Classe Trafalgar
(1981 - )
- Période service : 1981 –
- Prévu : 7
- Réalisés : 7
- En service : 3
- Perdu : 0
- Propulsion : Nucléaire
- Hélice : Pump-jet
- Longueur : 85,4 m
- Maître-bau : 9,8 m
- Déplacement S/P : 4.500-4.800 / 5.200-5.300 t
- Profondeur : 400 m
- Vitesse surface : 20 nds
- Vitesse plongée : 32 nds
- Equipage : 124
- Armement : Torpilles, missiles (AN, C)
Les SSN d’attaque de la Classe Trafalgar (ou T-Boats) furent mis en service par la Royal Navy à partir de 1981. Cette Classe de sept sous-marins modernes et silencieux est très disparate au vu des nombreuses modifications apportées à l’électronique et l’armement au fil des refontes. Certains sont très bien armés (Tomahawk depuis le début des années 90, et de torpilles Spearfish Mod-1).Les améliorations majeures par rapport à la Classe Swiftsure comprennent plusieurs développements destinés à réduire le niveau sonore. Il s’agit notamment d’un nouveau système de réacteur, d’un dispositif de propulsion Pump-Jet et d’un revêtement anéchoïque pour la coque et les surfaces extérieures. Les autres dispositifs, l’armement et les sonars sont les mêmes que ceux des unités de la Classe Swiftsure, mais un périscope à infrarouges fait maintenant partie de l’équipement. La vocation prioritaire des bâtiments de la Classe Trafalgar est la lutte ASM et ils ont un rôle secondaire anti-navires de surface. Contrairement à la Classe précédente, il ne dispose pas d’un hangar sec amovible (DDS) pour y loger des mini-submersibles, ce qui ne l’empêche pas d’opérer avec les Forces spéciales.
Pour anecdote, le HMS Triumph a été lancé en 1991 par Vickers Shipbuilding and Engineering Limited. Mais trois années auparavant, en 1988, une erreur de la direction et des méthodes de construction navale changeantes avaient amené le chantier naval Vickers à Barrow-in-Furness à souder accidentellement une partie du sous-marin à l’envers ! Heureusement, on a pu corriger ce « délicat » problème de conception…
Le sous-marin nucléaire britannique Trafalgar était à son époque doté du meilleur sonar au monde (d’après la Royal Navy). Son nom renvoie à la bataille de Trafalgar, qui a opposé la flotte britannique commandée par le vice-Amiral Nelson à la flotte franco-espagnole sous les ordres du vice-Amiral Villeneuve en 1805.Mis en service en 1981, les unités de la Classe Trafalgar ont été les submersibles plus rapides et les plus modernes de la Marine britannique jusqu’à l’apparition des sous-marins de la Classe Astute qui devraient totalement les remplacer d’ici à 2022.
Des capteurs sensoriels
En février 2020, alors que HMS Talent passe le détroit de Gibraltar, on découvre sur son massif deux nouveaux appendices sur son massif. Il s’agit en réalité de nouveaux capteurs dont la fonction serait de capter la présente d’autres sous-marins en plongée sans pour autant se servir de sonars passifs ou actifs. Ils seraient basés sur la différence de densité de l’eau au passage de ces bâtiments. En 2019, un autre Trafalgar avait présenté un équipement similaire sur sa proue et il semblerait que ce dispositif soit présent depuis 2008.
Cette suite de capteurs non acoustiques (Wake Detection System) ou NAS (Non Acoustic System) aurait la même finalité que celle que les senseurs russes (SOKS ou System Obnarujenia Kilvaternovo Sleda) qui combinent des capteurs de turbulence (bulles et vagues), de salinité, de température, de radiations, de produits chimiques et de rayonnement pour détecter les sous-marins. Ces SOKS auraient été développés à la fin des années 1960, dans la première partie de la guerre froide. On estime qu’il est apparu la première fois sur le K-14 (Classe November) en 1969. Les Soviétiques l’ont confirmé publiquement dans les années 1980, affirmant que le bateau de Classe Victor, le K-147, avait suivi un SNLE américain (probablement l’USS Simon Bolivar) pendant six jours courant 1985.
