Classe November - Projet 627 Kit / 627A

(1958 - 1990)

Mise à jour 16 mars 2024

  • Période service : 1958 – 1990
  • Bureau d’études : TsKB 18 =>SKB 43 (Malakhit)
  • Prévu : 13
  • Réalisés : 13 (1 x Pr 627 (K-3) + 12 x Pr 627A)
  • En service : 0
  • Perdu : 0
  • Propulsion : Nucléaire
  • Hélice : 2 x 6 pales
  • Longueur : 107,4 m
  • Maître-bau : 7,9 m
  • Déplacement S/P : 3.065-75 / 4.750 t
  • Profondeur : 310 m
  • Vitesse surface : 15 nds
  • Vitesse plongée : 30 nds
  • Equipage : 104
  • Armement : Torpilles
Projet 627A (K8)

Désignés sous l’appellation Projet 627 Kit (Baleine en russe), les sous-marins nucléaires d’attaque de la Classe November furent les premiers sous-marins à propulsion nucléaire construits par l’Union Soviétique au début de la Guerre froide. Le Projet de conception date de 1953. Les Soviétiques s’étaient inspirés de la coque de l’USS Albacore (AGSS-569) américain en regardant les photos des magazines…

En gardant une conception traditionnelle avec la longue coque à deux hélices typiques des derniers submersibles de la Seconde Guerre mondiale, les Soviétiques, en construisant les November, se soucièrent plus d’établir rapidement une flottille de sous-marins à propulsion nucléaire que de leur donner de réelles capacités opérationnelles et offensives.

Cependant, si on compare les November au premier sous-marin nucléaire américain (le Nautilus), ces derniers étaient beaucoup plus rapides et moins bruyants. Par contre, ils étaient beaucoup moins fiables.

Au tout début, le Projet se nommait Projet P627A (1957-1960). Il aurait ensuite pris le nom de Projet 653 pour le développement en série, mais avec un déplacement plus important. Il devait être équipé d’un missile de croisière straté­giques P-20 Amethyst et pesait 3.950 tonnes en surface, 5.530 immergé et mesurait 110 m de long. Ce Projet a été abandonné en 1960 bien que des éléments déjà construits aient été réutilisés pour l’unité K-50 (Projet 627A) en 1963. Pour ces deux Projets, avant de tirer leurs missiles, les navires devaient faire surface et orienter les missiles avec un angle de 16°.

Schéma du Projet 627 original avec son seul tube pour la torpille T-15 et la version réalisée du K-3
Maquette du Projet 627A. En vignette, le décret de Staline signé le 9 septembre 1952 lançant le programme nucléaire soviétique (AB Karpenko)
Projets 653 et P627A (Photo AB Karpenko)
Projet 653
P627A (Illustration AB Karpenko)

Une autre version, étudiée entre 1956 et 1958, le Projet PT627A d’une longueur de 110,20 m, d’un maître bau de 9,3 m et de 4.010 tonnes en surface, était équipée de quatre tubes lance-torpilles de 650 mm et d’un nouveau système de sonar. Sa profondeur était limitée à 285 m avec un équipage de 95 hommes. Trois chambres de sauvetage escamotables étaient intégrées dans la superstructure arrière, chacune pouvant évacuer 36 personnes. Ce Projet a été abandonné en novembre 1961.

Le Projet 627 a ensuite été envisagé dès 1953 pour porter une torpille nucléaire T-15 longue portée. La torpille mesurait 23 mètres (soit 22 % de la longueur du sous-marin) et pesait 40 tonnes. Son diamètre (1,5 m) était imposé par celui de la bombe nucléaire de l’époque. Il disposait néanmoins de deux tubes classiques de 533 mm pour son auto-défense. Côté opérationnel, le sous-marin devait s’approcher à moins de 40 km de la cible pour tirer. Ce Projet (voir schéma ci-dessous) a été abandonné en 1955 pour revenir aux huit tubes lance-torpilles classiques.

Le K-3 ayant été conçu de manière expérimentale, le Projet a été légèrement modifié à partir du K-5 pour le devenir le Projet 627A. Les différences sont mineures et concernent surtout les barres de plongée qui ont été rallongées pour une meilleure stabilité à grande vitesse. Par la suite, le sonar du K-3 a été modifié à l’avant en formant une superstructure et des caméras vidéo y ont été intégrées (voir ci-après).

