Classe Sturgeon
(1961 - 2004)
Mise à jour 21 octobre 2024
- Période service : 1961 – 2004
- Prévu : 37
- Réalisés : 37
- En service : 0
- Perdu : 0
- Propulsion : Nucléaire
- Hélice : 1 x 7 pales
- Longueur : 89,08 – 92 – 95 – 122 m
- Maître-bau : 9,65 m
- Déplacement S/P : 3.700 / 4.770 t
- Profondeur : 400 m
- Vitesse surface : 15 nds
- Vitesse plongée : 26 nds
- Equipage : 107
- Armement : Torpilles, mines, missiles (AN)
Les sous-marins de Classe Sturgeon, programmés dans les années 1950, furent essentiellement des variantes allongées et améliorées de la Classe Thresher/Permit qui les a directement précédés. La principale différence fut un plus grand massif, permettant l’installation des mâts pour la collecte des renseignements. La Classe Sturgeon fut la dernière Classe à être construite sur sept chantiers différents, ce qui permit à 37 sous-marins d’être mis en service dans un court délai de huit ans. C’est peut-être pour cette raison qu’on lui donna également le nom de Classe 637. Les neuf dernières unités ont été rallongées de 3,1 m pour disposer d’un espace supplémentaire destiné à y installer des équipements destinés aux opérations secrètes. Les barres de plongée montées sur le massif pouvaient tourner de 90 degrés, permettant au sous-marin de faire surface à travers une glace peu épaisse. Son réacteur nucléaire S5W était le même que celui utilisé pour les Skipjack et Thresher/Permit, mais comme son déplacement était supérieur, la vitesse maximale du Sturgeon était seulement de 26 nœuds (deux nœuds de moins que les Thresher/Permit).
En 1980, les USA équipent pour la première fois l’USS Batfish de tuiles anéchoïques (alors que les soviétiques avaient généralisé cette pratique dès le Projet 627 (Classe November). Mais la marine américaine n’a pas systématiquement adopté la technologie avant 1988. Même aujourd’hui, la marine américaine fait face à des problèmes d’adhésion de ces tuiles, comme en témoignent les récents rapports sur la Classe Virginia et leurs revêtements en uréthane. En 1978, dans une mission aujourd’hui déclassifiée, il avait suivi un sous-marin russe lanceur de missile de Classe Yankee pendant 55 jours au total et 44 ininterrompus, sans que celui-ci ne s’en aperçoive, lors de l’opération « Evening Star ». Il l’avait détecté partant de la péninsule de Kola en tractant une antenne sonar de 350 mètres de long. Après l’avoir perdu en Norvège puis retrouvé aux îles Féroé, aidé par un repérage aérien effectué par des Lockheed Orion.
Red November et espionnage
Une de ses unités, l’USS Drum (SSN-677) avait pour mission essentielle de prendre des photos de renseignements stratégiques pour la NSA. Un plongeur de combat et photographe nommé William Craig Reed raconte son histoire dans un livre (Craig Reed, Red November, inside the secret US-Soviet submarine war).
En mai 1974, le sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire USS Pintado (SSN-672) est entré en collision presque frontale avec un sous-marin de missile balistique soviétique Yankee I alors qu’il naviguait à 60 mètres sous la surface à l’approche de la base navale de Petropavlovsk sur la péninsule du Kamchatka. La collision a beaucoup endommagé le sonar de coque du Pintado, a bloqué une écoutille de torpille tribord et endommagé la barre de plongée. Le Pintado, qui transportait probablement quatre à six missiles nucléaires SUBROC, s’est rendu à Guam pour effectuer des réparations pendant sept semaines. Le sous-marin soviétique, qui transportait probablement son arsenal de seize missiles balistiques SS-N-6 et 32 ogives nucléaires, a fait surface immédiatement et semble être rentré en boitant.