Un rapport récemment déclassifié décrit comment les sous-marins laissent derrière eux un cocktail de produits chimiques. Les anodes sacrificielles qui empêchent la corrosion laissent une traînée de zinc dans l’eau. De minuscules particules de nickel s’écaillent des tuyaux faisant circuler l’eau de mer pour refroidir le réacteur. Le système qui produit de l’oxygène pour l’équipage laisse derrière lui de l’hydrogène qui est toujours détectable lorsqu’il est dissous dans l’eau de mer. Ensemble, ces traces chimiques peuvent ne mesurer que quelques dixièmes de partie par milliard, mais des équipements sophistiqués peuvent les trouver.
L’US Navy avait exploré une technologie similaire dans les années 1960, mais l’avait abandonnée, consacrant tous ses efforts à l’amélioration des capacités du sonar là où elle jouissait d’une supériorité technique et de l’énorme avantage fourni par le système SOSUS.
Les Britanniques testent des copies de ce système soviétique depuis au moins une décennie.
L’accident du HMS Trafalgar
En novembre 2002, le sous-marin de la Royal Navy de Classe Trafalgar, le HMS Trafalgar percute des rochers à proximité de Skye en Ecosse, causant des dégâts estimés à cinq millions de £ à la coque et blessant trois marins. Alors qu’il naviguait à une profondeur de 50 mètres sous la surface à une vitesse de quatorze nœuds le Lieutenant-Commander Tim Green, un participant au programme « The Perisher » destiné à sélectionner les futurs commandants de sous-marins, ordonne un changement de trajectoire qui précipite le sous-marin sur des rochers situés à proximité de Fladda-chùain, un petit îlot pourtant bien cartographié.
Un rapport publié en mai 2008, affirme que le film transparent (utilisé pour protéger les cartes de navigation) avait masqué des données vitales pendant cet entraînement en plongée. Par ailleurs, l’officier chargé de l’exercice ne suivait pas la position exacte du sous-marin en utilisant les instruments à sa disposition. Les commandants Robert Fancy et Ian McGhie passeront en cour martiale et seront réprimandés à propos de l’accident.
Explosion sur le HMS Tireless
Le 21 mars 2007, deux membres d’équipage du sous-marin de la Royal Navy de Classe Trafalgar, HMS Tireless sont tués dans une explosion causée par un système de purification d’air situé dans le compartiment avant du sous-marin.
Le bâtiment est alors en service dans l’océan Arctique et doit faire surface en urgence à travers la banquise. Un troisième homme blessé dans l’explosion, mais dont les blessures ne présentaient pas une menace vitale est héliporté en direction de l’hôpital militaire de la Elmendorf Air Force Base près d’Anchorage en Alaska. D’après la Royal Navy, l’accident n’a pas affecté pas le réacteur nucléaire et le sous-marin n’a que des dégâts superficiels à déplorer.
Un barbecue qui passe mal pendant la crise du Covid 19 (Avril 2020)
La Royal Navy a annoncé l’ouverture d’une enquête après des informations faisant état d’une fête organisée par le commandant d’un sous-marin nucléaire pour son équipage malgré le confinement en place au Royaume-Uni. « Une enquête est en cours », a indiqué un porte-parole de la marine militaire, jugeant « inapproprié » de commenter davantage.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des membres de l’équipage du HMS Trenchant profiter d’un barbecue et de la musique techno diffusée par deux marins improvisés DJ, après l’amarrage du sous-marin à la base navale de Devonport, à Plymouth (sud-ouest de l’Angleterre), à la suite de plusieurs mois de manœuvres en mer. Selon la BBC, le commandant avait passé outre des recommandations de ne pas organiser de fête et il a été envoyé en congés. Deux marins de rang inférieurs ont été sanctionnés pour avoir refusé d’appliquer l’ordre d’un officier supérieur de la base navale de mettre fin aux réjouissances, durant lesquelles de l’alcool aurait aussi été consommé.
