ETATS UNIS
L’histoire des sous-marins américains après la deuxième guerre mondiale ne semble pas passionner beaucoup de monde. Sur internet, difficile de trouver une chronologie des faits comme on le trouve très facilement pour l’Union soviétique et la Russie. La raison est toute simple : la saga est très linéaire, sans accroc, fade s’il n’y avait eu l’Amiral Rickover pour pimenter le tout. Tout juste des articles sur les quelques disparitions qui ont émaillées son histoire (USS Scorpion, USS Thresher pour les plus connues). On arrive à trouver des informations sur l’histoire des sous-marins américains lorsque l’on cherche des informations sur les Russes. Il est vrai que depuis la fin du conflit, les deux nations se sont livrées à une compétition impitoyable. Reste que les moyens et les méthodes ont radicalement divergées.
Au début de la deuxième guerre mondiale, il faut bien avouer que les Forces sous-marines américaine n’était pas bien florissante. A la fin du conflit, elle réussit cependant l’exploit de pouvoir bloquer toute la navigation japonaise autour de ses îles (ce que n’avait pas pu réussir la marine allemande). A la sortie de la guerre, elle décide, plutôt que de construire de nouvelles Classes, de moderniser sa flotte actuelle composée de Gato et de Balao en lui faisant bénéficier du Programme GUPPY (modernisation des unités en tenant compte des avancées techniques constatées sur les sous-marins allemands du Type XXI). Les quelques Classes développées dans les années 50 s’imprégneront également de ce modèle. Il n’y avait pas urgence, l’URSS n’ayant pas encore montré les crocs. Mais c’était pour mieux rebondir.
En 1954, les USA dévoilent le premier sous-marin à propulsion nucléaire avec l’USS Nautilus. Le succès est immédiat et à partir de là, pratiquement toutes les nouvelles constructions seront à propulsion nucléaire. Les Classes produites le seront toujours en petit nombre. On se cherche encore, mais on ne recule pas.
En parallèle, on adapte les dernières unités à propulsion diésel-électrique pour qu’elles puissent lancer des missiles de croisière (Regulus). La solution fonctionne et la marine ne rencontre pas les mêmes difficultés que les Russes. On passe donc à l’étape suivante qui consiste à améliorer l’hydrodynamisme et la furtivité acoustique des sous-marins. La Classe Barbel provoque une véritable révolution avec sa forme dite « albacore » en forme de goutte d’eau. Beaucoup d’autres bureaux d’études étrangers s’en inspireront.
Même si certaines unités sont encore en service, on abandonne dans les années 60 tous les projets à propulsion classique et on ne cherche pas à creuser l’idée de la propulsion en cycle fermé (Walter) comme les Soviétiques.
Les Etats-Unis développent alors leurs premiers sous-marins lanceurs de missiles balistiques. Ce seront des copies quasi-conformes des SSN, mais avec un insert supplémentaire pour y placer les silos missiles. Au fur et à mesure, le nombre d’unités de chaque Classe augmente (jusqu’à dix bateaux par Classe). L’équilibre des forces est respecté avec l’URSS pendant cette période de la guerre froide, même avec moins d’unités. Les sous-marins américains sont plus silencieux, plus fiables et emportent individuellement une capacité nucléaire bien supérieure.
La production en série d’unités à propulsion nucléaire ne démarrera qu’en 1976 avec la Classe Los Angeles (SSN). Ils seront construits en 62 exemplaires et satisferont les espoirs que l’on avait placés en eux. Il en sera de même avec les lanceurs d’engins de la Classe Ohio dès 1981 avec 18 unités.
Contrairement aux Russes qui développent sans cesse de nouveaux projets imaginés par les différents bureaux d’études, les Américains améliorent les Classes existantes en misant sur la continuité. Les différents accords de désarmement (SALT I et SALT II) conduiront à une modification de certains bâtiments de la Classe Ohio, mais ils sauront s’adapter sans problème. En 1997, les Etats-Unis font une folie en lançant la Classe Seawolf. Mais cette Classe est trop performante pour son époque et surtout trop chère.
Les Etats-Unis décident alors de serrer les cordons de la bourse et imposent aux bureaux d’étude et aux constructeurs de produire aussi bien, mais avec moins de budget. On passe alors à la conception par ordinateur et on optimise tout ce que l’on peut en envisageant dès le premier prototype les modernisations à venir. Ce travail aboutit à la Classe Virginia pour remplacer les derniers Los Angeles et à la Classe Columbia en cours de construction.
Les Etats-Unis n’ont plus jamais construit de sous-marins à propulsion classique depuis les années 60. La défense de leurs côtes n’a jamais été une inquiétude et le nucléaire était apparu comme la solution idéale pour les « eaux bleues ». En 2005, ils ont cependant testé un sous-marin Suédois de Classe Gotland à propulsion AIP pendant un exercice et ce dernier a pu couler fictivement un porte-avion américain. A faire réfléchir !
Par ce choix 100 % nucléaire, les USA ne disposent pas d’offre à l’exportation, au grand désespoir de Taïwan… Mais leur implication dans le programme espagnol S-80 pourrait montrer un revirement.
En 2018, la Navy estimait que ses équipages manquaient d’adversaires pour s’entraîner dans des conditions réelles. L’idée de créer une flotte de sous-marins ennemis fait son chemin, mais reste très compliquée à mettre en place.
En résumé, une saga maîtrisée
Construction
A l’issue de la guerre, il y eut jusqu’à sept chantiers de construction (Portsmouth Naval Shipyard, General Dynamics, Electrick Boat, New-York Shipbuilding, Newport News Shipbuilding, Litton Shipbuilding et Mare Island Naval Shipyard). Aujourd’hui, deux constructeurs se partagent la construction de ces sous-marins. La survie des deux n’est pas assurée et la compétition entre les chantiers est féroce.
General Dynamics – Electric Boat (Groton – Connecticut)
Chantier fondé en 1899. Durant la deuxième guerre mondiale, avec 21 lignes de production, il pouvait lancer un sous-marin toutes les deux semaines ! En janvier 1955, le chantier fit les gros titres dans le monde entier en construisant le premier sous-marin nucléaire, l’USS Nautilus. En 1979, il innove en utilisant des techniques novatrices de construction modulaire. Electric Boat a aussi construit les SSN de la Classe Seawolf, les plus chers de tous les temps : 2.5 milliards d’euros pièce ! Ils ont construit les Classes Ohio, Virginia, Seawolf, Los Angeles, Nautilus, Balao, Gato.
Newport News Ships Building (Newport – New Virginie)
Fondé en 1886, ce site industriel est le principal chantier naval privé des Etats-Unis. Après avoir été intégré au groupe Northrop Grumman en 2001, il dépend depuis 2011 d’une société regroupant les activités navales de ce groupe et nommée Huntington Ingalls Industries. Il travaille essentiellement pour l’United States Navy. Plus de 264 navires de guerre et 543 navires de commerce ont été construits par ce chantier depuis sa fondation. Ils ont construit les Classes Skipjack, Sturgeon, Los Angeles, Virginia.