Sous-Classe S – Seraph & Subtle
(1942 - 1970)
- Période service : 1942 – 1970
- Prévu : 50
- Réalisés : 50
- En service : 0
- Perdu : 9
- Exportation : Israël
- Propulsion : Diésel-électrique
- Hélice : 2 x 3 pales
- Longueur : 66,1 m
- Maître-bau : 7,24 m
- Déplacement S/P : 814-842 / 990 t
- Profondeur : 110 m
- Vitesse surface : 15 nds
- Vitesse plongée : 9 nds
- Equipage : 48
- Armement : Torpilles, canon, mitrailleuse
- Autonomie : 4.000 mn surface
Le troisième groupe est de loin le plus nombreux de la Classe S. Cinquante unités furent réalisées jusqu’à la fin de la guerre. Ils étaient plus grands et les plus lourdement armés. Ils étaient d’un nœud plus rapide en surface, mais deux nœuds plus lents en immersion. La construction a été réalisée pendant toute la guerre, en particulier entre 1941 et 1945. Ils furent dotés d’une capacité supplémentaire de carburant leur permettant d’opérer jusqu’en mer Méditerranée, en océan Pacifique et en Extrême-Orient.
Ce troisième Groupe peut aussi être scindé en deux sous-groupes distincts :
- Le premier (sous-Classe Seraph) était de 842 tonnes et ordonné dans l’état d’urgence d’entrée en guerre de 1939 sur les programmations de 1940 et 1941. Il fut équipé d’un septième tube lance-torpilles d’étambot en plus des six d’étrave.
- Le deuxième (sous-Classe Subtle) n’était que de 814 tonnes et ordonné dans les programmations de 1942 et 1943. Il ne fut pas équipé du septième tube d’étambot et eut une coque plus épaisse permettant une immersion opérationnelle à 110 m.
Les pertes furent aussi nombreuses : neuf furent perdus et deux furent retirés car trop endommagés.
Beaucoup de navires survivants sont restés en service après la guerre :
En 1948, trois sous-marins ont été transférés au Portugal :
- Le HMS Spearhead est devenu le Neptuno
- Le HMS Saga est devenu le Nautilo
- Le HMS Spur est devenu le Narval
En 1952, quatre sous-marins ont été transférés en France sous le nom de Classe Saphir :
- HMS Satyr est devenu le Saphir
- Le HMS Spiteful est devenu la Sirene
- Le HMS Sportsman est devenu la Sibylle mais a été perdu dans un accident de plongée en septembre 1952
- Le HMS Statesman est devenu la Sultane
En 1959, deux sous-marins ont été vendus à Israël :
- Le HMS Springer devient l’INS Tanin et participe à la guerre des Six Jours.
- Le HMS Sanguine est devenu l’INS Rahav
Naufrage de la Sibylle
La Sybille (ex-HMS Sportsman P229) faisait partie des unités sous-marines du Groupe 3 de la Classe S et utilisé par les Britanniques pour des opérations offensives. Il avait à ce titre envoyé par le fond le 8 février 1944, le navire allemand SS Petrella, transportant 3.173 prisonniers de guerre italiens. 2.670 d’entre eux y trouvent la mort. Il avait été prêté à la France en 1951, ainsi que trois autres submersibles (Sultane, Saphir et Sirène).
Devant assurer la formation dans le cadre du Groupe d’Action Sous-Marine (GASM) de Toulon, le sous-marin est débarrassé de son artillerie de pont et ses tubes lance-torpilles sont condamnés. Un schnorchel rabattable est installé derrière la baignoire.Le sous-marin français La Sibylle, qui effectuait des exercices de plongée entre Toulon et le cap Camarat, avec quarante-huit hommes à son bord, le 24 septembre 1952 n’est pas remonté à la surface. Une reconnaissance aérienne a alors observé une nappe de pétrole en surface.
Sa disparition a soulevé une vive émotion en France, mais aussi en Grande-Bretagne où la Royal Navy a offert sa participation aux recherches. La Sibylle, commandée par le Lieutenant de vaisseau Gustave Curot, était cependant d’ores et déjà considérée comme perdue. On a retrouvé plus tard sa bouée de signalisation, mais le câble le ralliant au sous-marin avait été rompu.
