Interview de Domicoque

Dominique Bozec (Domicoque)

Chef d’oeuvre à été réalisé par un artiste chaudronnier (ex DCAN) …. 2300 heures de travail. Interview…

Bonjour Dominique,

Quand on y pense, une maquette de sous-marin, ce n’est pas bien compliqué : 2 coques à assembler, 4 ou 5 petites antennes, une hélice et le tour est joué. Encore plus simple qu’un avion où il faudrait rajouter des ailes. C’était en effet l’idée que je m’en faisais il y a quelques années jusqu’à ce que je tombe sur de véritables merveilles de précision et de réalisme. A tel point que pour découvrir certaines subtilités techniques, le plus simple était d’observer des maquettes plutôt que les photos des originaux. Les Chinois l’ont compris très rapidement car c’est en achetant des modèles réduits de sous-marins américains qu’ils ont construit leurs premiers plans du Type 091 et curieusement, on trouve en maquette des projets soviétiques qui n’ont jamais vu le jour.

Mais revenons à toi. Que l’on soit sous-marinier, vétéran ou tout simplement passionné des sous-marins, on s’est tous un jour extasié devant ces maquettes de nos bateaux noirs. Mais entre des maquettes faites en série du type Heller, celles qui sont retravaillées pour être plus réalistes, il y a des maquettes d’exception. Et quand je suis tombé sur ta maquette d’un Classe Daphné (800 tonnes) en laiton soudé à l’étain, je suis resté ébahi. J’ai donc souhaité que tu nous embarques dans ton monde.

Je suis rentré aux apprentis à La DCAN en 1968 et sorti 3 ans plus tard en temps que charpentier fer. J’ai travaillé en tant qu’ouvrier sur les bateaux de surface genre Tourville, D’Estiennes D’Orves et en 1984 départ vers la base de Kéroman.

Non aucune frustration, vu que j’ai accédé aux sous-marins à la base de Kéroman en tant que personnel DCN. J’étais charpentier coque et j’ai demandé ma mutation de l’arsenal principal à la base de sous-marins. Je n’ai jamais regreté car il y avait une super ambiance avec les sous-mariniers … Cela ne m’a jamais bloqué dans ma passion, d’autant plus qu’à cette époque là je ne faisais pas encore de maquettes de sous-marins. C’était plutôt genre Dunkerque …

Je pense, et je suis sur, qu’il y avait une bonne entente car on avait besoin de l’autre même des autres spécialités DCN, contrairement de ce que j’ai vécu aux batiments de surface…

J’ai du commencer mes maquettes à l’age de 12, 13 ans comme beaucoup de jeunes à lépoque. C’était motos et voitures mais pas de sous marins. Par contre je me rappelle que dans ces années on restait contemplatif à regarder les “bateaux noirs” qui sortaient à la passe de Port Louis.

Ce n’est pas évident de répondre directement à cela, car là vers 14 ans je me souviens avoir réalisé des miniatures d’armes (sabre) en laiton martelé. J’étais fier de moi…

C’est tout une histoire que je dois raconter. Avant darriver à la base comme je l’ai dit, je ne faisais pas de sous-marins. mais entre-temps j’ai passé avec succès le concours du Meilleur Ouvrier de France en ayant tiré de ce titre de toujours mieux faire (ce qui est à la portée de tous). Donc maintenant j’applique ma pensée. En ce qui concerne mon choix personnel (c’est à dire quand ce n’est pas une commande) je recherche ce qui sort de l’ordinaire. Ce n’est pas valorisant de rproduire ce que tout le monde fait… J’aime quand il y a de la sculpture, aussi travailler le bois au gabarit de couples. L’intérêt pour moi c’est aussi de rentrer au maximum dans les détails, dans la limite possible à l’échelle. Par contre plus grand ce n’est pas une bonne option. Je me suis vu travailler pendant près de 2 ans sur la table du salon quand j’ai réalisé la 1/2 coque du Blaison (ex.U123) car je n’avais pas assez de place dans mon “atelier”…

Faire quelque chose de rare et qui plaise à l’oeil.

J’associe les 2 évidemment. Du coté réalisme, je n’attaque pas certains détails d’une maqette si je n’ai pas les informations nécéssaires (ou très rarement, cas de force majeure)

Non, je tente d’améliorer ce que je vois, il faut faire attention à certains choix.

A chaque fois que j’ai opté pour une réalisation , je passe en revue tous les détails sur les plans pour déterminer le risque de se planter. En général je trouve la solution et là je peux me lancer. Il faut savoir que quand on voit une maquette, on ne voit pas ce qui a été fait en plus pour y arriver et c’est ça que je trouve interessant. Avant la construction proprement dite, il y a la réalisation des gabarits, de formes et autres. Commence la construction des 2 coques sur gabarit (intérieure -coque épaisse – et extérieure) et après assemblage des 2, je passe à la réalisation de l’intérieur par modules démontables. L’intérêt de l’assemblage par soudure à l’étain c’est que c’est facile de déssouder pour démonter ces modules pour faciliter le travail en extérieur. Ensuite il faut déterminer les pièces à reproduire car vu l’échelle on ne peut pas tout faire.

C’est la question que je me suis posé et je pense que oui en ce qui concerne le temps passé pour 1 maquette. La semaine qui précédait la mise en vitrine j’ai fait la réflexion à ma femme en lui disant qu’il fallait être 2 “frapaldingue” pour faire cela.

Pas directement sur la maquette elle même, mais sur le procédé de photo-découpe pour les accessoires. Il faut respecter pas mal de règles : la fabrication des tipons, le temps d’insolation, température du révélateur et durée du bain et pour finir qualité du gravage chimique.

Si tu veux parler du Daphné, au début je l’ai faite pour moi. Je fais des concours en salon de maquettes, mais le reste du temps elle est dans sa boite ce que je trouve dommage. C’est pourquoi j’ai décidé de la proposer à la vente dans les musées de la marine et autres.

En effet j’ai toujours aimé travailler le bois. J’ai eu l’occasion de raboter pas mal d’essence : le sapin, le chêne, l’orme, le gaïac (bois de fer) mais le plus fréquent et le plus fiable c’es le Sipo -acajou.

J’ai quelques unes exposées chez moi, mais la plupart sont en caisse prête pour un transport éventuel en salon. (c’est de plus en plus diificile car il y a moins de salon depuis le covid).

Cela m’arrive de vendre sur commande. Il suffit de me contacter par mail (domicoques@wanadoo.fr)

En effet et c’est le Daphné , Actuellement, je suis sur la maquette du Plongeur de Bourgois et Le Brun de 1863.

Je pense qu’ils sont blasés depuis le temps que ça dure…

Je fais partie d’une association sur la construction navale (MVCN  Mémoire Vivante de la Construction Navale) où je m’occupe de la section maquettes, mais on a du mal à trouver du monde. Pour les expos il y en a de moins en moins car je ne peux pas me déplacer trop loin, trop fragile…

J’ai fait beaucoup de demi-coque et avec mon prénom Dominique, en association ça a donné domicoque. 

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