SUEDE

Le design suédois en matière de sous-marin remonte au XIXème siècle. En 1886, un bateau de Classe Nordenfelt (de conception suédoise) fut le premier à lancer une torpille. La marine sué­doise n’a vraiment pris au sérieux les sous-marins qu’après leur adoption par les grandes puissances. Ils ont au départ testé leur utilité avec des bateaux de construction britannique et italienne. Mais la Suède a rapidement commencé à construire localement des sous-marins et elle peut se vanter aujourd’hui d’une longue et riche histoire de conceptions innovantes et d’une technologie de pointe adaptée à ses besoins spécifiques. Les bateaux suédois ont tendance à être plus petits et mieux adaptés face à l’environ­nement littoral complexe de la mer Baltique.

Depuis les années 1950, la Suède a eu accès à de nombreux concepts et développements de sous-marins occidentaux à la pointe de la technologie (notamment via la marine américaine). Mais elle a été moins conservatrice que beaucoup d’autres pays et a préféré construire des sous-marins plus compacts et relati­vement moins coûteux. Après la fin de la deuxième guerre mondiale, l’objectif de la marine suédoise n’est pas d’aller guerroyer à l’extérieur de ses frontières, mais de protéger ses côtes. Sa flotte sous-marine se limite donc à de petites unités, très silencieuses, pour surveiller les unités soviétiques un peu trop curieuses.

Le constructeur attitré est Kockums. Les premières années, il s’inspirera des navires allemands du Type XXI (comme tout le monde), mais dès la fin des années 50, il se lancera dans toute une série de projets très novateurs au niveau de la propulsion. Ils ont envisagé d’utiliser le nucléaire pendant quelque temps pour ne pas rester à la traîne face aux Américains et au Soviétiques, puis sont rapidement revenu à la raison. D’autres systèmes de propulsion ont été développés pour finalement investir radicalement dans l’AIP dès 1962 et plus sérieusement en 1978 avec l’A14 (Classe Näcken) et son célèbre moteur Stirling à cycle fermé. Ce mode de propulsion silencieuse offrira en 2005 à la Classe Gotland son heure de gloire face à un porte-avion de l’US Navy.

En 1988, la Suède avait tenté de monter un nouveau programme (Ubåt 2000) afin de construire une offre commune avec la Norvège et le Danemark. Sans succès. En 2000, l’Allemand TKMS rachète Kockums. Dans le cas de ThyssenKrupp Marine System, le malentendu est né au moment même de l’acquisition du chantier suédois Kockums, qui s’était fait un nom dans la construction de sous-marins très réputés pour leur furtivité, dans le contexte tendu de la guerre froide et de sa déclinaison en Mer Baltique notamment… En adossant Kockums à un groupe de l’envergure de ThyssenKrupp, les Suédois pensaient – naïvement – que l’entreprise deviendrait un champion mondial et se développerait fortement à l’export. C’était sans bien connaître le patriotisme Allemand, ThyssenKrupp ayant surtout beaucoup appris de Kockums pour améliorer ses propres sous-marins… construits en Allemagne !!!

Peu présent sur les marchés export, le constructeur suédois représentait cependant le partenaire historique de la marine australienne (Classe Collins) et singapourienne (Classes Challenger et Archer). Sur la période 2000-2014, Kockums (et donc TKMS) a ainsi capté 3 % des parts de marché au niveau mondial avec la vente, à Singapour, en 2005, de deux Archer (ex-Classe Västergotland suédoise). Toutefois, depuis la vente de six sous-marins d’attaque conventionnels Type 471 (Classe Collins) à l’Australie en 1987 (produits sous licence), son offre export s’est limitée à des plateformes d’occasion.

Au fil des ans, l’ex-chantier Kockums s’est donc replié sur l’entretien de la flotte existante, jusqu’à ce que le redémarrage du projet A26, consistant au remplacement d’une partie de la flotte suédoise ne refasse surface ! Les négociations entre l’office suédois de l’arment (FMV) et ThyssenKrupp sont un échec. Pour des raisons de coût, les Alle­mands refusent que le programme soit amorti entre plusieurs pays. Les autorités suédoises prennent alors conscience qu’il fallait changer de méthode en ouvrant le jeu à la concur­rence, tout en relocalisant les centres de décision du « bon » côté de la Baltique. De plus, Kockums aurait, selon le site suédois d’information The Local, été empêché par TKMS de soumettre une offre pour le marché singapourien. Pour ce faire, le constructeur allemand aurait invoqué le manque d’ingénieurs qualifiés, avec les risques que cela implique en termes de retards.

Le groupe d’armement SAAB, déjà actif dans le maritime avec ses programmes de détection et de défense électronique, a donc décidé de franchir le pas, et de se lancer dans cette activité avec une méthode pour le moins efficace : débaucher les cadres de ThyssenKrupp Marine Service pour gagner du
temps ! En quelques semaines, près de 200 ingénieurs ont donc rejoint Saab, heureux de ne plus servir de faire-valoir aux Allemands, tandis que Saab se rapprochait en avril dernier de ThyssenKrupp, pour lui racheter sa filiale suédoise… en perdition ! SAAB rachète donc Kockums en 2014 pour environ 50 M$ et relance le projet de l’A26 Disruptor et le propose avec agressivité à l’export, comme pour les Pays-Bas. Mais ce n’est pas gagné et Naval Group (comme TKMS) sont également sur les rangs. Dans son allocution d’ouverture du salon UDT (Undersea Defence Technology) 2019 à Stockholm, le Chef de la Marine royale suédoise, le Cam Jens Nykvist, a mis l’accent sur la position maritime unique du pays dans la mer Baltique, ainsi que sur les défis auxquels le pays doit faire face (renaissance de la Russie).

Comme l’a noté Nykvist, la Suède peut être considérée comme une île, le pays comptant 2.400 km de côtes et 90 % du commerce national étant livré par voie maritime. « La tâche principale de la marine suédoise est de protéger nos eaux territoriales. Pour ce faire, nous devons être à même de dissuader un adversaire », a déclaré Nykvist. Avec une profondeur moyenne de 65 m, la mer Baltique représente le terrain de jeu idéal pour les sous-marins, mais présente également le défi historique des mines laissées par les deux guerres mondiales. La présence accrue de la Russie dans la mer Baltique, constitue un autre sujet de préoccupation pour la Suède.

Nykvist a noté que, depuis l’annexion de la Crimée en 2014, l’attention a été davantage portée sur la défense en Suède et que le public et les autorités ont pris conscience du fait que, par le passé, les effectifs au sein des forces armées ont peut-être été trop réduits. À cette fin, il semble qu’il y ait maintenant une reprise des dépenses au sein de la défense.

Des sous-marins adaptés aux eaux très peu profondes de la mer Baltique

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