Projet 627A
Projet PT627A
627A et K-3 modifié (vignette)
627A

Un dernier Projet né en 1959, non réalisé lui aussi, était le Projet 663. Il consistait à accoler au sous-marin 627A un ensemble de petits sous-marins miniatures de 35 tonnes et de 25 mètres de long pour effectuer des opérations clandestines. On pense que c’est la difficulté de récupérer les petits sous-marins (et donc les équipages) qui a mis fin à cette initiative.

Le Projet 645 est directement dérivé du 627 Kit November.

Projet 627
Projet 627A
Projet 645
Projet 663

Succès et accidents du K-3

Source Wikipedia

Malgré des premiers succès encourageants, de nombreux problèmes techniques vont jalonner la vie du K-3.

Le 17 juin 1962, alors qu’il est désormais commandé par Giltsov, le К-3 atteint le pôle Nord sous la glace. Il devient ainsi le premier sous-marin soviétique à réaliser cet exploit (le sous-marin américain USS Nautilus y était parvenu près de quatre ans plus tôt). Le К-3 parvient également à faire surface au niveau du pôle (trois ans après l’USS Skate). Le 9 octobre 1962, de retour de ce voyage, le К-3 reçoit le nom méritant de Leninski Komsomol et son équipage est très vite sollicité pour prendre part à de nombreux congrès et conférences, au lieu de poursuivre son entraînement militaire. Le К-3 est du coup très peu utilisé jusqu’à l’été 1967, date à laquelle un autre sous-marin qui devait participer à une mission de patrouille en mer Méditerranée tombe en panne. Le К-3 est chargé d’effectuer cette patrouille à la hâte. Le Capitaine de 2ème rang Stepanov reçoit le commandement du bâtiment, et son Commandant en second n’arrive à bord que deux heures avant le départ. Le К-3 est alors un bâtiment ayant très peu navigué, son équipage est inexpérimenté et pas prêt à prendre la mer. Lorsqu’il atteint la Méditerranée, le système de régénération de l’air à bord tombe en panne et la température à bord monte à 35-40 °C.

Une fois en Méditerranée, le К-3 reçoit la mission de suivre un sous-marin nucléaire lanceur d’engins américain, ce dont il se révèle rapidement incapable. Il reçoit alors l’ordre de regagner sa base.

Accident de 1967

Le 8 septembre 1967, alors qu’il traverse la mer de Norvège, un incendie se déclare dans le circuit hydraulique du sous-marin et les membres d’équipage (présents dans le compartiment quand le feu éclate) doivent évacuer le compartiment. Les flammes se propagent à d’autres compartiments du sous-marin. Les systèmes anti-incendie embarqués fonctionnaient au dioxyde de carbone (CO2) et leur déclenchement provoque l’asphyxie des marins présents dans les compartiments I et II du sous-marin. Lorsque la cloison de séparation du compartiment III est ouverte pour voir ce qui était arrivé aux marins du 2ème compartiment, la propagation du gaz entraîne la perte de conscience de plusieurs marins. Les compartiments avant sont alors complètement scellés et noyés et le sous-marin fait surface. Quatre jours plus tard, le К-3 était de retour à sa base. 39 membres de l’équipage meurent dans l’incendie.

L’enquête officielle déterminera que la cause la plus probable de l’incendie était l’inflammation d’une concentration explosive d’huile hydraulique et que les réactions de l’équipage avaient été rapides et appropriées. De nombreuses récompenses sont proposées pour l’équipage, dont sept nominations au titre de Héros de l’Union soviétique – quatre d’entre elles à titre posthume. Par la suite, une commission envoyée de Moscou, trouvera cependant un briquet dans le compartiment des torpilles et la position du corps d’un marin suspecte. Cette commission estimera que le tabagisme du marin avait causé le feu et du coup interdira toute décoration à l’équipage.

Selon des témoignages plus récents, la version défendue par l’enquête officielle aurait été volontairement erronée. L’incendie dans le premier compartiment (le compartiment des torpilles) se serait déclenché à cause d’un joint du système hydraulique qui aurait dû être en cuivre, mais qui était en caoutchouc. En retenant cette version, la commission d’enquête aurait ainsi reconnu une erreur de conception.

En 1991, un mémorial a été érigé à Zapadnaïa Litsa pour les hommes morts à bord du К-3. En 2007, le Comité russe des décorations décide de la fabrication d’une médaille commémorative « Pour les 50 ans du sous-marin Leninski Komsomol ». Un peu tard !

Le K-3 est désormais exposé lors d’une exposition dédiée à la gloire navale au musée de Kronshtadt. 

