Contre-mesures et capacités défensives des sous-marins
Mise à jour 3 août 2024
Après avoir traité des armes offensives, il me paraissait utile d’évoquer les moyens défensifs utilisés par les sous-marins depuis la fin de la 2ème guerre mondiale. Nous limiterons cet article aux moyens actifs déployés. Cela signifie que l’on ne traitera pas ici des efforts déployés pour améliorer la signature acoustique des bateaux comme les revêtements de coque, la limitation des sources sonores produites et la diffusion des rayonnements thermiques. Nous n’évoquerons pas également les stratégies d’évitement des torpilles (accélération, décélération, franchissement de zones thermiques ou salines, le lancement d’une torpille pour obliger le tireur adverse à rompre le filoguidage, changement de trajectoire rapide pour créer un effet « coup de poing » pour créer une turbulence de l’eau, nuage de bulles généré par un lâché d’air massif, etc.).
On ne rentrera pas non plus dans des détails trop techniques car ils sont la propriété des constructeurs et de toute manière, ce genre de données sont protégées. Nous resterons donc dans les principes de base.Nous ne mentionnerons aucune donnée qui pourrait être classifiée Défense. Tout ce qui écrit ici est issue de données publiques tirées des catalogues des constructeurs, interviews officielles, marchés publics, articles de presse, caractéristiques publiques des équipements, etc. Enfin, convenons que même les sous-mariniers ne connaissent que très peu ces systèmes livrés clés en main. Autant ils connaissent le nom du système, autant leur fonctionnement reste mystérieux. Et c’est mieux ainsi. De la même manière, aucune information n’est donnée sur la stratégie d’utilisation.
Le contexte
Pour rappel, une torpille moderne dispose de différents moyens pour traquer sa cible. Elle peut utiliser un sonar passif, un sonar actif, la détection magnétique, acoustique et dans la majeure partie des cas, elle peut être filoguidée afin que son opérateur puisse corriger sa trajectoire initiale. Beaucoup de variables à déjouer. Et comme c’est généralement le cas, l’attaquant a un temps d’avance jusqu’au jour où l’on trouve une nouvelle parade. Un cycle infernal (mais passionnant).
Il existe de nombreux systèmes de leurres (Decoy) ou brouilleurs (Jammer) pour déjouer les attaques adverses, mais beaucoup d’entre eux sont réservés aux navires de surface et dans certains cas, la miniaturisation des dispositifs ou leur usage n’est guère adaptée aux sous-marins. Citons par exemple l’usage des leurres remorqués (AN/SLQ-25A ou Nixie dans la marine américaine ou Foxer pour les Britanniques). Plusieurs systèmes de défense anti-torpilles (ATD) sont à la disposition des sous-marins et il est parfois difficile de les traiter séparément car certains combinent deux modes opératoires.
- Les brouilleurs de sonar de torpilles
- Les leurres mobiles de sous-marins
- Les torpilles anti-torpilles
Les deux premiers systèmes sont considérés comme du « soft kill » et le dernier comme du « hard kill ». Ce dernier terme signifie un système de défense qui cible activement la torpille de menace entrante indépendamment de son type ou de sa fonctionnalité de guidage dans le but de la détruire ou de la désactiver par une force explosive et/ou cinétique avant qu’elle n’achève sa mission. Il faut ensuite bien comprendre qu’un ATD est composé de plusieurs éléments :
- Le leurre ou le brouilleur en lui-même
- Le lanceur
- Le programme informatique qui gère l’ensemble
Certaines entreprises développent la totalité des systèmes quand d’autres n’assurent qu’une partie du développement. On trouve alors des entreprises qui conçoivent des lanceurs capables d’accueillir des leurres de différentes origines, mais répondant à des standards de diamètre ou de longueur.
Enfin, notons que dès lors qu’un pays possède sa propre industrie de construction de sous-marins, il se doit de développer ses propres ATD, tant pour une question concurrentielle à l’export que pour garder son autonomie (mais tous ne remplissent pas cette obligation). De manière générale, les concepteurs de tels systèmes ont tendance à adapter des systèmes ATD des navires de surface aux sous-marins. C’est une des raisons pour laquelle il est parfois difficile de savoir si la version « pour sous-marin » existe, est en cours de développement ou non avenue.
Les leurres et contre-mesures actuels ne peuvent plus se contenter de déjouer une seule tactique car les armes disposent d’une panoplie de systèmes de guidage. Il faut également saturer la puissance de calcul de la torpille assaillante, forcément limitée par la place disponible. Une des solutions a été d’utiliser la puissance de calcul des ordinateurs situés auprès de l’opérateur de la torpille, qui par le biais du filoguidage, reçoit les données, les traite à bord, puis donne de nouvelles directives. Jusqu’au moment où le fil est rompu et où la torpille est seule face à son objectif. Enfin, quand nous disons « seule », c’est après qu’elle ait reçue ses ordres de conduite (vitesse, technique d’approche, etc.) Tout est programmé et anticipé à l’avance (mais selon les données défensives présumées de la cible). Après, c’est un combat entre la technologie et la compétence de l’équipage à déjouer l’adversaire. Notons enfin que les ingénieurs travaillent de plus en plus sur des leurres de petite taille (3 pouces (7,62 cm) de diamètre) afin que ces derniers puissent être lancés à partir de sous-marins autonomes UUV, augmentant ainsi la distance entre le leurre ou le brouilleur et le sous-marin.