Naufrage de l’USS Guitarro
Le 15 mai 1969, le Guitarro était amarré dans la rivière Napa au chantier naval de Mare Island alors que la construction était encore en cours. Vers 16h00, un groupe de construction nucléaire civile a commencé à calibrer les ballasts arrière , ce qui les obligeait à remplir les réservoirs avec environ 5 tonnes d’eau. En moins de 30 minutes, un autre groupe de construction civile, non nucléaire, a commencé une mission visant à ramener Guitarro à un demi-degré d’assiette ; cela impliquait d’ajouter de l’eau aux réservoirs de ballast avant pour surmonter une assiette vers le haut de deux degrés. Jusqu’à peu avant 20h00, les deux groupes ont continué à ajouter de l’eau, ignorant les activités de chacun.
À deux reprises entre 16h30 et 20h00, une surveillance de sécurité a informé le groupe non nucléaire que Guitarro était bas sur l’eau mais le groupe a ignoré les avertissements. A 19h45, le groupe non nucléaire a arrêté d’ajouter de l’eau dans les ballasts et a commencé à interrompre les travaux pour leur pause repas, partant à 20h00. A 19h50, le groupe nucléaire termine ses calibrages et commence à vider les réservoirs à l’arrière.
A 20h30, tant le groupe nucléaire, toujours à bord, que le groupe non nucléaire, revenant de leur pause, ont remarqué que Guitarro prenait un angle brusque qui plongeait les écoutilles avant sous l’eau. Des inondations massives ont eu lieu à travers plusieurs grandes écoutilles ouvertes. Les efforts déployés entre 20h30 et 20h45 pour fermer les portes et écoutilles étanches ont été largement infructueux car des lignes et des câbles traversaient les portes et les écoutilles, les empêchant de se fermer. A 20h55, Guitarro a coulé, ne laissant que sa voile au-dessus de l’eau, ce qui lui a valu le surnom de “Mare Island Mud Puppy”.
Le Guitarro a été renfloué trois jours plus tard, le 18 mai 1969. Les dommages subis ont été estimés entre 15,2 et 21,85 millions de dollars (l’équivalent de 94 à 134 millions de dollars en 2022).
L’USS Guitarro devait être mis en service en janvier 1970, mais les réparations rendues nécessaires par son naufrage ont imposé un retard de 32 mois.
USS Parche (9 citations présidentielles)
1974-1979
Le Parche (SSN-683) servait d’unité de la Flotte de l’Atlantique aux Etats-Unis force sous-marine de 1974 à 1976, avant d’être transféré à la Flotte du Pacifique des Etats-Unis en octobre 1976.
1979-2004
De 1987 à 1991, le Parche a bénéficié de plusieurs révisions complètes au chantier naval de Mare Island, afin de le customiser à des fins de missions de recherche et de développement. Pour faire simple, pour des missions secrètes.
On a d’abord équipé le Parche d’un DSRV près de sa poupe. On a ensuite ajouté une extension derrière le massif qui permettait aux plongeurs d’y pénétrer et d’y respirer librement.
Une extension mesurant 30 mètres a été ensuite ajoutée à sa coque juste en avant du massif. Cette section ajoutée était à sommet plat (ressemblant un peu au pont de missile d’un sous-marin de missile balistique) et fournissait l’espace nécessaire pour embarquer un équipage plus conséquent (commandos) et du matériel supplémentaire. On a alors supprimé l’extension derrière le massif.
On y avait également ajouté une gamme étendue d’antennes de collecte de signaux, de matériel électronique, d’autres antennes de navigation et des équipements du génie naval. La révision a également permis d’y ajouter de nombreuses fonctions auxiliaires de navigation et de contrôle plongée, y compris des sonars à courte portée orientés vers le haut et vers l’avant, une suite de projecteurs blindés et des caméras de télévision en circuit fermé pour les opérations sous la glace.
Au cours de sa carrière, le Parche a participé à la récupération de fragments de missiles soviétiques qui avaient été disséminés lors de lancements expérimentaux. Il a ainsi participé à un nombre considérable de missions clandestines qui restent encore à ce jour classées secret défense.