Mer Cocaïne
En France, on connaissait « Air Cocaïne » et en Colombie, les « sous-marins trafiquant ». Les Britanniques ont inventé « Mer Cocaïne » en mêlant les deux histoires avec l’HMS Talent (S-92). En effet, avant de partir en mission, sept marins ont été contrôlés positivement à la cocaïne le 12 mai 2019, entraînant le report de la patrouille à partir de Plymouth.
A croire que l’histoire se répète puisque neuf hommes équipages avaient été contrôlés pour la même substance en 2017 sur l’HMS Vigilant (Classe Vanguard).
De bonnes actions aussi…
On pourrait facilement penser que les sous-mariniers de la Royal Navy sont tous de mauvais bougres, mais il n’en n’est rien. Citons par exemple l’association HMS Oardacious qui se lance régulièrement des défis sportifs au profit de causes caritatives.
Harcellement sexuel à bord de la Classe Trafalgar (Octobre 2022)
La Marine britannique a ouvert une enquête après que l’une des premières femmes à avoir rejoint l’équipage d’un sous-marin a dénoncé dans la presse harcèlement sexuel et brimades. Le chef de la Marine, l’amiral Ben Key, a estimé que «le harcèlement sexuel n’a pas sa place dans la Royal Navy et ne sera pas toléré». Sur Twitter, il a qualifié d’«odieux» les faits dénoncés par des lanceurs d’alerte et indiqué avoir ordonné l’ouverture d’une enquête. «Quiconque sera reconnu coupable devra répondre de ses actes, quel que soit son rang ou son statut», a-t-il averti.
Le Daily Mail a publié dans son édition de samedi le témoignage de Sophie Brook, l’une des premières femmes à rejoindre l’équipage d’un sous-marin après qu’une réforme en 2011 a cessé de réserver aux seuls hommes une telle affectation. C’était si près d’être quelque chose de bien. J’étais presque la première femme commandante d’un sous-marin dans le monde, mais dès le premier jour, je n’ai eu aucun soutien, a-t-elle déclaré.
Elle a raconté que les officiers faisaient en sorte de lui faire quitter les yeux du périscope, un écart strictement proscrit. Quand vous le faisiez, vous receviez un coup de poing dans les reins<», a-t-elle expliqué. Selon son récit, certains mettaient leurs parties génitales dans ses poches. Elle a énuméré brimades et comportements sexistes, «harcèlement sexuel constant et le fait que celles qui osaient dénoncer ces faits étaient ostracisées, et se voyaient empêchées de mener leur entraînement jusqu’à son terme.
Selon son récit, corroboré par ceux de deux autres anciens membres de la marine d’après le Daily Mail, il existait une liste – une d’hommes, une de femmes – de personnes qui seraient violées si le sous-marin était en perdition. «Ils me disaient, tu es numéro six… donc si les choses tournent mal, tu ferais mieux de fuir, a raconté Sophie Brook. Elle a également affirmé avoir retrouvé l’un de ses collègues s’exhibant sur le lit de la jeune femme, ou qu’un officier l’avait embrassée pendant son sommeil.
Ces événements l’ont conduite à des actes d’automutilation, au point de recevoir neuf points de suture à un bras et malgré un avis médical contraire, elle a été envoyée tenir sa garde. Elle avait «la responsabilité totale de 165 membres d’équipage, du réacteur nucléaire et des missiles nucléaires en n’ayant quasiment pas dormi», a-t-elle raconté, soulignant le danger d’une telle situation. Selon des chiffres publiés en 2019, les femmes représentent seulement 1% du personnel des sous-marins de la marine britannique.
Mais ce qui est très étonnant dans cette histoire, c’est que cette désormais célèbre Sophie Brook n’est pas pas une inconnue. Elle s’était également fait remarquer pour une autre histoire en juiin 2022 à connotation sexuelle à bord de la Classe Vanguard…