Les premiers systèmes
Les premiers leurres sous-marins étaient les Bold allemands (ou Pillenwerfer) installés sur les sous-marins de la Seconde Guerre mondiale dans le poste arrière. Il s’agissait d’une pastille d’hydrure de calcium et de zinc dans un simple récipient en métal d’environ 10 cm de diamètre. Au contact de l’eau de mer qui pénétrait par une soupape, l’hydrure de calcium se décomposait pour produire une traînée de bulles d’hydrogène gazeux qui agissait comme un rideau de bulles et réfléchissait les impulsions ASDIC pour produire une fausse cible. Le conteneur emprisonnait l’hydrogène et flottait, avec une soupape à ressort brute pour maintenir la flottabilité afin de le maintenir pendant environ 25 mn à une profondeur constante d’environ 30 m. Il y avait plusieurs versions et améliorations dans le système. Le dernier, appelé Bold-5, était en développement en 1945 et permettait son utilisation à environ 200 mètres de profondeur.
Puis est arrivé le Sieglinde. C’était un leurre sonar utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale par les sous- marins allemands. Sieglinde était installé dans des compartiments sur les côtés du sous-marin. Il pouvait être éjecté à une distance considérable du bateau grâce à des moteurs électriques lui permettant de se déplacer à 6 nœuds (11 km/h) et de monter ou de plonger périodiquement, imitant ainsi le retour sonar d’un vrai sous-marin. Ce système, couplé à l’utilisation des Bold 4 et 5, permettait au vrai sous-marin de s’éloigner discrètement des navires poursuivants.
Les brouilleurs « explosifs » et autres « masques »
Le principe du système est d’inonder de bruits l’appareil d’écoute (le sonar) afin de le saturer.
Un des premiers systèmes a été le Siegmund. Il semblerait que ce dispositif émettait une série d’explosions assourdissantes destinées à saturer le matériel d’écoute de l’ennemi. Le sous-marin en profitait pour s’enfuir en changeant de cap ou en naviguant à grande vitesse pendant cette courte période. Mais à priori, le système n’a pas eu le succès escompté car le nombre de bulles arrivant en surface par ces explosions trahissaient sa présence. Mais tout ceci reste à confirmer.
Tous ces systèmes étaient destinés à tromper les sonars des navires de surface qui disposaient uniquement de charges explosives de profondeur pour couler les sous-marins lorsque ces derniers étaient en plongée. Il n’existait pas encore de torpilles filoguidées ou dotées de sonar passifs et/ou actifs capables de pister des sous-marins. Avec l’arrivée de ces nouvelles armes de pointe, les ingénieurs ont dû innover. Il ne s’agissait plus de faire croire que le sous-marin n’était pas là à un moment donné, mais de perturber l’assaillant dans la durée.
Les systèmes de sonar passifs à large bande que l’on trouve sur les sous-marins modernes identifient une cible en contrastant le rapport signal/bruit (SNR) énergétique à large bande avec un bruit de fond plus silencieux. Ce contraste est affiché sous forme de différentes nuances ou couleurs sur l’écran du sonar, formant des traces qui chutent du haut vers le bas. Les dispositifs de masquage acoustique à large bande qui interfèrent avec la capacité d’un sonar à différencier le bruit de fond d’un contact, comme la balise électromécanique acoustique navale américaine (NAE) Mk3, sont les contre-mesures les plus simples contre les torpilles.
D’une manière générale, ces masqueurs activés par l’eau salée sont éjectés du sous-marin et un flotteur est libéré permettant de placer l’appareil à une profondeur spécifique. Une batterie thermique alimente son moteur et son électronique, qui créent le bruit à large bande. Cela produit une signature acoustique forte qui couvre le spectre d’un système de sonar à large bande, augmentant efficacement le bruit de fond au-dessus du SNR d’une cible, « effaçant » l’écran de l’opérateur du sonar dans une couleur unie sans contraste. En tant que tels, ils ne peuvent pas délimiter les cibles à partir du bruit.
Les masques ont un temps de fonctionnement court et deviennent plus silencieux à mesure qu’ils perdent de la puissance. Il est courant de déployer plusieurs masques avec des délais de démarrage différents. Cela donne au sous-marin en fuite plus de temps avant que le champ de masquage n’expire. Mais ces masques ne sont pas efficaces contre la plupart des torpilles modernes, comme la torpille UGST russe ou la Black Shark italienne. En effet, les masques couvriront la manœuvre d’évasion d’un sous-marin du système sonar à large bande de l’adversaire, mais ne masqueront pas de manière fiable un sous-marin des modes de recherche sonar actif ou à bande étroite de la torpille.
Les leurres mobiles
Le principe d’un leurre est de simuler la présence du sous-marin en mouvement à un endroit où il n’est pas. Le leurre se doit donc d’être mobile et de s’éloigner suffisamment du vrai sous-marin pour marquer sa présence. Il doit également pouvoir s’éjecter en silence de son lanceur afin de ne pas trahir sa position initiale et donc, son propriétaire. Sa durée de vie doit également être supérieure à celle d’un leurre pour que l’illusion soit crédible dans le temps et permettre au vrai sous-marin de s’éloigner du danger. Les leurres modernes sont capables de générer plusieurs « fantômes » et changer leur position très rapidement. Le but avoué est de désorienter la torpille assaillante qui ne sait plus quelle cible est la bonne et ainsi épuiser son carburant.
