Classe Halibut
(1960 - 1976)
Mise à jour 2 mai 2025
- Période service : 1960 – 1976
- Prévu : 1
- Réalisés : 1
- En service : 0
- Perdu : 0
- Propulsion : Nucléaire
- Hélice : 2 x 4 pales
- Longueur : 110 m
- Maître-bau : 8,8 m
- Déplacement S/P : ? 3.655 / 5.000 t
- Profondeur : ?
- Vitesse surface : 15 nds
- Vitesse plongée : 20 nds
- Equipage : 97
- Armement : Torpilles, missiles (AN, C)
L’USS Halibut (SSGN-587) a été le premier véritable sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière américain de l’US Navy entre 1960 et 1965. Il pouvait lancer des missiles Regulus I ou II. De nombreuses configurations ont été envisagées pour intégrer ces missiles et un Projet a même existé pour placer quatre Regulus dans une sorte de barillet de manière à fonctionner comme un revolver. En Union Soviétique, en 1960, le premier SSGN a été le K-45 du Projet 659 (Echo I). Mais en comparaison avec la Classe Echo, la Classe Halibut n’était que transitoire.
Le 15 avril 1965, il a subi une vaste transformation pour être reclassé en sous-marin d’attaque (SSN-587) et pour effectuer des opérations spéciales. Il a été ainsi équipé de caméras sous-marines, d’un puissant et volumineux ordinateur, de propulseurs latéraux, de patins de fonds, d’un faux DSRV qui servait de local plongeur pour les maintenir en saturation pendant une longue durée et d’autres équipements destinés à espionner les Soviétiques jusqu’en 1976.
Ses réalisations les plus remarquables comprennent :
- Le piratage sous l’eau d’une ligne de communication soviétique allant de la péninsule du Kamchatka à l’ouest du continent soviétique dans la mer d’Okhotsk (opération Ivy Bells).
- Le relevé de la position du sous-marin soviétique K-129 coulé en août 1968, avant le Projet Azorian de la CIA.
Transformations en série
À l’origine, la voilure d’origine était basse. Le hangar pouvait accueillir plusieurs missiles Regulus I et était dimensionné pour accueillir également un nombre réduit de Regulus II, plus gros. Le Halibut était un dérivé de la Classe Skate et possédait un réacteur Skate SW3 de puissance inférieure (environ la moitié) à celle du Nautilus S2W. Le Halibut a toujours été considéré comme une conversion unique d’un plan de classe Skate. Même si le programme de missiles Regulus s’est poursuivi, une conception très différente a été développée pour les SSGN suivants. La voilure basse a ensuite été remplacée par une voilure plus haute, les lancements de Regulus générant des gaz d’échappement excessifs. L’annulation du Regulus II a limité la durée de vie des patrouilles de dissuasion de missiles Regulus I, avec l’avancée du programme Polaris, beaucoup plus performant.
Dans la version initiale des Projets Spéciaux (Ingénierie Océanique), le hangar a été modifié et divisé en ponts. Le pont inférieur abritait les remorqueurs « Fish » pour la caméra et le sonar. Dans la partie inférieure se trouvaient également le tube de déploiement et l’enrouleur de câble de remorquage. Un ordinateur Univac 1224 se trouvait sur le pont supérieur, probablement pour faciliter les calculs de navigation lors des recherches. Le Halibut déployait une grille de transpondeurs sur le fond marin délimitant la zone de recherche. L’heure d’arrivée des différents signaux des transpondeurs était utilisée pour calculer la position du Halibut dans la grille. Le hangar aménagé comportait également une chambre noire et une zone de couchage.