K3 exposé à Kronshtadt
Atteinte du Pôle Nord le 17 juin 1962
« Leninsky Komsomol » K-3
« Leninsky Komsomol » K-3
Médaille commémorative « Pour les 50 ans du sous-marin Leninski Komsomol »

La tragédie du K-8

Source Wikipedia
Capitaine Vsevolod Bessonov

Le 2 mars 1958, le K-8 est inscrit au registre comme « croiseur sous-marin ». Il gagne Zapadnaïa Litsa le 26 décembre 1959, avant même la signature de l’acte de recettage, ni même l’exécution des travaux de finition.

Le 31 août 1960, il est affecté à la Flotte du Nord dans la 206ème brigade autonome de sous-marins à Zapadnaïa Litsa. Il y mène une activité d’entraînement intense et parcours en six sorties 4.525 miles nautiques en plongée et 3.168 en surface.

Le 13 octobre 1960, alors qu’il effectue un exercice en mer de Barents, le K-8 connaît un premier accident grave. Un manque de liquide de refroidissement dans le réacteur entraîne une fuite radioactive dans les générateurs de vapeur. La fuite est jugulée par un système provisoire de refroidissement d’eau, mais l’accident fait un mort, douze marins gravement irradiés et tous les autres sous-mariniers exposés à une dose de 1,8 Sievert.

En 1961, il effectue cinq missions opérationnelles et parcourt 1.512 miles nautiques en plongée et 3.171 en surface. En juin 1961, il est affecté à la 3ème division de la 1re flottille de sous-marins, basée à Zapadnaïa Litsa. Il subit des réparations à la fin 1961.

En 1965-1966, il est maintenu en conditions opérationnelles en mer et à quai. En avril 1966, il est affecté à la 17ème division de la 11ème flottille de sous-marins de Flotte du Nord, basée à Zapadnaïa Litsa. Il est placé en IPER entre août 1966 et juillet 1968 au SRZ Zvezdochka et ses générateurs de vapeur sont remplacés. Il effectue, en 1969, une mission opérationnelle de 21 jours.

Mission de surveillance en Méditerranée et manœuvres Okean

Le 16 février 1970, durant les grandes manœuvres navales Okéan-70, le K-8 quitte la péninsule de Kola, traverse la mer de Barents, contourne la Scandinavie, redescend l’océan Atlantique puis pénètre en mer Méditerranée par le détroit de Gibraltar. Sa mission consiste alors à pister les porte-avions américains USS Midway et USS Saratoga.

Dans la nuit du 15 au 16 mars, le sous-marin fait surface pour recevoir des ordres de l’état-major à Moscou par message radio. Ces messages annoncent un prolongement de la mission (qui devait initialement se terminer le 1er avril). L’équipage du K-8 reçoit l’ordre de charger un stock de provisions qui se trouvait à bord du bateau Boïki qui se trouvait dans les parages, à proximité de l’île de Capri. À bord cependant, l’espace vient à manquer et les boîtes de nourriture sont entassées avec les chandelles à oxygène partout dans le sous-marin. Le sous-marin reçoit également l’ordre de repasser Gibraltar et de rejoindre l’Atlantique pour prendre part aux manœuvres OKéan-70.

Incendie dans les compartiments III et VII

Le 8 avril 1970 à 22h30, à son 51ème jour de sortie en mer, alors qu’il se trouve à 140 mètres de profondeur à 300 mn au nord-ouest de l’Espagne et qu’il rentrait de l’exercice Okéan-70, un incendie se déclare. L’incendie se déclare de manière quasi-simultanée dans les compartiments III et VII. Un message d’alerte est diffusé « Incendie dans le poste central » et certains membres d’équipage parviennent à passer leur respirateur IDA-59 et d’y connecter des bouteilles d’oxygène.

L’origine de l’incendie est inconnue, mais il a peut-être été causé par un court-circuit au niveau du câblage électrique ou par de l’huile qui serait entrée en contact avec le système de renouvellement d’air. Précisons que des chandelles à oxygène sont entreposées dans tout le bâtiment.