Les torpilles anti-torpilles
Les développements technologiques de ces dernières années ont accru les capacités des torpilles. Grace à l’intelligence numérique et aux avancées technologiques, les torpilles sont devenues suffisamment intelligentes pour conserver leur propre image tactique, pour classer leurs contacts et y répondre. Dans le même temps, des torpilles plus simples ont désormais la possibilité de créer leur propre diagramme temps-distance en utilisant une électronique numérique prête à l’emploi. Les marines ont donc cherché à développer un nouveau système de défense, les torpilles anti-torpilles, principalement pour lutter contre les torpilles à dispositif de recherche de sillage.
En effet, un simple dispositif de guidage de sillage permet à chaque marine de disposer d’une torpille déjouant tous les systèmes de contre-mesures. Ces torpilles à tête chercheuse, qui reposent principalement sur la détection des différences de densité de l’eau jusqu’à zéro dans le sillage d’un navire (ou plus rarement d’un sous-marin), sont largement immunisées contre les leurres acoustiques et les brouilleurs de guerre électronique existants. Enfin, la capacité de traitement numérique et les capacités des sonars passifs ont donc considérablement augmenté. Les capacités du sonar sont actuellement telles que les fausses cibles et les brouilleurs peuvent interférer avec les torpilles, mais ils atteindront néanmoins la cible.
Un sous-marin submergé ne sera pas suivi ou menacé par une torpille à tête chercheuse. La partie du sillage d’un navire qui nous concerne ici est la traînée de bulles d’air laissée là où le navire coupe à travers l’eau, aspirant l’air vers le bas et au-delà de sa coque, puis à travers les hélices (qui cavitent également) afin que le navire laisse derrière lui une traînée de fines bulles d’air, qui mettent quelques minutes à remonter à la surface et à disparaître. Une torpille à tête chercheuse utilise un sonar à très haute fréquence, en regardant vers le haut, pour trouver cette traînée de microbulles d’air, puis se tourne pour remonter le sillage jusqu’à ce qu’elle détecte le navire au-dessus, après quoi elle explose. À moins que le sous-marin ne fasse surface, il n’entraîne pas l’air dans l’interface eau/coque qui génère cette traînée. Les sous-marins à grande vitesse cavitent, mais par nature, une torpille à tête chercheuse de sillage suit le sillage près de la surface (là où se trouvent les navires de surface). Une torpille essayant de trouver un sous-marin ne connaît pas la profondeur de la cible, elle devrait donc soit monter ou descendre dans la colonne d’eau pour rechercher ou diriger le sonar à la recherche de la cible. Pour un petit sonar de torpille, il est bien plus facile de trouver le sillage d’un porte-avion qu’un petit sillage de sous-marin tourbillonnant dans l’eau.
Cette technologie relativement récente a donc été développée en priorité pour les navires de surface, puis adaptés aux sous-marins. L’objectif pour la cible est de reprendre l’avantage sur l’assaillant en détruisant sa torpille avant qu’elle n’arrive sur l’objectif. Si le principe est simple, techniquement, c’est une autre paire de manche. Peu de pays ont validés leurs prototypes et même les Etats-Unis y ont pour le moment renoncé au regard du manque de fiabilité observé.
Tour d’horizon des technologies à travers le monde
Plusieurs pays se sont spécialisés sur ces systèmes de contre-mesures et curieusement, on retrouve les mêmes que ceux qui développent les torpilles.
Italie
L’Italien Leonardo Defense Systems Division a développé le C303/S. Ce système de lancement est formé d’un complexe composé de 12 canons afin d’éjecter des contre-mesures pouvant à la fois représenter des cibles mobiles factices MTE (Mobile Traget Emulator MTE-103B) et générer des nuisances sonores pour la tête acoustique de la torpille ennemie (Jammers JAM-102). Ce brouilleur est soutenu par une bouée flottante qui déploie un câble submergeant le brouilleur à sa profondeur la plus efficace pour l’environnement. Le leurre ou l’émulateur de cible mobile (MTE) s’éloignera du brouilleur en répondant aux pings actifs de la torpille entrante comme s’il s’agissait d’un retour valide. Le doppler du leurre mobile et la réponse SNR élevée sont suffisants pour attirer l’arme pendant une courte période. Lorsque l’arme se rend compte qu’elle suit un leurre, il est probable qu’elle retourne vers le brouilleur et non vers la cible. La combinaison de leurres mobiles et de brouilleurs a pour but de tromper la torpille, qui dirige ses attaques vers les cibles factices, permettant ainsi au navire d’effectuer une contre-mesure évasive. Le lanceur C303/S peut être tiré manuellement ou automatiquement lors de la détection d’une torpille. Le système donnera un parcours d’évasion recommandé qui s’éloigne du leurre mobile. La Grèce s’est portée acquéreur de ce système en 2020 pour un budget de 10 M€.
