A l’origine, le Belgorod est un sous-marin d’attaque de missiles de croisière à propulsion nucléaire de la Classe Oscar Projet 949 Anteï (Oscar II). Le chantier de construction avait débuté en 1992, mais la construction du sous-marin, achevé à 76 %, a été mise en veilleuse en 2006. Plus tard, la marine s’est de nouveau intéressée au sous-marin, quoique dans un rôle différent de celui qui lui avait été attribué (tueur de porte-avion). Les hauts gradés ont décidé de convertir le navire en porteur de submersibles habités (ou non) en eau profonde.

Sa section centrale a été repensée et son compartiment à missiles a été remplacé par un tronçon de près de 30 m de long. Cette nouvelle section abrite l’équipement spécial et sera équipée de chambres d’équilibrage de la pression permettant aux sous-mariniers d’accéder aux submersibles et aux plongeurs de sortir du navire. Le remplacement du compartiment a porté le sous-marin à propulsion nucléaire de 154 m à 184 m, soit 11 m de plus que le plus long bateau du Projet 941 au monde (Classe Typhoon).

Le Belgorod a été lancé le 23 avril 2019 à Severodvinsk après des années de travaux au chantier naval Sevmash débutés en décembre 2012. Deux années de tests sont prévues avant qu’il ne soit pleinement opérationnel. Il n’existe donc pas à ce jour de photo en mer de ce nouveau sous-marin. « Le Belgorod pourrait bien être appelé un sous-marin polyvalent », a déclaré l’expert Dmitry Kornev. « Le bateau peut transporter des submersibles en eau profonde, des bathyscaphes et des systèmes télécommandés. Il pourra également opérer sur le fond marin. Le Belgorod peut donc être utilisé à des fins militaires et pacifiques. Par exemple, le sous-marin pourra poser des câbles sous-marins ou mettre en place le système Garmoniya. Il participera ainsi à l’exploration et à la production de minéraux sur la plate-forme de l’Arctique ».

Le professeur Vadim Kozyulin, de l’Académie des sciences militaires, a déclaré à TASS que le Belgorod serait non seulement le plus grand sous-marin de l’inventaire de la marine russe, mais également le seul.« Vraisemblablement, le Belgorod transportera la station en eau profonde autonome AS-31 Losharik » a indiqué l’expert. « Elle transportera et installera sur le fond marin des modules nucléaires autonomes conçus pour recharger des sous-marins non habités. Le sous-marin déploiera un système mondial de surveillance sous-marine créé par l’armée sur le fond marin de l’Arctique ».

Le Belgorod transportera également le complexe géophysique Magma pour l’exploration géologique en mer dans l’Arctique. Ce système Magma va quadrupler le coût de la recherche dans des zones inaccessibles. Ces recherches seront possibles indépendamment des conditions météorologiques et des conditions de glace.

Dernier point et non des moindre, le Belgorod devrait être en mesure de pouvoir lancer des torpilles nucléaires Status-6 Kanyon (par le biais de ses tubes dont les sorties sont visibles sur les derniers clichés satellites), au même titre que le Projet 09851 Khabarovsk (et que le Projet 20120 Sarov à titre expérimental). Il devait terminer sa période de test en septembre 2021, pour être finalement livré le 8 juillet 2022 à la 29^ème division sous-marine, bras opérationnel du GUGI.