Type XXI

(1944 - 1945)

Mise à jour 24 février 2025

  • Etudes / Construction : 1942 – 1943
  • Période Service : 1944 – 1945
  • Prévu : 1170 – 1500
  • Réalisés : 119
  • En service : 0
  • Propulsion : Diésel-électrique
  • Hélice : 2×3 pales
  • Longueur : 76,7 m
  • Maître-bau : 6,32 m
  • Déplacement (S/P) : 1.621 / 1.819 t
  • Profondeur : 135 – 280 m
  • Vitesse surface : 15,6 nds
  • Vitesse plongée : 17,5 nds 
  • Equipage : 57
  • Armement : Torpilles
  • Autonomie : 13.500 mn en surface / 350 mn en plongée

Le Type XXI, ou E-boot (Elektroboot), était un sous-marin révolutionnaire pour son époque. Capable d’atteindre 17,5 nœuds en plongée, il était plus rapide que les frégates et corvettes escortant les convois. En mode économique, il pouvait parcourir plus de 220 milles nautiques sous l’eau à une vitesse de 4 à 5 nœuds. Propulsé par des moteurs diesel en surface (15,6 nœuds) et des moteurs électriques en plongée (17,5 nœuds), il affichait une particularité rare : une vitesse sous-marine supérieure à sa vitesse en surface.

Son atout majeur résidait dans ses batteries, trois fois plus nombreuses que celles du Type VII-C, lui conférant une autonomie accrue et notamment le temps de recharge sous schnorchel. Il pouvait ainsi naviguer en plongée pendant deux à trois jours à 5 nœuds, avec seulement cinq heures de schnorchel par cycle. Grâce à cette technologie, son autonomie maximale atteignait 13 500 milles nautiques.

Son armement était spécifiquement conçu pour la guerre sous-marine : six tubes lance-torpilles de 533 mm situés à l’avant (les tubes arrière ayant été supprimés). Il embarquait 23 torpilles acoustiques, tirables jusqu’à 50 mètres de profondeur avec un taux de réussite de 90 %. Six étaient prêts au lancement, tandis que 17 autres étaient en réserve. Sa défense antiaérienne repose sur deux petites tourelles de canons de 20 ou 30 mm, intégrées à l’avant et à l’arrière du massif.

Le Type XXI était également doté d’un sonar passif particulièrement performant pour l’époque, installé à la base de l’étrave. Il embarquait un détecteur de radar, un radar de veille surface et deux périscopes (attaque et veille). Un projet de lance-roquettes anti-navires, baptisé Arsel et développé dès 1943, devait renforcer sa capacité de défense contre les destroyers. Toutefois, l’emplacement exact de ces lanceurs (devant ou derrière le kiosque) restait sujet à débat, d’autant que leur portée était très limitée (moins de 220 mètres). Une autre idée, plus hypothétique, évoquait le remorquage de missiles V1 à l’arrière du sous-marin, mais aucune preuve tangible n’a jamais confirmé son existence.

Projet Arsel
Projet de remorquage d'un silo missile

Bien plus silencieux que le Type VII-C, le Type XXI représente la conception robuste du Type XVII avec une coque épaisse en section horizontale en « 8 », mais doté d’un carénage extérieur. Ce design augmente le volume intérieur tout en permettant l’ajout d’une coque externe plus hydrodynamique. Sa construction reposait sur huit sections préfabriquées, livrées séparément puis assemblées directement sur le chantier naval.

Un programme ambitieux prévoyait la production prioritaire de 1 500 unités (de l’U-2500 à l’U-4000), avec un rythme de trois sous-marins par semaine. Au final, seuls 119 exemplaires furent achevés, et parmi, à peine quatre furent réellement opérationnels eux. Deux variantes étaient également envisagées : le Type XXI-B et le Type XXI-C, dont les coques allongées à 83 mètres auraient permis d’augmenter le nombre de tubes lance-torpilles à 12 et 18 respectivement. Aucun de ces modèles ne vit le jour.

Malgré son caractère révolutionnaire, le développement du Type XXI s’avéra trop complexe et tardif pour influencer sur le cours de la guerre. Aucun navire allié ne fut coulé par ce type de sous-marin. Toutefois, il demeure le premier véritable sous-marin conçu pour fonctionner en plongée en permanence, capable de rester immergé pendant 62 heures à une vitesse de 5 nœuds.

Quelques heures avant la capitulation allemande, l’U-2511, un Type XXI commandé par Adalbert Schnee, parvint à s’infiltrer en plongée sous une escadre britannique menée par le HMS Norfolk, sans être détecté. Il ne lance cependant aucune torpille avant la fin des hostilités.