Plus tard (vers 1972), dans le cadre de son activité d’ingénierie océanique (projets spéciaux), le Halibut reçut également une chambre cylindrique sur son panneau arrière. Appelée à tort « simulateur DSRV », il s’agissait en réalité d’une chambre de plongée à saturation. Des plongeurs spécialement formés y pénétraient et l’atmosphère se transformait lentement en hélium et en oxygène, la pression étant portée à la pression de travail prévue. Respirant de l’hélium et de l’oxygène, les plongeurs travaillaient à des profondeurs d’au moins 120 à 180 mètres. La mission la plus célèbre consistait à installer et entretenir des capteurs sur les câbles sous-marins de la marine soviétique et à collecter des fragments de missiles lors de vols d’essai. La chambre de saturation comportait des compartiments internes avec des quartiers d’habitation à l’avant. La section centrale était dotée d’une trappe reliée à la trappe arrière du Halibut. Juste sous la chambre se trouvait un panneau de surveillance des conditions atmosphériques de la chambre. Les plongeurs enfilaient leur combinaison et une sortie se trouvait à l’extrémité arrière inférieure. La pression de la chambre étant égale à celle de la mer environnante, la trappe de sortie inférieure pouvait être ouverte sans que l’eau n’y pénètre. Les plongeurs disposaient également d’eau chaude pour se réchauffer, ainsi que du mélange hélium-oxygène et des lignes de communication via des ombilicaux. Ils portaient un système de plongée à saturation Mark 11, qui régulait la pression et disposait d’alimentations en gaz de secours. On pouvait également voir un schéma du système d’alimentation par radio-isotopes en haute mer SNAP-21 ( Système d’ énergie auxiliaire nucléaire ) , qui utilisait la chaleur de la désintégration du plutonium pour produire de l’électricité par thermoionique. Ce système alimentait le câble de la nacelle pendant des intervalles de six mois entre les « visites » des sous-marins afin de remplacer les nacelles et de récupérer les bandes des communications par câble. Le Halibut a été déclassé en 1976 et la chambre de plongée à saturation transférée sur l’USS Parche (SSN 683). Plus tard, au milieu des années 1980, le Parche a été modernisé et agrandi, avec une nouvelle chambre de plongée à saturation interne.
Source : Secret Projects (TJDougherty01)





L’opération Ivy Bells
ans les années 70, les Américains apprennent que les Soviétiques ont installé un câble sous-marin longeant les îles Kouriles, permettant de relier les bases secrètes de sous-marin de Vladivostok et de Petropavslok. Les Soviétiques, méfiants, ont installé le long de ces câbles immergés des bouées sonores, capables de détecter toute intrusion étrangère… ce qui n’effraie pas plus que ça les sous-mariniers américains qui y envoient leurs plus fins limiers de la NSA (Navy-National Security Agency) et le Halibut, un sous-marin d’attaque très spécial anciennement équipé de fusées Regulus.
Les plongeurs du sous-marin réussissent alors à coller sur le câble un petit boîtier (pod) enregistreur, qui capte les communications sans avoir à couper le câble. Régulièrement, il suffira d’aller relever les bandes d’enregistrement du pod, équipé d’un mini-magnétophone, car il ne peut émettre sans se faire repérer.
En cas de détection, le pod se décolle et est emporté au fond. La première moisson est plus qu’un succès : les Soviétiques sont tellement persuadés de la fiabilité de leur câble qu’ils n’ont négligent de coder leurs messages ! Mais ça ne dure pas longtemps. Un bateau soviétique crochète par hasard le dispositif et des plongeurs découvrent le système espion qu’ils utilisent un temps comme outil de désinformation (à vérifier). Un Samos, satellite espion américain détecte en 1981 la présence de nombreux chalutiers soviétiques au-dessus de la zone sensible.En urgence, l’USS Parche (SSN-683) est envoyé récupérer la dernière bande. Quand il arrive, le pod n’est plus là. Un informateur américain payé 35.000 dollars par le KGB en a révélé l’endroit. Le traitre, Robert Pelton, de la NSA, est condamné à la prison à vie. Le Pod est aujourd’hui exposé dans un musée soviétique.
Dans l’opération, les Américains auraient perdu des plongeurs que le Parche n’a jamais réussi à récupérer dans sa précipitation à quitter la zone.