Israël
Submarine Scutter (SUBSCUT) est un leurre réactif construits par Ultra Electronics Ocean Systems et Rafael d’Israël. SUBSCUT est préchargé dans des batteries de tubes de lancement externes et peut être déployé automatiquement lors de la détection d’une torpille. Le leurre naviguera entre 10 et 300 mètres de profondeur et reste à l’écoute de la torpille entrante. Le sonar actif de la torpille est analysé par le leurre et classé. SUBSCUT personnalise sa propre transmission de leurre acoustique au type spécifique de torpille entrante, y compris l’effet Doppler. L’effet Doppler est important pour tromper la logique des torpilles, car c’est l’une des nombreuses vérifications que les circuits de torpilles peuvent effectuer lors de la vérification de la cible. Lorsque la batterie interne s’épuise, le leurre efface son logiciel et coule. Selon Rafael, SUBSCUT a pour objectif de gaspiller l’énergie de la torpille entrante loin du sous-marin cible.
SUBSCUT n’est pas le seul système développé par la société Raphael. Cette société a également développé le système TORBUSTER qui s’apparente plus à un système de torpille anti-torpille qui attire l’arme assaillante puis explose pour la détruire (voir plus loin). Ces deux dispositifs sont intégrés dans la suite SHADE. TORBUSTER a été conçu pour protéger les sous-marins des attaques de tous types de torpilles acoustiques à tête chercheuse. Lors de la détection d’une torpille entrante, le sous-marin lance un leurre à partir d’un lanceur externe. Le leurre se propulsera à une distance de sécurité du sous-marin et séduira la torpille entrante en transmettant des signaux acoustiques à l’aide d’une déception acoustique réactive. Contrairement aux leurres passifs précédents, TORBUSTER engage activement la torpille à mesure qu’elle se rapproche, activant une ogive explosive lorsque la cible est la plus proche, infligeant suffisamment de dégâts à la torpille pour la neutraliser. Cette technique a d’abord été mise en œuvre avec le leurre de 2ème génération de Rafael (SCUTTER), qui a été optimisé pour fonctionner en eaux profondes et littorales.
Cette suite permet d’embarquer jusqu’à 32 leurres dans un même sous-marin. Rafael a présenté le développement de ce leurre de 4ème génération à l’automne 2007, lors de la conférence Subcon, mais a officiellement dévoilé le produit lors de l’exposition Pacific 2008 à Sydney, en Australie.
Notons que l’Inde aurait annoncé en 2021 un partenariat entre Raphael et a société d’État Bharat Dynamics Limited (BDL) pour équiper la marine indienne de ce dispositif.
Allemagne
Les Allemands utilisent un détecteur FL 1800 U et des leurres anti-torpilles TAÜ avec un lanceur TCM-2000 (développé par TKMS), mais impossible d’en savoir plus.
En 2003, l’Allemand Atlas Electroniks (filiale de TKMS) en partenariat avec Magellan Aerospace (Canada) a développé la torpille SeaSpider avec une fonction d’interception. Sa taille réduite est de 2 m pour un diamètre de 21 cm. Il est également prévu d’adapter cette arme pour équiper les sous-marins en l’intégrant dans un conteneur logé dans un tube lance-torpilles ou dans des tubes externes dédiés. La caractéristique la plus innovante du SeaSpider est l’utilisation d’un moteur-fusée à propergol solide plutôt que des systèmes de propulsion chimiques ou électriques plus traditionnels que l’on trouve dans la plupart des torpilles. Atlas Elektroniks affirme que le système résultant est plus silencieux, ce qui lui permet d’entendre plus facilement la menace et de se verrouiller. Ce projet a connu bien des difficultés techniques et financières et si tout se passe bien, le système sera opérationnel en 2024.
Etats-Unis
Aux Etats-Unis, le développement des systèmes de contre-mesures et leurres est confié depuis des années à la société Ultra Electronics et sa filiale Ocean Systems située à Braintree, dans le Massachusetts.
Les premiers systèmes (mis en place en 1976) étaient le simulateur de sous-marin mobile Mk57 MOSS (MObile Submarine Simulator). MOSS a été développé à l’origine par Gould jusqu’à ce que Westinghouse acquière cette division. C’était un leurre mobile de 25 cm (10 pouces) de diamètre lancé à partir d’un tube lance-torpilles qui contenait un magnétophone passant une bande de la signature sonore du sous-marin. Il a ensuite été remplacé par le MOSS Mk70. C’était un véhicule de 10 pouces, sans ogive explosive, mais capable de générer à la fois un écho sonar actif et une signature sonore passive enregistrée pour être extrêmement similaire à celle du sous-marin de lancement. Le but de MOSS était de créer plusieurs cibles ayant toutes la même signature acoustique.
Le MOSS a depuis été remplacé depuis le milieu des années 90 par le dispositif multifonction mobile EX-10 (MMD) de 15 cm, qui peut être tiré à partir d’un tube de contre-mesures. Certaines cibles d’entraînement sous-marines actuelles sont calquées sur la conception de MOSS.
L’US Navy est ensuite passée à l’ADC Mk2 mod0 développé en 1979, le Mk2 mod3 développée en 2007 et le système de contre-mesures de torpilles Mk3 mod1 de 6 pouces développé en 2004. Ce dernier système (Mk3) est un peu moins performant. Il produit une signature acoustique forte qui couvre le spectre d’un système de sonar à large bande, augmentant efficacement le bruit de fond au-dessus du SNR d’une cible, « effaçant » l’écran de l’opérateur du sonar dans une couleur unie sans contraste. En tant que tels, ils ne peuvent pas déterminer les cibles à partir du bruit. C’est ce que l’on appelle un « masqueur ». Il est limité en raison de la durée de vie thermique de la batterie. Bien qu’il couvre la manœuvre d’évasion d’un sous-marin du système sonar à large bande de l’adversaire, il ne cachera pas de manière fiable un sous-marin des modes de recherche sonar actif ou à bande étroite de la torpille.
