en 1957 et ont servi dans la 40e brigade de la flotte du Nord, tandis que le dernier l’AV611 a été rééquipé à Komsomolsk-na-Amur et a servi dans la flotte du Pacifique.
Après la mise au point d’un système de lancement amélioré, le système de lancement d’origine D-1 a été supprimé de son statut opérationnel en 1967. Dans la seconde moitié des années 1960, les sous-marins AV611 furent équipés d’appareils hydroacoustiques et de systèmes de navigation et de communication améliorés (Projet PV611). Ils sont restés en service jusqu’à la fin des années 1980.
Variations
Il existe de nombreuses variation au sein du Type 611. Cela mérite une page entière…