Classe Le Redoutable
(1971 - 2008)
Mise à jour 9 juin 2024
- Etudes / Construction : 1964 –
- Période service : 1971 – 2008
- Prévu : 6
- Réalisés : 6
- En service : 0
- Perdu : 0
- Propulsion : Nucléaire
- Hélice : 1 x 7 pales
- Longueur : 128,7 m
- Maître-bau : 10,6 m
- Déplacement S/P : 8.080 / 8.920 t
- Profondeur : 300 m
- Vitesse surface : 20 nds
- Vitesse plongée : 26,35 nds (record)
- Equipage : 135
- Armement : Torpilles, missiles (B)
La construction de cette nouvelle Classe débute fin 1964 à Cherbourg, aboutissement du programme Caelacanthe. Il s’agit de créer un sous-marin de plus de 9.000 tonnes, équipé d’un système de propulsion nucléaire et qui doit être capable de tirer des missiles à têtes nucléaires.
Le Redoutable, premier exemplaire de cette Classe, est lancé le 29 mars 1967 à Cherbourg en présence du général de Gaulle. Il est admis au service actif le 1er décembre 1971 au sein de la Force océanique stratégique (FOST).
Si on tient compte de l’inflation, sa conception avec son armement auraient coûté la bagatelle de 90 milliards d’euros de 2019 !
À son admission au service actif, il est équipé de seize missiles mer-sol balistiques M1 (450 kt et d’une portée de 2.000 km), puis M2 à partir de 1974. En 1977, il est doté de missiles M20 comportant chacun une tête nucléaire d’une mégatonne et d’une portée supérieure à 3.000 km. La tranche réacteur est longue d’environ huit mètres et d’un poids de 700 tonnes. L’arrivée en service de l’Inflexible en 1985 s’accompagne du nouveau missile M4 et ses six têtes d’une portée de 4.000 km.
Les autres unités de la Classe seront par la suite équipées de cette même force de frappe (à l’exception du Redoutable) et des nombreuses autres évolutions issues de cette refonte (visuellement, on distingue le M4 par ses barres de plongées plus grandes et implantées beaucoup plus en haut sur le massif). Les équipements sont modernisés, le sonar avant modernisé (d’où la proéminence du bulbe de la proue), les lignes adoucies et l’agencement intérieur amélioré au profit du confort de l’équipage. Une véritable transformation !
Retirés du service entre 1991 et 2008, ils sont en cours de démantèlement sous la responsabilité de la Direction générale de l’Armement. Le Redoutable (S-611) est exposé à la Cité de la mer à Cherbourg.
SNLE - Les 4 phases du Cycle (par Denis Mathys)
Plans - Version d'orgine
Plans - Refonte M4
Source Jean-Jacques QUENET
Illustrations David Morel (800tonnes.com)
Hommage à l’Amiral Louzeau
L’Amiral Bernard Louzeau (Babar pour ses intimes) quitte définitivement la soumarinade le vendredi 6 septembre 2019 à l’âge de 89 ans. En 1967, il suit les travaux de construction du sous-marin nucléaire lanceur d’engins Le Redoutable, puis en dirige les essais et la première patrouille opérationnelle, en 1972.
Un rêve de gosse
L’acteur Lino Ventura trouve un matin dans sa boite aux lettres une invitation. La Marine nationale lui propose d’embarquer à bord du sous-marin nucléaire « Le Terrible ». Ce 8 février 1987, Lino Ventura est sur un petit nuage, il en rêvait discrètement. Seul le photographe qui réalise cette photo, Christian Brincourt, est au courant. C’est d’ailleurs lui qui en a parlé au chef d’état-major. La réponse ne s’est pas fait attendre : « Nous avons beaucoup de respect pour monsieur Ventura, il n’est pas seulement acteur, c’est un homme engagé, nous l’attendons ! » Les commandants du sous-marin sont au port en grand uniforme, mais l’équipage n’est pas au courant. C’est une surprise dans cette plongée qui va durer trois nuits et quatre jours. À la fin de l’expédition, dans la salle d’observation où se tient Lino Ventura, l’équipage lui remet une enveloppe. Tous se sont cotisés pour son association « Perce-Neige ». Lino, le dur du cinéma, est ému. Un rêve de gosse immortalisé par le Journal Paris Match.
Greenpeace et les sous-marins
L’organisation écologiste Greenpeace fait parler d’elle le 22 juin 1983 lors du lancement de l’Inflexible. Des manifestants se jettent à l’eau pour empêcher le bateau de rejoindre le bassin. Ils seront vite évacués par la sécurité avant que les autorités ne s’en aperçoivent.
D’autres manifestations de ce type se produisent un peu partout, comme en janvier 2001 où huit personnes tentent de monter sur le HMS Tireless en panne à Gibraltar. Ils réussissent à brandir une banderole où il est écrit « Mares libres del peligro nuclear ». D’autres opérations seront menées contre les HMS Vengeance à Faslane, HMS Talent à Hambourg, HMS Conqueror à Plymouth, etc.
Le difficile exercice du 14 juillet
Lorsque la nation dispose d’un tel équipement et dissuasion, il faut le faire savoir. Alors, on invite les équipages à défiler le 14 juillet sur les Champs Elysées. L’exercice est difficile en soi car marcher au pas pendant des kilomètres n’est pas dans le manuel de formation du sous-marinier. Mais ce qui complique les choses, c’est quand on abuse de la tisane la veille de la promenade.
L’année 71 avait été catastrophique à cet égard avec l’équipage du Redoutable et on avait décidé de consigner la promotion du Terrible en 72 la veille du défilé. Peine perdue, ils avaient trouvé la parade pour fêter la sortie parisienne !