L’arrêt des réacteurs nucléaires

Le sous-marin remonte à une profondeur de 60 mètres, les officiers responsables : le Capitaine de 3eme rang Khaslavski, le Capitaine-Lieutenant Tchoudinov et les premiers Lieutenant Tchougounov et Chostakovski sont autorisés à quitter le poste de commandement du compartiment VII pour se rendre dans le compartiment VIII afin d’arrêter les réacteurs nucléaires et d’assurer leur refroidissement au moyen de pompes. La remontée du sous-marin en surface dure quatre à cinq minutes mais dix minutes supplémentaires sont nécessaires pour refroidir le réacteur et abaisser les barres de contrôle. Les quatre officiers présents dans le compartiment VIII vont mourir d’asphyxie. Dans un dernier message à ses camarades, Tchoudinov déclare « Nous n’avons plus d’oxygène. Nous restons icic. Sans rancune ! ».

Immersion et évacuation de l’équipage

Remonté en surface à 22h40, le sous-marin se met à dériver. À la suite de l’arrêt des réacteurs, les générateurs qui alimentent le système de propulsion sont remplacés par des batteries de secours. Ces dernières assurent l’éclairage d’urgence mais ne sont pas suffisantes pour assurer la propulsion du bâtiment. La chaleur à l’intérieur du bâtiment continue à augmenter en raison de l’incendie et la fumée se propage dans tous les compartiments par le système de ventilation. L’ordre est donné aux hommes d’évacuer le bâtiment et de se rassembler sur la passerelle. Les compartiments VI, V et IV sont progressivement évacués entre 22h50 et 0h20. Seuls le Lieutenant Gousev, du groupe des turbines, ainsi que trois autres marins restent sur place, ce qui leur coûtera la vie.

Les marins du K-8 tentent de réparer la radio du sous-marin pour envoyer un message de détresse, mais sans succès. Les hommes tentent alors d’ouvrir le sas d’évacuation arrière pour permettre aux marins des compartiments VIII et IX situés à l’arrière du bâtiment, près des turbines, de sortir à leur tour. Cependant un marin chasse de l’air par erreur à l’intérieur du compartiment VIII, créant une surpression qui empêche l’ouverture du sas d’évacuation. Finalement, les hommes y parviennent vers 2 h du matin. Trois hommes sortent, les 16 autres ont été intoxiqués par les gaz et sont morts ou vont mourir peu de temps après.

Le bilan humain

Le bilan est alors de 30 morts (dont 14 corps se trouvent à l’intérieur du sous-marin) sur les 125 hommes embarqués. Ce lourd bilan peut s’expliquer — en partie du moins — par le manque de respirateurs à bord. En effet, l’effectif théorique du K-8 est de 107 hommes, or 125 hommes se trouvent à bord au moment de l’accident. Ces 18 hommes supplémentaires sont : le Capitaine de 1er rang Vladimir Kachirsky, à bord pour assister le Capitaine Bessonov qui officie pour la première fois en tant que Commandant, un officier du KGB qui surveille l’équipage ainsi que l’OSNAZ, un spécialiste de la guerre électronique chargé d’écouter les porte-avions américains et de déchiffrer leurs messages radio.

L’attente et l’apparition du cargo canadien

Une attente de plusieurs heures débute alors pour l’équipage jusqu’à ce que le 9 avril à 14h15, le cargo canadien ou américain Clyde Ore apparaisse à l’horizon. Le Commandant Bessonov et Kachirsky demandent la permission à Argo Vill (l’officier du KGB) d’entrer en contact avec le cargo afin de lui demander d’utiliser sa radio pour avertir Moscou. Le cargo s’approche à une distance de 1.000 m avant de s’éloigner. Les officiers ordonnent à l’équipage de redescendre à l’intérieur du sous-marin, malgré l’incendie qui fait toujours rage, et sortent des armes pour parer à toute éventualité.

Le fait que les officiers soviétiques aient demandé ou pas de l’aide au cargo reste à déterminer. Selon des témoignages ultérieurs, dont celui de Vladimir Belik, Lieutenant-Capitaine à bord du K-8 au moment de l’accident, les officiers n’ont pas demandé d’assistance au cargo. Kachirsky, qui assiste le Commandant Bessonov, dira au contraire qu’une demande a bien été transmise. La peur d’abandonner un sous-marin ultra-secret a peut-être pesé.

Le cargo a cependant averti les autorités américaines puisqu’un avion de patrouille américain Lockheed P-3 Orion et un avion britannique Avro Shackleton sont dépêchés sur zone quelques heures plus tard. Ces avions prennent des photos du bâtiment à la dérive et lancent des bouées sonar.