Plusieurs unités ont survécu après le conflit :

Illustration David Morel (800tonnes.com)

Allemagne

Bien après la fin du conflit, en 1957, le U-2540, sabordé en 1945, fut renfloué et entièrement refondu. Rebaptisé Wilhelm Bauer , il servit d’abord de navire océanographique entre 1960 et 1968, avant d’être modifié pour devenir un bâtiment d’expérimentation destiné à préparer la conception du Type 206 à partir de 1970.

Le 6 mai 1980, il entre en collision avec le destroyer allemand Zerstörer 3 , un incident qui le rend inapte au service. Placé en réserve en novembre 1980, il fut officiellement rayé des listes le 15 mars 1982. Par la suite, il fut transformé en navire-musée et demeure aujourd’hui visitable à Bremerhaven.

U2540
U2540

Royaume-Uni

La Royal Navy exploita l’U-3017 sous le nom de HMS N41 , l’utilisant pour divers essais avant sa mise au rebut en novembre 1949.

Un autre exemplaire, l’U-1407, fut récupéré en fin de guerre et remis en état par les Britanniques, avec l’ajout d’un sas de sauvetage. Rebaptisé HMS Météorite enen 1947, il servit principalement aux expérimentations du système à cycle fermé Walter, raison pour laquelle il figure dans cet ouvrage.

États-Unis

La Navy a repris le U-2513 et le U-3008, pour une utilisation dans l’Atlantique. Le U-2513 a été coulé comme cible en 1951 et l’U-3008 a été abandonné en 1956. En novembre 1946, le président Harry S. Truman est devenu le premier président américain à se rendre sur un sous-marin lors de sa visite de l’U-2513. Le sous-marin a plongé à 130 m avec le président à bord.

Le Président Harry Truman en visite sur le U-2513

Union soviétique

Dans le cadre des accords de Potsdam, quatre sous-marins de Type XXI furent attribués à l’Union soviétique : l’U-3515, l’U-2529, l’U-3035 et l’U-3041, intégrés à la marine soviétique sous les noms de B-27, B-28, B-29 et B-30 (ultérieurement B-100).

Cependant, les services de renseignement occidentaux soupçonnaient l’URSS d’avoir mis la main sur d’autres exemplaires inachevés, notamment l’U-3528 et l’U-3542, capturés à Schichau, sur la côte baltique. Un rapport du Comité mixte de renseignement américain, remis aux chefs d’état-major en janvier 1948, estime que la marine soviétique disposait alors de quinze Type XXI opérationnels et pourrait en achever six autres dans l’espace de deux mois. Mieux encore, l’URSS aurait eu la capacité d’en construire jusqu’à 39 supplémentaires en seulement un an et demi, grâce à des sections préfabriquées produites dans plusieurs usines, puis assemblées à Dantzig, dont les infrastructures étaient tombées aux mains des Soviétiques en 1945.

Les U-3538 à U-3557, renommés TS-5 à TS-19 et TS-32 à TS-38, restèrent inachevés à Dantzig avant d’démolis ou sabordés en 1947. Quant aux quatre sous-marins obtenus via Potsdam, ils furent employés pour divers essais et expérimentations jusqu’en 1955, avant d’être sabordés ou utilisés comme cibles pour des tests d’armement entre 1958 et 1973.

Le Type XXI influence directement le développement du Projet 614, une tentative de copie finalement abandonnée. Toutefois, bon nombre de ses caractéristiques furent reprises dans le Projet 613, plus connues en Occident sous le nom de classe Whisky.

France

À la fin du conflit, la France reçut en dommage de guerre le sous-marin de Type XXI U-2518 qui fut nommé Roland Morillot. Ce bâtiment sera en service dans la marine nationale de 1946 à 1967. Les ingénieurs de la DCAN s’en inspirèrent largement pour la construction des sous-marins océaniques de la Classe Narval.

Le Roland Morillot avec son nouveau n° de coque S613 sous pavillon français

D’autres Types de sous-marins allemands issu ce ce conflit furent réutilisés par la marine française comme le U-510 (Type IX C/40). Il a été retrouvé intact (en panne de carburant) à la réddition de la poche de St Nazaire en mai 1945 dans une des alvéoles. Il fut rebaptisé S-11 Bouan et servit entre 1946 et 1959. Il y eut aussi le U-123 (Type IXB rebaptisé S-611 Blaison utilisé jusqu’en 1959, le U-471 (Type VIIC) rebaptisé S-609 Millé jusqu’en 1963, le U-766 (Type VIIC) rebaptisé S-610 Laubie jusqu’en 1961.

S-11 Bouan (Type IXC) en 1950
S-611 Blaison (Type IXB)
S-11 Bouan
S-610 Laubie (Type VIIC)
Le Roland Morillot avec son nouveau n° de coque S613 sous pavillon français
Evolution du Rolland Morillot entre 1949 et 1966Le Roland Morillot
Type XXI en aluminium (cadeau de mon ami Axel)
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