L’ADC Mk4 mod1 Sonar Jammer (brouilleur de sonar), mis en service en 2006 (au prix unitaire d’environ 12.000 $), est capable de se déployer grâce à son propulseur à 1,9 km du sous-marin et à une profondeur prédéterminée. Ce dispositif de 16 cm (6,25 pouces) de diamètre pour 2,7 m de long pour 57 kg est intégrable dans les tubes de lancement externes des sous-marins américains. Le Mk4 mod1 produit des tonalités à large gamme conçues pour confondre une logique de détection de torpilles avec un grand nombre de fausses cibles. Cela déclenche un algorithme de vérification de cible dans la logique de guidage de la torpille et le redémarre en continu avec plusieurs nouvelles cibles chaque seconde. La torpille encercle alors le brouilleur vérifiant des cibles qui n’existent pas pendant que le sous-marin réel sort de la zone de recherche.
Des études ont été lancée en 2019 pour réduire son volume de moitié (3 pouces de diamètre au lieu de 6) afin qu’il puisse être intégré dans des véhicules sous-marins sans pilote (UUV) ou pouvoir être plus facilement stockés, manutentionnés et tirés de l’intérieur même des bâtiments. Le fait que ce nouveau système ne soit plus placé à l’extérieur du sous-marin prolongera sa durée de vie opérationnelle en passant de 2 à 12 ans. Ce développement est connu sous le nom de Mk5 ou de (Next-Generation Countermeasure (NGCM) qui intègre ce dispositif dans le système de combat du sous-marin. Ce système (nommé SEA CRYPSIS pour les torpilles lancées par les sous-marins ou SEA SENTOR pour celles issues des navires de surface) est une solution entièrement intégrée pour la détection, la classification, la localisation et la défense contre les torpilles menaçantes. Ce système anti-torpille sera lancé à partir des sous-marins américains par groupes de six à la fois. Les unités NGCM pourront communiquer entre elles de manière acoustique et agir en groupe ; certains agiront comme des brouilleurs de diffusion fixes, tandis que d’autres seront des leurres mobiles sophistiqués. Les unités NGCM ont des récepteurs capables de fonctionner en mode duplex intégral avec une liaison de communication acoustique qui transmettent des informations tactiques et des mises à jour entre les unités, ainsi qu’avec les navires de guerre de surface et les sous-marins à proximité. Le NGCM est reprogrammable pour fonctionner en coopération avec les tirs de torpilles ou anti-torpilles américains, et pourra changer de tactique ou de mode de fonctionnement en fonction des changements de conditions tactiques ou en réponse aux commandes téléchargées via les liaisons de communication acoustique. Chaque unité NGCM a un processeur tactique intégré avancé et un classificateur de torpilles de menace intégré, et utilisera sa technologie de comportement de groupe programmé pour déterminer le comportement et les réponses appropriés aux conditions tactiques en évolution rapide. En novembre 2021, le gouvernement américain a accordé un budget de 9,4 M$ à l’entreprise Leidos pour poursuivre les tests sur la Mk5 et ainsi continuer les travaux entrepris par Ultra Electronics depuis 2010.
Pour gérer l’ensemble de ces systèmes, les sous-marins de la Classe Virginia sont actuellement équipés du système de contre-mesures acoustiques AN/WLY-1. L’AN/WLY-1 est doté d’un sonar de plate-forme de menace et d’une capacité de reconnaissance des torpilles pour la détection, la classification et le suivi précoces des menaces de torpilles contre les sous-marins.
La marine américaine cherche elle aussi à se doter de ses torpilles anti-torpilles à partir une torpille de série de petite taille Mk46. Le programme est connu sous les noms de ATT CRAW ou ATTDS (Anti-Torpedo Torpedo Defense System) avec des torpilles MK46 mod.7 ATT Tripwire. Les recherches préliminaires avaient commencé dès les années 70 et les premiers tests réels au début des années 90. Mais les premiers modèles conçus pour les porte-avions ont connu des échecs (manque de fiabilité) et les systèmes ont été retirés en 2018 après 5 ans de tests. Le projet a été mis en sommeil. Pour résumer, les sous-marins peuvent attendre !
Royaume-Uni
La Royal Navy a décidé en 2017 de se doter d’un système de leurres développé par la même société Ultra Electronics qui porte le nom de SCAD 101 (Subsonic Cruise Armed Decoys) avec des tubes de lancement situés à l’extérieur de la coque.
La version SCAD 102 est quant à elle lancée de l’intérieur du submersible par l’intermédiaire de l’éjecteur de signal immergé. En complément de ces leurres, les brouilleurs SCAD 200 équipent les sous-marins Britanniques depuis le début des années 2000.
Si les Britanniques ne développent par leurs propres leurres, ils ont conçu et breveté, par le biais du constructeur Babcock, un lanceur de contre-mesures non pyrotechnique unique et innovant connu sous le nom de KESTROS. C’est un lanceur modulaire, léger et à faible signature qui intègre des fonctions de sécurité intrinsèque tout en permettant une interruption minimale sur les flancs de la coque. Ce système a été adopté en Corée du Sud pour le programme de sous-marins Jang Bogo-3 (KSS III) et pour le S-80+ de Navantia (Espagne).