Le cargo bulgare et la tentative de remorquage

Le lendemain, 10 avril à 7h30, un nouveau cargo apparaît, il s’agit du cargo bulgare Avior. Les Soviétiques lui demandent de contacter son port d’attache à Varna afin que ces derniers préviennent la Flotte du Nord de l’avarie du K-8 (les fréquences radio utilisées par les Bulgares et les Russes n’étant pas les mêmes). Le niveau de gaz carbonique à l’intérieur du sous-marin (même à l’intérieur des compartiments qui n’avaient pas été touchés par l’incendie) devenant trop élevé, 43 hommes de l’équipage sont évacués à bord de l’Avior.

Pendant la nuit du 10 au 11 avril, trois navires soviétiques (le Sacha Kovalev, le Komsomolets Litvy et le Kassimov) rejoignent le K-8. Trente autres marins sont évacués à bord du Kassimov et le Komsomolets Litvy tente de remorquer le sous-marin aidé par les 22 sous-mariniers restés à bord, dont le Commandant Bessonov. Cependant, la mer forcit et les vagues soulèvent le sous-marin jusqu’à la hauteur du pont du cargo. L’océan Atlantique est secoué par une tempête de force 8. Les câbles en acier cèdent les uns après les autres. Un navire de renseignement militaire soviétique, le Khariton Laptev parvient également sur zone, le Capitaine Kachirsky monte à bord et transmet un premier rapport à Moscou.

Les hommes restés à bord devaient être relevés dans la matinée du 12 avril, mais ils n’en auront pas le temps car le sous-marin coule le 12 avril à 6h20 dans le golfe de Gascogne à 1.450 km des côtes françaises droit à l’ouest de Brest par 4.860 m de fond. Le Capitaine du sous-marin, Vsevolod Bessonov, et les 21 marins présents à bord décèdent lors du naufrage.

Épilogue

Trois jours après le naufrage, l’équipage rejoint Severomorsk avant d’être envoyé à la base de repos de Chtchouk Ozero où il est pris en charge par des médecins pendant 17 jours avant d’être renvoyé à la base navale de Gremikha. Une commission d’État, conduite par l’Amiral Kassatonov, est chargée d’enquêter sur les causes du naufrage. Tous les officiers et les morts sont décorés de l’Ordre de l’Etoile Rouge à titre posthume. Bessonov est fait lui aussi Héros de l’Union soviétique à titre posthume. Les autres marins reçoivent l’Ordre d’Ouchakov.

Les deux réacteurs nucléaires ont été coupés lors du naufrage mais développaient au total de 9,25 PBq tandis que l’ensemble des armes nucléaires qu’il transportait ont une activité totale de 30 GBq. Un article du Monde de fin novembre 1992 indique que les autorités françaises étaient au courant de l’incident.

Tous les ans, le 12 avril, une cérémonie a lieu à Ostrovnoï dans l’oblast de Mourmansk, ville à partir de laquelle est parti le K-8 lors de sa mise en service. Un monument a été construit en présentant les noms de tous les disparus. Deux rues de cette même ville sont nommées d’après le Capitaine Vsevolod Bessonov, Commandant du navire (voir portrait) et le médecin de bord, Alexeï Soloveï.

La perte du K-159

Source Wikipedia

Le K-159 était un sous-marin nucléaire d’attaque soviétique du Projet 627A Kit appartenant à la flotte soviétique du Nord. Sa quille a touché l’eau le 15 août 1962 au chantier naval no 402 de Severodvinsk. Il a été officiellement reçu le 6 juin 1963 et mis en service le 9 octobre 1963. Retiré du service en 1989, il a coulé lors d’un transport en mer de Barents le 30 août 2003.

Le 2 mars 1965, le K-159 a subi une avarie majeure. Du matériel radioactif s’est retrouvé dans les turbines à vapeur. Il y a probablement eu une fuite de liquide réfrigérant depuis des tuyaux situés dans le caisson à vapeur, écoulement qui s’est propagé dans les turbines, contaminant ainsi le système de propulsion au complet. Les tuyaux percés ont été bouchés, et il a continué d’être exploité pendant deux années de plus avant d’être ramené dans un chantier naval, où il a subi une remise en état de 1967 à 1968. Le système de propulsion a été remplacé.

Il est retourné au chantier naval de 1970 à 1972 pour d’autres réparations et pour remplacer ses réserves de carburant (nucléaire). De 1979 à 1980, il a encore été réparé. Le K-159 a été retiré du service actif le 30 mai 1989 et remisé à Gremikha. Son carburant nucléaire n’a pas été retiré. Le sous-marin est resté sans entretien, ou très peu, pendant quatorze ans. Sa coque extérieure a rouillé au point qu’à certains endroits, elle avait « la solidité d’une feuille ».

