Classe Foxtrot – Projet 641
(1957 - 2014)
Mise à jour 23 juin 2024
- Période service : 1957 – 2014
- Bureau d’études : TsKB 18 (Rubin)
- Prévu : 160
- Réalisés : 75
- En service : 0
- Perdu : ?
- Exportation : Pologne (2), Corée du Nord, Ukraine (Type Zaporizya – 1), Inde (8), Cuba (3), Libye (Classe Al Khyber – 6)
- Propulsion : Diésel électrique
- Hélice : 3 x 6 pales
- Longueur : 91,3 m
- Maître-bau : 8,5 m
- Déplacement S/P : 1.983 / 2.515 t
- Profondeur : 300 m
- Vitesse surface : 16,8 nds
- Vitesse plongée : 16 nds
- Equipage : 78
- Armement : Torpilles
- Autonomie : 33.800 mn surface
La Classe Foxtrot a été construite pour remplacer l’ancienne Classe Zulu qui souffrait de faiblesses structurelles. Le concept des sous-marins de la Classe Foxtrot a été développé dès 1953 à partir des expériences et des données de la construction navale allemande, tombées dans les mains russes après la capitulation de l’Allemagne (mais comme toutes le Classes précédentes). Les sous-marins de cette Classe ont été mis en chantier entre 1954 et 1981. 75 furent construits (la marine en voulait 160) sous le nom de Projet 641 dont 20 furent exportés (Cuba (3), Inde (8), Libye (6), Pologne (2), Ukraine (1)). Des modifications apportées à la propulsion et à l’équipement électronique pour l’exportation ont mené à la création des Projets I641L pour la Lybie en 1976 (6), Projet I641 pour l’Inde en 1965 (4) dont deux seront modernisés en Projet I641M et Projet I641K pour Cuba en 1972 (3) et l’Inde (4).
Le Projet 646 (étudié à partir de 1955, puis abandonné en 1957) devait être dérivé du 641 avec deux missiles P-10 ou quatre missiles P-5, P-6. Le Projet a été abandonné en 1957 au profit du Projet 659.
Les sous-marins de la Classe Foxtrot étaient en mesure d’opérer sans interruption à grande profondeur durant quatre jours et jusqu’à huit jours à faible vitesse. Ensuite, ils devaient remonter jusqu’à sept mètres, profondeur permettant l’utilisation du schnorchel afin de renouveler l’air et de recharger les batteries. À ce moment-là, les sous-marins étaient facilement détectables. Les sous-marins restaient normalement en mer durant 90 jours, ensuite, ils devaient subir une révision d’entretien.
Certains ont navigué très tardivement, principalement à l’étranger. Les sous-marins polonais Wilk et Dzilk ont servi jusqu’en 2003. En Inde, le Karanj a servi jusqu’en 2004 et le Zaporizhzhia ukrainien a servi jusqu’à sa capture par les forces russes en Crimée en 2014.
NB: Ne pas confondre la Classe Foxtrot (Projet 641) avec la Classe Tango (Projet 641B).
L’explosion du B-37 (11 janvier 1962)
Le 11 janvier 1962, le sous-marin B-37 est amarré à l’embarcadère de la base navale d’Ekaterininsky (Polarny), toutes les portes étanches ouvertes. Il effectuait l’entretien et des essais de ses torpilles. Un incendie s’est déclaré dans le compartiment des torpilles, probablement à cause de l’inflammation de l’hydrogène lorsque l’équipement électrique fut mis sous tension. Les onze torpilles ont explosé. Le sous-marin a été immédiatement détruit tuant tous les marins, à l’exception du Commandant, du Capitaine en second Rank Begeba qui se trouvait sur le quai au moment de l’explosion et du Capitaine Third Rank Jakubenko, qui se trouvait sur une autre partie de la base. Le sous–marin soviétique S-350, un sous–marin du Projet 633 (Classe Romeo) amarré à côté du B-37, a également été gravement endommagé par l’explosion et plusieurs hommes d’autres navires et du chantier naval ont été tués. Au total, 122 personnes ont perdu la vie : 59 membres d’équipage du B-37, 19 membres d’équipage du S-350 et 44 autres marins des alentours.
La crise des missiles de Cuba
En décembre 1961, Vassili Arkhipov est nommé officier à la 69eme brigade de la Flotte du Nord. Le 1er octobre 1962, dans le cadre de l’opération Anadyr lors de la crise des missiles de Cuba, il est envoyé avec son équipe à Cuba et sert à bord du sous-marin B-59. Il est équipé d’une torpille à ogive nucléaire T-5, ce que ne savent pas les Américains.
Peu avant le départ du B-59, Vassili Arkhipov avait demandé à son supérieur, l’Amiral Vladimir Fokhine, dans quel cas utiliser l’arme nucléaire. La réponse n’avait pas été très claire, le sous-marin devant utiliser son arme nucléaire en cas de dommages qui lui seraient portés (trou dans la coque) ou sur ordre spécial de Moscou. Après avoir traversé l’Atlantique, le B-59 est repéré par l’US Navy aux portes de Cuba. Pour le pousser à remonter, ils lui lancent des grenades inoffensives (après en avoir informé l’amirauté soviétique, mais qui ne pourra relayer le message au sous-marin). Se croyant menacé, le Commandant du sous-marin a voulu lancer une torpille nucléaire…
D’après Thomas Blanton, directeur de la National Security Archive, Vassili Arkhipov a « sauvé le monde » en s’opposant à ce que le sous-marin soviétique réplique aux bombardements du navire de guerre américain, demandant d’attendre les instructions de Moscou avant de lancer une attaque nucléaire.
En 2002, Vladimir Issatchenkov présente la version d’un autre officier présent, Vadim Orlov, moins dramatique et affirmant que seul le Commandant, ayant perdu son sang-froid, tenait à lancer l’ogive nucléaire pendant que les autres officiers, dont Vassili Arkhipov, tentaient de le calmer. Quoi qu’il en soit, on est passé près de la catastrophe !