Chine
La Chine a présenté au salon IDEX 2017 le MSS-01 par l’intermédiaire de sa société d’état CSOC (China Shipbuilding and Offshore International Corporation). Ce serait un simulateur de sous-marin utilisé également comme leurre. Le MSS-1 est décrit comme une « contre-mesure acoustique sous-marine automotrice conçue pour les scénarios d’engagement et d’entraînement ASW ». Il utilise une « simulation haute-fidélité du bruit rayonné sous-marin » et une « répétition d’écho lors de la réception », il peut tromper « le sonar, les torpilles à tête chercheuse acoustique et les torpilles à tête chercheuse acoustiques filoguidées ». D’une longueur de 5.500 mm, d’un diamètre de 533,4 mm et d’un poids de 1.100 kg, il est lancé depuis un tube lance-torpilles et peut être récupéré en mode entraînement. Il a une vitesse de 10 à 15 kt, une profondeur d’exploitation de 10 à 300 m et une autonomie de 100 minutes à 10 kt ou 45 minutes à 15 kt. Selon, les auteurs, ce système serait en service au sein de la marine.
La Chine a probablement des études en cours pour développer une torpille anti-torpilles à partir d’une Yu-11 de 320 mm de diamètre développée en 2015. Mais aucun projet concret n’a encore été révélé en 2021.
France
La France, avec Naval Group, a développé en 2011 et mis en service en 2014 (Programme NEMESIS), un nouveau système de lutte anti-torpille, le système Contralto-S avec ses leurres Canto-S (pour la version sous-marine). Par rapport à leurs aînées (DILSAT), ces torpilles sont plus rapides, ont une portée accrue, disposent de capacités acoustiques très élevées et, surtout, intègrent des traitements spécifiques pour déjouer les systèmes de contre-mesures employés jusqu’ici. Les leurres mobiles, généralisés dans les années 90, n’étaient plus adaptés car longs à mettre en œuvre et facilement classifiés par les nouvelles torpilles. Il était donc devenu nécessaire de développer de nouveaux produits et concepts d’emploi pour réagir à cette menace. S’appuyant sur ses compétences en matière de conception de torpilles, notamment les toutes récentes MU90 et Black Shark, Naval Group a mis au point une solution innovante capable d’œuvrer en symbiose avec le bâtiment qui en est doté, qu’il s’agisse d’un navire de surface ou d’un sous-marin. Ce système baptisé Contralto anti-torpille est intégré au système de combat. A partir d’une alerte torpille, il propose la mise en œuvre de tactiques, comprenant des manœuvres évasives pour la plateforme, et le déploiement de salves de contre-mesures Canto-S (émetteurs acoustiques large bande). Ayant nécessité 5 ans d’études, de simulations et d’essais en mer, le concept de Naval Group a adopté les principes de « confusion/dilution ». Ainsi, les Canto-S ont pour but de créer des dizaines et des dizaines de cibles éphémères, suffisamment crédibles pour être analysées par la torpille. Il en résulte un effet de saturation. « Dilué » dans les fausses cibles, le bâtiment dispose alors d’un laps de temps pour s’éloigner. Contralto présente l’avantage de réduire significativement la quantité de salves de contre-mesures tirées, tout en contrant un plus grand nombre de menaces.
Les leurres Canto-S sont tirés depuis des tubes intégrés à la structure du sous-marin et sont dotés de quatre ailettes pour se maintenir entre deux eaux. En dehors de la marine française, ce système a été choisi par le Brésil pour équiper ses futurs sous-marins dérivés du Scorpène. Seul bémol, ce système, en raison de ses caractéristiques propres ne peut être installé sur les anciennes unités.
Avant la mise en œuvre de Contralto-S, les sous-marins français utilisait le DILSAT (Dispositifs Intégrés de Leurres Systèmes Anti-Torpille). Ce système était composé de DILSAT normaux “2” et du système de lancement MIEL (Moyen Intégré d’Ejection Leurre).
Pour les contre-mesures sous-marines, Lacroix Defence & Security (société française) propose des leurres anti-sonars sous-marins ainsi que SEALAT, un leurre/brouilleur anti-torpille électro-acoustique et pyro-acoustique qui fait partie de la famille SEACLAD (SEA Borne Countermeasures Lacroix Advanced Decoy). Elle équipe la marine française depuis 2005 et semble associée au système Canto. Pour l’instant, la famille des signaux et leurres Lacroix n’est compatible qu’avec les lanceurs externes des sous-marins de conception française. On les retrouvera donc en France, en Malaisie, en Inde ou au Brésil, et devaient être intégrés à bord des prochains sous-marins australiens de la classe Attack (avant que…). Mais pour l’instant, ces appareils ne sont pas compatibles avec certains des sous-marins les plus vendus au monde (Types 209 et 214 allemands). En 2020, et selon les représentants de Lacroix, la société française travaillerait sur une nouvelle génération de signaux et de leurres, visant à remplacer les modèles actuellement utilisés sur les sous-marins français. Cette nouvelle famille de produits sera conçue de toutes pièces dans un souci de standardisation. Les nouveaux signaux et leurres seront compatibles avec les lanceurs externes des sous-marins français, mais aussi avec les tubes lanceurs des sous-marins allemands. Un petit équipement d’interface pourrait être intégré sur chaque munition. Cette nouvelle famille d’appareils sera alors compatible avec plus d’une centaine de sous-marins dans le monde.