Plusieurs pays se sont sentis concernés par la mauvaise condition de la flotte des sous-marins russes mise hors service. À l’été de 2003, cinq pays ont pourvu un fonds de 200 millions $ pour faciliter la mise hors service et l’envoi aux rebuts de ces navires. Anticipant la réception de ce fonds, l’Amiral Guennadi Souchkov, Commandant de la flotte du nord, a décidé de faire remorquer les seize sous-marins de Gremikha à des chantiers navals capables de les démonter. Le K-159 était le 13ème de cette liste.

La coque du K-159 étant rouillée à plusieurs endroits, plusieurs réservoirs vides de grandes dimensions furent soudés à celle-ci pour permettre le transport du sous-marin. Ces réservoirs, fabriqués dans les années 1940, n’étaient pas étanches et leur entretien était équivalent à celui des sous-marins.

Le 28 août 2003, le K-159 et ses réservoirs furent remorqués vers Poliarnyy. L’équipage s’assurait de maintenir la pression de l’air à l’intérieur des réservoirs, tout comme de pomper l’eau en-dehors de la coque du K-159. Cependant, aux petites heures du 30 août, l’ensemble a subi un grain qui a détaché l’un des réservoirs. Le sous-marin n’a pas immédiatement coulé, mais était dans une situation critique. La flotte du nord a été avertie à 1h20. À 3 heures, l’épave avait coulé dans la mer de Barents, à 238 mètres de profondeur, emportant neuf membres d’équipage et 800 kilogrammes de carburant nucléaire usé qui dégageait environ 20 PBq (600 kilocuries).

Le gouvernement de la Russie envisage de remonter l’épave. Initialement, cette opération devait survenir en août ou septembre 2004, mais elle fut remise. En 2007, le ministère de la Défense britannique a lancé un Projet de sauvetage. En 2012, la Russie y a dépêché une mission scientifique, suivie d’une autre en 2014 en coopération avec la Norvège dont l’objectif était d’examiner les domaines des déchets radioactifs et du combustible nucléaire irradié. En 2019, l’épave repose toujours sur le fond…

En 2021, lorsque la Russie a assumé la présidence tournante du Conseil de l’Artcique, cette dernière s’est engagée pour remonter un ensemble de déchets nucléaires du fond de l’océan (dont le K-159) d’ici 2035. Mais la guerre en Ukraine a mis fin à ce projet estimé à 394 M$ en raison de la rupture des relations en la Russie et la Norvège. La Russie annonce qu’elle financera finalement seule ce projet, mais faut-il la croire ?

K-159 en remorquage
K-159 en remorquage

Une étoile rouge pour le K-181

Le 7 mars 1968, un drapeau rouge est fièrement hissé sur le pont du K-181. C’est une grande première pour la flotte soviétique depuis la fin de la Grande Guerre Patriotique.

On aurait pu croire que cette distinction lui fut remise du fait qu’il ait été le premier sous-marin soviétique à atteindre le pôle Nord le 29 septembre 1963, mais ce n’est pas le cas.

Cet honneur lui a été décerné suite à une patrouille exemplaire au cours de laquelle le sous-marin a effectué une longue surveillance de quatre jours du groupe américain dirigée par le porte-avions Saratoga (sous les ordres du commandant V. Borisov). Au cours de cette mission survenue en 1966, il a pu tester et valider de nouveaux équipements et systèmes et développer des techniques tactiques efficaces.

La surveillance s’est déroulée entre Gibraltar et les côtes américaines et il a pu simuler neuf attaques à la torpille sous différents angles et distances et enregistrer les différents transitoires de la flotte américaine…

Une mission parfaite, juste perturbée par le fait que le K-181 se soit empêtré dans un filet sur la route du retour à proximité des îles Féroé.

Le Secrétaire général du comité central de la CPSU L. I. Brejnev, avec le ministre de la Défense et le commandant de la Marine en chef, se sont déplacés en personne. Mais alors que le Commandant de la flotte du nord (l’amiral S. M. Lobov) ait détaillé les actions de l’équipage du K-181 et les membres de l’équipage être présentés pour les récompenses, L.I. Brejnev a déclaré qu’étant donné que c’était lié à une victoire face à l’Amérique, il était préférable de récompenser le navire avec l’Ordre de l’étoile rouge plutôt que les marins.

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