NR-1

(1969 - 2008)

Mise à jour 17 juin2027

  • Période service : 1969 – 2008
  • Prévu : 1
  • Réalisés : 1
  • En service : 0
  • Perdu : 0
  • Propulsion : Nucléaire
  • Hélice : 2 x 3 pales
  • Longueur : 41 – 44,40 m (allongé en 1993)
  • Maître-bau : 3,81 m
  • Déplacement S/P : 365 / 393 t
  • Profondeur : 915 m
  • Vitesse surface : 4 nds
  • Vitesse plongée : 5 nds
  • Equipage : 13
  • Armement : Aucun

Le NR-1 ((Navy Reactors-1) est le plus petit sous-marin à propulsion nucléaire navale construit dans le monde. Son nom, NR-1, est un hommage rendu à l’Office of Naval Reactors chargé du développement de cette technologie dans l’US Navy.

Approuvé le 18 avril 1965, le NR-1 a été construit par la division Electric Boat de General Dynamics à Groton, Connecticut, la construction ayant débuté le 10 juin 1967. Le NR-1 a finalement été lancé le 25 janvier 1969 et a terminé ses essais en mer le 19 août 1969.

Il n’a jamais été officiellement nommé ou commissionné. Cette désignation permit à Rickover de contourner la surveillance du Congrès et les limites d’attribution des navires de guerre à la Marine, conservant ainsi un contrôle strict – un atout précieux – sur le projet. Il servait aux opérations classifiées dont du renseignement et la recherche d’objets. Citons par exemple la récupération de missiles AIM-54 Phoenix à la suite d’un accident d’un F-14 le 14 septembre 1976, de fragments de la navette spatiale Challenger et de l’accident du vol 990 Egypt Air le 31 octobre 1999, etc.). Il y eut aussi la recherche d’épaves (HMHS Britannic découvert avec Robert Duane Ballard, l’USS Monitor, l’USS Akron, l’USS Bonhomme Richard, l’étude géologique et océanographique (au large de Porto Rico en 1973 avec l’USS Portland (LSD-37), sanctuaire marin national de Flower Garden Banks) et la maintenance d’équipement submergés. Un total de 64 missions non-classifiées entre 1972 et 1999 sont officiellement recensés (le massif était alors repeint en noir).

Entre autres missions classifiées, en 1986, l’USS Seawolf (SSN-575) et le NR-1 auraient mis sur écoute un câble sous-marin reliant l’Afrique du Nord à l’Europe à une époque où les Etats-Unis étaient engagés dans une confrontation avec la Libye. Cette opération n’aurait cependant pas généré de renseignements utiles.

Bateau unique en son genre, le NR-1 ne disposait d’aucun stock de pièces détachées, obligeant l’équipage à les réviser ou à les fabriquer sur mesure. Cette tâche était particulièrement éprouvante au port, où le petit équipage devait s’acquitter de réparations épuisantes.

Malgré ces difficultés, l’équipage aurait adoré servir à bord de ce sous-marin. En effet, l’exiguïté des locaux et la rudesse de la vie sous la surface, conjuguées à l’intensité des missions secrètes, ont fait que chaque équipage est devenu très soudé.

La vie à bord du NR-1 était éprouvante pour son équipage. La petite taille du sous-marin imposait des espaces restreints, avec seulement quatre couchettes pour un équipage de 13 personnes. Le manque d’équipements de base – pas de cuisine, pas de douches et des toilettes souvent bouchées – mettait à l’épreuve l’endurance de son équipage d’élite, soigneusement sélectionné à l’école d’énergie nucléaire de la Marine. Les membres d’équipage brûlaient des bougies au chlorate pour s’oxygéner et mangeaient des repas au micro-ondes, endurant des missions pouvant durer jusqu’à 23 jours. De plus, en raison de sa petite taille, le sous-marin était souvent chaviré par les courants océaniques, ce qui provoquait le mal de mer. 

Il est équipé pour toutes les missions océanographiques à des fins militaires ou civiles. Sa profondeur de plongée officielle est de 900 m. Il n’a pas de périscope, mais une caméra de télévision dans le massif. Une de ses particularités est la présence de deux roues de poids-lourd rétractables Goodyear pour rouler sur le fond marin.

De même, le NR-1 a soutenu de nombreuses recherches scientifiques à son époque. En 1995, l’océanographe Robert Ballard a utilisé ce sous-marin et son navire de soutien, le MV Carolyn Chouest, pour explorer l’épave du HMHS Britannic , navire jumeau du RMS Titanic , au large des côtes grecques. Les caméras et les systèmes d’éclairage du sous-marin ont fourni des images détaillées de l’épave, faisant progresser l’archéologie maritime. 

En 2007, le NR-1 a étudié le sanctuaire marin national de Flower Garden Banks dans le golfe du Mexique, cartographiant les caractéristiques sous-marines et collectant des données pour la recherche environnementale.

Son réacteur nucléaire a été ravitaillé une fois pendant son service entre 1990 et 1992. Ce sous-marin aurait pu servir jusqu’en 2012 en théorie, mais beaucoup de ses fournisseurs et des sources logistiques n’existaient plus, ce qui a conduit à son retrait en 2008.

Un excellent ouvrage raconte cette histoire (America’s Secret Submarine : An Insider’s Account of the Cold War’s Undercover Nuclear Sub – Lee Vyborny & Don Davis).

Capote de protection pour les longs transits en surface
Roue rétractable
F-14
F-14
AIM-54 Phoenix
AIM-54 Phoenix

Les petites souris de l’Amiral

Le NR-1 était le petit joujou de l’Amiral Rickover et ce dernier a dû se battre bec et ongle pour en obtenir le financement auprès de la Marine et l’administration américaine en général. La certification du bâtiment fut une sinécure car il ne répondait à aucun standard de sécurité et les inspections pour l’homologation furent des plus houleuses. Lors de l’une d’entre elles, l’Amiral avait récupéré deux petites souris qu’il avait caché dans le sous-marin. Après plusieurs heures d’inspection, les contrôleurs sont ressortis avec le cadavre d’une souris à la main comme preuve d’incompétence de l’équipage à maintenir le sous-marin en état. L’Amiral fit alors remarquer qu’il y avait deux souris à bord, preuve de l’incapacité des contrôleurs à vérifier l’intérieur du bateau. Ambiance !

Le Projet NR-2

Un deuxième véhicule de recherche submersible à propulsion nucléaire a été proposé par l’amiral HG Rickover avec une capacité de profondeur supérieure à celle du NR-1 (acier HY-130) et une centrale nucléaire similaire à celle de l’engin précédent. Les études auraient commencé en 1971 mais le projet a été bloqué en 1978 pour des raisons financières (plus de 300 M$). Pour comparaison, le NR-1 avait déjà couté 100 M$ à l’époque (alors que qu’il ne devait pas dépasser 25 M$ dans les projections initiales).

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