La France avait tenté de développer ses premières torpilles anti-torpilles MU90HK avec l’Italie (Consortium EUROTORP) à partir de la torpille MU90. Mais le projet n’est pas allé à son terme.
Inde
L’Inde a de son côté développé son propre système de leurre indigène (ATDS) : L’Advanced Torpedo Decoy System MAAREECH. La conception et le développement de ce système de leurre anti-torpille MAAREECH ont été entrepris au niveau local dans les laboratoires DRDO (NSTL et NPOL) et Bharat Electronics Limited en a assuré la production. Ce système équipe la flotte de surface de la marine indienne mais en 2021, il n’a toujours pas été testé à bord d’un sous-marin.Si ce genre de leurre n’est pas encore disponible pour les forces sous-marines, la société Bharat Electronics Limited proposait en 2020 des brouilleurs plus classiques à l’export.
Russie
Dans les années 80 (sur la Classe Akula par exemple), les soviétiques utilisaient des contre-mesures acoustiques (GPA) MG-74 « Impostor ». Ils remplaçaient les anciens MG-44 « Korund » et MG-56. Ils pouvaient en loger 2 par tube de 533 mm, ce qui limitait donc le nombre de tubes destinés aux torpilles classiques. Ces dispositifs étaient propulsés par un automoteur, suivaient un parcours préprogrammé et généraient jusqu’à 60 minutes de bruits pour détourner l’attention du sous-marin réel. Il y avait aussi des leurres de torpilles automoteurs MG-104 « Brosok » de 324 mm de diamètre développés en 1988 et d’autres leurres dérivants comme GIP-1, GUI-1 et MG-34M développés en 1968, dont l’efficacité au début des années 1980 était estimée comme extrêmement faible. Au début des années 2000, la MG-74 a été modernisée (MG-74M) en améliorant l’électronique de son automoteur.
La Russie utilise depuis 2004 un dispositif de contre-mesure hydroacoustique de petite taille (MGPD) Vist-E développé par JSC Aquamarine. Ce dispositif dérivant est lancé depuis le côté d’un sous-marin et crée un puissant brouillage acoustique qui supprime les capacités des torpilles à tête chercheuse et les sonars sous-marins. De plus, le MGPD « Vist-E » peut fonctionner comme une fausse cible en raison de l’émission d’un signal acoustique simulant un sous-marin. Il génère soit des signaux de brouillage dans les bandes de fréquences requises à une certaine distance du sous-marin, ce qui désactive les canaux de réception du système autodirecteur de la torpille et ce dernier perd la capacité de détecter les sous-marins, soit fourni une émission simulée qui attire la torpille vers le leurre sonar à la dérive.
Mais ce système ne fonctionne que pendant 6 minutes et le sous-marin n’est pas en capacité de s’éloigner suffisamment pour sauver sa mise. L’autre point négatif est qu’il soit propulsé par un dispositif automoteur d’un diamètre de 533 mm, soit celui d’une torpille classique. Cela sous-entend que son stockage et son utilisation empiète sur le nombre de torpilles à bord et condamne de facto un tube de lancement. Enfin, cette contre-mesure ne semble pas en capacité de distinguer les cibles ennemies de son propre sous-marin lanceur. Dans l’ensemble, le Vist-E est moins performant que les leurres modernes de l’OTAN, mais lorsqu’il est utilisé en groupe, il peut créer un champ de confusion qui entravera la plupart des torpilles. En conclusion, un système peu efficace.
Un nouveau système global de PTZ (nom donné par les Russes pour les systèmes de contre-mesures actives) a été mis à l’étude entre 1993 et 2016, sous le nom de « Modul D ». Le programme intégrerait les solutions suivantes :
- Oplot – un dispositif dérivant pour contrecarrer les systèmes de détection hydroacoustique sous-marine.
- Udar-1 – un dispositif de protection anti-torpille à la dérive capable d’opérer à une profondeur donnée.
- Burak-M – un dispositif de suppression électronique à la dérive pour la surveillance des avions ennemis.
Dès 2015, on a pu observer la présence des lanceurs Modul-D sur le lanceur de missiles Borey A. Mais selon certaines sources, ce dispositif global n’aurait pas été suffisamment testé (coût trop élevé) et ne pourrait interagir globalement (le spectre de l’explosion du dispositif basse fréquence Oplot dégradant entrant en interférence avec la bande de fonctionnement du dispositif anti-torpilles à haute fréquence Udar-1.
A propos du dispositif Burak-M
La Russie aurait développé à partir de 2015-2018 une nouvelle gamme de brouilleurs destinés à protéger les sous-marins des bouées acoustiques en les empêchant de transmettre des données aux avions de patrouille maritime et aux hélicoptères anti-sous-marins volant au-dessus. Cette évolution intervient alors que les États-Unis, ainsi que leurs alliés de l’OTAN, ont intensifié leurs opérations anti-sous-marines dans un contexte d’augmentation notable de l’activité des sous-marins russes. Ces brouilleurs porteraient le nom de Burak-M mais nul ne sait s’ils sont toujours en développement ou s’ils équipent déjà certaines de leurs unités. Le journal Russe Izvestia a déclaré que Burak-M fonctionne en flottant à la surface, puis en activant automatiquement son système de brouillage, qui empêche les bouées acoustiques de transmettre les informations recueillies à partir de leurs capteurs acoustiques embarqués. On ne sait pas comment les sous-marins les lancent en premier lieu, mais la méthode la plus probable consiste à utiliser des tubes que les sous-marins militaires ont pour lancer d’autres contre-mesures, telles que des leurres acoustiques destinés à contrer les torpilles à tête chercheuse. Le rapport n’a pas non plus donné de portée approximative des capacités de brouillage du Burak-M et s’il pourrait être capable de brouiller d’autres systèmes au-delà des communications et des liaisons de données des bouées acoustiques. Izvestia a indiqué que le système était destiné à fournir une marge de manœuvre suffisante au sous-marin de lancement afin qu’il puisse s’éloigner de ses poursuivants. Selon certaines sources Russes, ce système serait déjà dépassé en raison de la complexité des réseaux de communication à perturber.