Le sous-marin reposait par 700 mètres de fond. À une telle profondeur, les secours, à supposer que sa coque n’ait pas été disloquée par la pression, étaient absolument impossibles.
L’accident du HMS Sidon
Dans la matinée du 16 juin 1955, le Sidon était à quai à côté du navire-dépôt HMS Maidstone dans le port de Portland. Deux torpilles Mark 12 de 533 mm, ayant pour nom de code « Fancy », avaient été chargées à bord pour procéder à des essais. Cinquante-six officiers et hommes d’équipage se trouvent à bord.
A 8h25, l’explosion de l’une des torpilles Fancy (mais pas au niveau de l’ogive) a lieu à l’intérieur du tube lance-torpilles n° 3 dans lequel elle avait été chargée et entraîne la rupture des deux compartiments avant. Un incendie et l’émission de gaz toxiques et de fumée accompagnent l’explosion. Douze hommes présents dans les compartiments avant meurent instantanément et sept autres sont grièvement blessés.
Le sous-marin commence à basculer vers l’avant en raison de la voie d’eau avec une inclinaison à tribord et, son officier supérieur, le Lieutenant Commander Verry, ordonne l’évacuation du sous-marin à partir de la salle des machines et du sas d’évacuation situé à la poupe. Grâce aux secours apportés par l’équipage du Maidstone, tous ceux qui n’avaient pas été tués immédiatement par l’explosion parviennent à s’échapper à l’exception de l’officier médical du Maidstone (Charles Eric Rhodes). Il se rend à bord du Sidon porte assistance à plusieurs survivants avant de mourir asphyxié (il n’avait pas été entraîné à revêtir la combinaison DSEA qu’il avait enfilée). Vers 8h50, le Sidon sombre au fond du port. Le 1er novembre 1955, Charles Eric Rhodes est décoré à titre posthume de la Médaille Albert pour avoir sacrifié sa vie pour venir en secours aux marins du Sidon.La semaine suivante, l’épave est renflouée et remorquée dans une cale à Chesil Beach. Les dépouilles des douze marins et de Rhodes sont retirées et enterrées avec les honneurs au Royal Naval Cemetery de Portland, qui surplombe le port.
Une Commission d’enquête dégage toute responsabilité pour la perte du Sidon. La cause de l’accident est analysée comme étant le dysfonctionnement de la torpille « Fancy ». La torpille qui avait été préparée pour un tir d’essai prévu dans la matinée avait commencé à chauffer – son moteur s’était déclenché alors que la torpille était encore à l’intérieur du sous-marin et était en excès de vitesse, créant une pression très élevée dans son système de carburation. La torpille « Fancy » utilisait le « high test peroxyde » comme oxydant. Quand une ligne d’oxydant éclate, l’HTP est pulvérisée sur les parois en cuivre à l’intérieur de la torpille, la décomposition produisant de l’oxygène et de la vapeur d’eau. La tête de la torpille n’a pas explosé, mais sa coque éclate violemment rompant les parois du tube lance-torpilles et causant une voie d’eau qui mènera au naufrage du bâtiment. Le programme d’essai de ce type de torpille est arrêté et les torpilles du même type sont retirées du service en 1959.
Le Sidon est renfloué, avant d’être à nouveau coulé comme cible ASDIC (Anti-Submarine Detection Investigation Committee – ancêtre du Sonar actif) le 14 juin 1957.
Le 16 juin 2005, pour le 50ème anniversaire de l’accident du Sidon, la Submariners Association érige un mémorial en mémoire de ceux ayant perdu la vie. Il est situé à proximité immédiate du Portland Cenotaph à Portland, face au Portland Heights Hotel. Un certain nombre de rescapés et de proches des victimes assistent à la cérémonie.
Le 18 janvier 2003, Le Deepquest Sub Sea annonce son intention de renflouer le HMS Sidon. En 2019, il n’a toujours pas fait surface !