Le Parche pourrait également avoir récupéré des fragments de missiles chinois. En effet, entre 1995 et 1996, la République populaire de Chine avait lancé des missiles balistiques DF-21 et DF-15 dans la mer autour de Taïwan pour empêcher Taïwan d’avancer vers l’indépendance.
GOGO Dancing sur l’hydroplane
Nous sommes le 10 juillet 1975. Le Capitaine de l’USS Finback (SSN-670) autorise la danseuse de revue Cathy Susan Futch à se trémousser sur l’hydroplane du massif à la sortie du port de Canaveral en Floride afin de célébrer la fin d’une longue période de maintenance. La presse s’en étant fait l’écho, le bateau est rappelé à la base illico presto. Le commandant est relevé de son poste pour avoir volontairement déconcentré son équipage dans une zone à risque et pour ne pas avoir suivi les procédures pour le personnel civil. Il ne put jamais réintégrer un sous-marin bien que maintenu dans les effectifs de la Navy. La danseuse a elle aussi intégrée les Marines, mais a dû abandonner pour des raisons médicales après deux mois de formation. Apparemment, la danse ne faisait pas partie des épreuves !
Et si on volait un sous-marin nucléaire ?
C’est le projet fou qu’avaient décidé trois hommes en 1978 avec l’USS Trepang (SSN-674), alors amarré à la base de New London. Le FBI a pu les arrêter en octobre de cette même année lorsque deux d’entre eux (Edward J. Mendenhall et James W. Cosgrove), originaires de St Louis, tentaient de corrompre un des douze hommes d’équipage stationnés sur le sous-marin. Ils projetaient de voler le bâtiment, puis de tuer l’équipage au large avant de le céder à un acheteur non identifié.
Un petit requin met en péril la Navy !
Dans les années 70 et 80, plusieurs sous-marin de la Navy découvrent que le revêtement de leur dôme sonar en néoprène est endommagé et que leur sonar devient inopérant. On croit d’abord à une arme secrète des soviétiques avant que de comprendre que c’est le résultat des morsures d’un petit requin d’à peine 60 cm (Isistus brasiliensis), surnommé « requin emporte-pièce ». Il s’attaquait également aux câbles des sondes reliant la surface.
La solution sera de remplacer le néoprène par un revêtement en fibre de carbone. Plus de 30 sous-marins ont ainsi été mordu et devront revenir à la base pour réparer.
“Dickey B” – USS Richard B. Russell (SSN 687)
Cette unité est la dernière de la Classe Sturgeon. Ce qui fait son intérêt est la présence d’une protéburence sur le dessus de sa coque.
En août 1977, le Richard B. Russell fut équipé d’un grand boîtier fixé à sa coque juste à l’arrière de du massif , contenant une antenne captive en cours de développement. Un autre antenne a été placée juste avant la poupe. Le logement, appelé « agitation » (et particulièrement « agitation Russell »), lui a donné un profil unique et son surnom est devenu « Dickey « B ». » Les classes de sous-marins ultérieures verraient leurs boîtiers de bouées d’antenne intégrés dans leurs carénages de coque. Il intègre alors l’unité du Submarine Development Group 1.
Le Projet SURPASS
Le Projet SURPASS consistait à laisser échapper de la coque une solution de polymère afin de faciliter l’écoulement de l’eau à la surface de la coque et des hélices.
Ce procédé ingénieux permettait d’accroire la vitesse de l’Albacore de 9%. Le problème, c’était que les 150.000 litres de solution de polymère étaient relâchés dans le délai très court de 26 minutes. La solution s’est donc révélée très efficace, mais de courte durée car on ne pouvait pas embarquer des quantités infinies de cette solution miracle.
D’autres tests furent réalisés sur l’USS Jack (SSN-605 Classe Permit), l’USS William H. Bates (SSN-680 Classe Sturgeon) avec des résultats probants. La solution fut envisagée sur la Classe Seawolf et Los Angeles mais on y a finalement renoncé.
Ce procédé a été également testé par l’Union Soviétique sur le Projet 1710 (Beluga) et le Projet 696 (Projet abandonné).