La Russie a dévoilé son propre système de torpilles anti-torpilles appelé Paket-E/NK. Les premières études datent du milieu des années 80. Ce système PAKET-E/NK serait sans égal selon la marine Russe. Le système se compose d’un système de contrôle, d’une station sonar spéciale, de deux unités de lancement modulaires avec des torpilles anti-torpilles thermiques M-15 (pour la version Navire de surface) de petite taille (3,2 m de long et 324 mm de diamètre). Ce système est devenu opérationnel en 1998 et depuis, il n’a pas évolué (il a même failli être abandonné en 2013).
Il existerait une version sous-marine de ce système avec des torpilles anti-torpilles Lasta au lieu des M-15. Ce programme était censé être intégré au Projet 885 (Yasen). La disponibilité de ce système adapté aux sous-marins n’est pas confirmée en 2021.
Turquie
La société turque Aselsan a également développé un système (Denizaltı İçin Akustik Aldatıcı Sistemi ou DAKA). Les premiers essais ont été réalisés en 2018. Ce dernier est intégré sur les premières unités de la Classe Prévèze. Ce système est doté de torpilles ZOKA ou TORK capables de fonctionner efficacement contre toute menace de torpille dotée d’une capacité acoustique fonctionnant en modes actif, passif ou combiné. Les deux types de torpilles ZOKA et TORK (brouilleurs et leurres), sont utilisés dans le système de contre-mesures HIZIR-Torpedo pour les navires de surface et le système de contre-mesures ZARGANA-Torpedo pour les sous-marins. Ce système de distribution peut déployer jusqu’à 24 leurres ou brouilleurs en mode coup par coup ou en salve, sans générer de bulles d’air pouvant compromettre la position du sous-marin hôte.
Les brouilleurs ZOKA transmettent un bruit de haut niveau à large bande pour saturer les bandes de fréquences de fonctionnement acoustique de toutes les torpilles existantes. De cette façon, les brouilleurs masquent le bruit des sous-marins contre les torpilles passives et réduisent la portée de détection des signaux d’écho réfléchis par le sous-marin en augmentant le niveau de bruit contre les torpilles actives. Les leurres ZOKA trompent et confondent la torpille en simulant les caractéristiques acoustiques et dynamiques de la plate-forme et attirent la torpille vers eux. Les leurres ZOKA ont des sections de réception et d’émission séparées. Un hydrophone est remorqué depuis la poupe du leurre. Le fait d’avoir des unités de réception et d’émission séparées permet au leurre d’effectuer simultanément la génération de bruit et la génération d’écho d’impulsions actives de torpille. L’utilisation combinée de leurres et de brouilleurs ZOKA semble être très efficace contre les torpilles acoustiques. Les effecteurs ZOKA de différentes longueurs ont une capacité mobile dans le plan vertical et/ou horizontal et peuvent être lancés à partir de lanceurs de navires de surface, d’éjecteurs de signaux sous-marins et de lanceurs externes des sous-marins. Le Pakistan se serait porté acquéreur de ce système turc en 2019 ainsi que la marine indonésienne en 2020.
Suède
En ce qui concerne la Suède, les navires de surface utilisent un système de leurres MASS (Multi Ammunition Softkill System). Ce système est développé en Allemagne par Rheinmetall Waffe Munition (anciennement Buck Neue Technologien). Mais à ma connaissance, ils n’ont pas encore décliné ces systèmes à bord des sous-marins. Ces derniers sont cependant équipés de lanceurs de leurres Strachan et Henshaw (SSDE) qui sont soudés dans la coque mais la provenance des leurres et brouilleurs reste un secret bien gardé.
Quelques sources
https://en.topwar.ru/180576-protivotorpednaja-katastrofa-rossijskogo-flota.html
https://euro-sd.com/2019/05/articles/13130/a-new-generation-of-submarine-combat-management-systems/
https://www.leonardocompany.com/en/products/c303s
https://www.drdo.gov.in/sites/default/files/inline-files/Advanced_Torpedo_Defence_System.pdf
https://www.quora.com/search?q=submarine%20decoy
http://www.chinadefenseobservation.com/?p=4955
http://www.navypedia.org/ships/uk/brit_ss_astute.htm
https://www.aselsan.com.tr/tr/cozumlerimiz/deniz-sistemleri
https://www.rafael.co.il/wp-content/uploads/2019/08/Scutter.pdf
https://www.rafael.co.il/wp-content/uploads/2019/08/Torbuster.pdf
http://roe.ru/eng/catalog/naval-systems/shipborne-weapons/vist-e/