ROYAUME UNI
Mise à jour 4 novembre 2024
L’histoire de la construction sous-marine des Britanniques est intimement liée à « Vickers Shipbuilding and Engineering Limited (VSEL) » à Barrow-in-Furness.
La société a été fondée en 1871 par James Ramsden en tant que « Iron Shipbuilding Company » puis change de nom plusieurs fois jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. En 1955, le nom de la division de la construction navale change pour « Vickers Armstrongs Shipbuilders, Ltd », puis à nouveau en 1968 pour « Vickers Limited Shipbuilding Group ». En 1977, le groupe est nationalisé en vertu de la loi sur les industries de la construction navale et des aéronefs et intègre la construction navale britannique.
L’ancien chantier naval Vickers à Barrow a été le premier chantier naval du groupe de constructeurs navals britanniques à revenir dans le secteur privé. Il est vendu en mars 1986 à une entreprise dirigée par ses employés, « VSEL Consortium », qui comprenait également sa filiale à Birkenhead, Cammell Laird. La société a été introduite à la bourse de Londres en décembre 1986. En 1994, VSEL a fait l’objet de deux propositions de rachat, l’une de « General Electric Compagnie (GEC) » et l’autre de « British Aerospace (BAe) ». A l’issue de beaucoup de tergiversations, c’est GEC qui a remporté le marché. Après le rachat de GEC, VSEL est devenu « Marconi Marine (VSEL) ». Quelques temps plus tard, les activités de BAe fusionnent avec les activités défense de GEC (Marconi Electronic Systems). VSEL est donc transférée au sein de « BAE Systems Marine » pour devenir « BAE Systems Submarine Solutions » en janvier 2007.
Depuis l’origine, tous les sous-marins ont été construits à Barrow-in-Furness dans le nord-est de l’Angleterre. Seules trois unités ont été réalisées à Cammell Laird (fermé en 1993). Depuis l’origine, 312 unités y ont été construites. 7.500 salariés y travaillent, ce qui en fait le premier employeur de la région.
Depuis, 1986, les unités sont construites dans un immense bâtiment, le Devonshire Dock Hall. Il est surnommé « La Ferme de Maggie » en référence à Margaret Thatcher.
La principale problématique réside dans le fait que le Royaume-Uni n’exporte pas de sous-marins. De par son choix stratégique portant sur le « tout nucléaire », son offre ne pourrait être constituée que de sous-marins à propulsion nucléaire et dans ce domaine, les débouchés sont limités ! Son expérience en matière de propulsion AIP est inexistante et peu de pays souhaite désormais acheter des sous-marins 100 % diesel-électrique (à l’exception des Kilo Russes). De plus la réputation des britanniques sur leur capacité à vendre des sous-marins « très moyens » comme les Upholder au Canada risque d’en effrayer plus d’un.
Comme les Britanniques n’exportent pas, les besoins de leur seule marine doivent alimenter les chantiers. Et comme on ne commande pas des sous-marins pour se faire plaisir ou pour faire vivre les constructeurs (en plus du privé), ces derniers observent des pics et des baisses d’activité. C’est ce qui s’est passé avant les commandes de la Classe Astute. Les effectifs des équipes de production et d’ingénieurs avaient fondu comme neige au soleil et les chantiers ont eu beaucoup de difficulté à les faire revenir au sein des salariés compétents (concurrence avec le nucléaire civil). Les chantiers ont accusé beaucoup de retard et cela risque d’avoir des impacts négatifs sur les délais de mise en œuvre de la future Classe Dreadnought.
La Royal Navy recherche sur LinkedIn un vice-amiral pour le poste de «directeur des sous-marins nucléaires» (janvier 2024)
Il ne s’agit ni d’humour britannique, ni d’humour de marin, mais bien d’une vraie annonce publiée par la Royal Navy sur le réseau professionnel LinkedIn. L’affaire serait anecdotique si le poste recherché n’était pas des plus sensibles : la marine britannique recherche un «vice-amiral» pour le poste de «directeur des sous-marins». Des sous-marins qui, comme en France, sont tous à propulsion nucléaire et sont les vecteurs, pour certains d’entre eux, d’armes atomiques.
L’officier général choisi sera de facto l’un des principaux artisans de la force de dissuasion britannique. Parmi les tâches attendues, l’annonce évoque en effet «des opérations furtives hautement classifiées, des opérations d’élite» – référence aux missions des sous-marins nucléaires d’attaque de «classe Astute» – et au déploiement du «Trident», nom du missile balistique intercontinental tiré depuis les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la «classe Vanguard».
«Aucun marin en service n’est apte à remplacer le vice-amiral Simon Asquith», commente, circonspect, le quotidien Telegraph, évoquant un «contexte de crise de recrutement croissante». La Royal Navy «espère attirer un officier à la retraite qui aurait commandé un sous-marin au cours de sa carrière navale», explique le journal citant des sources au sein de la défense et évoquant une rémunération de 150.000 livres sterling par an. Parmi les prérequis, le candidat doit faire partie de la réserve ou avoir servi dans les forces navales, précise le texte de l’annonce.
Mais un vice-amiral n’est pas n’importe quel marin au sein de la Royal Navy. Il faut préciser que, dans l’annonce, le grade recherché est celui de «rear-admiral», que l’on pourrait traduire littéralement par celui de «contre-amiral» en français. Mais les Anglo-Saxons et les Français faisant rarement les choses de la même façon, il existe un décalage entre les deux rives de la Manche qui peut décontenancer l’observateur du continent. En termes d’«équivalence de grade», un contre-amiral français est un «commodore» anglais (OF6 en langage Otan) ; un vice-amiral français un «rear-admiral» (OF7) ; un vice-amiral d’escadre un «vice-admiral» (OF8). Au-delà, les faux amis se dissipent : un amiral français est bien un «admiral» anglais (OF9) et un «amiral de France» (grade aujourd’hui inusité) un «admiral of the Fleet» (OF10). La traduction n’est donc pas aisée selon que l’on choisit de regarder l’équivalence de grade d’un côté ou la traduction littérale de l’autre… Publier des annonces sur LinkedIn pour de telles responsabilités s’inscrit dans «une initiative que nous introduisons à tous les grades», a expliqué une source au Telegraph, qui ajoute : «Cela donne de la flexibilité aux gens et nous permet de profiter des compétences acquises dans le secteur civil».
Derrière cet «understatement», se cache pourtant une grave crise de recrutement. Le Telegraph a révélé la semaine dernière que la Royal Navy, par manque de marins, allait devoir retirer précocement du service actif deux frégates de Type 23 (les HMS Westminster et HMS Argyll) afin de pouvoir préparer les équipages de deux nouvelles frégates de Type 26 en 2028. L’utilisation de deux grands navires amphibies – le HMS Albion et le HMS Bulwark – va également devoir être réduite, a récemment annoncé le secrétaire à la Défense, Grant Shapps.
Source : Le Figaro