JAPON
A la sortie de la guerre, le Japon ne disposait plus de sous-marins. Ce sont les Américains qui lui fournirent un premier Gato dans les années 60 avant qu’ils ne construisent la Classe Oyashio au sein de la MSDF (Japan Maritime Self-Defense Force). Cette notion de Force d’auto-défense est primordiale pour comprendre la stratégie nationale du Japon. Ce principe était simple : Le Japon développerait des sous-marins pour la défense de ses côtes et laisserait les Etats-Unis s’occuper de sa protection dans les eaux bleues. Mais aucune stratégie ne résiste à l’œuvre du temps
Au mois de septembre 2015, la chambre haute adopte (après la chambre basse au mois de juillet) une nouvelle législation qui parachève la mise en œuvre d’une nouvelle politique de défense. Cette doctrine, amorcée dès 2011 par le JDP (Japan Democratic Party), est poursuivie par le gouvernement PLD de Shinzo Abe élu en 2012. L’opinion publique a surtout retenu de ces réformes la réinterprétation de la Constitution autorisant désormais un « droit de défense collective », mais peu les nouveaux principes régissant les exportations d’armement de 2014.
Cette évolution a été critiquée par Pékin, qui dénonce la remise en cause par les autorités japonaises des équilibres issus de la Seconde Guerre mondiale. La Corée partageait les mêmes positions, qui semblent toutefois avoir évolué à la suite du quatrième essai nucléaire nord-coréen, le 6 janvier 2016, favorisant un rapprochement avec Tokyo. En revanche, cette évolution de la politique de défense et de sécurité du Japon allant dans le sens d’un plus grand engagement, a été accueillie très positivement dans le reste de l’Asie, en Australie et aux Etats-Unis.
Derrière le concept de « pacifisme proactif » énoncé dans la Stratégie de sécurité nationale, la première dans l’histoire du Japon d’après-guerre, il s’agit pour Tokyo de répondre à deux défis majeurs qui sont la montée en puissance militaire d’une Chine qui multiplie les provocations dans l’environnement immédiat de l’archipel, et la nécessité d’assurer à long terme l’engagement de l’allié américain aux côtés du Japon. Au-delà, les textes fondamentaux de la défense japonaise soulignent la montée des tensions dans l’ensemble de l’Asie, notamment sur mer, et le risque posé par une Corée du Nord qui poursuit le développement de ses capacités balistiques et nucléaires.
La nouvelle politique de défense a donc aussi pour objectif de lever une partie des obstacles qui pesaient sur l’engagement des forces japonaises à l’étranger, y compris en matière de secours aux ressortissants japonais.
La libéralisation des règles d’exportation des matériels et technologies de défense constitue un élément important, qui ouvre des perspectives nouvelles en matière de coopération, mais pourrait également faire du Japon un acteur significatif du secteur.
Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, de nouvelles règles d’engagement « mieux en conformité avec les critères de l’ONU » ont été définies, autorisant l’usage des armes pour des opérations de défense collective. C’est dans ce contexte stratégique et ce cadre législatif que s’inscrivent les nouvelles règles régissant les exportations d’armement et le transfert de technologies militaires.
Le 30 novembre 2015, le Japon avait déposé son offre basée sur la Classe Soryu, pour le remplacement de la Classe Collins en Australie. Il était présenté comme l’un des sous-marins les plus performants de sa catégorie, notamment en termes de furtivité, aboutissement de plusieurs décennies de recherches sur la motorisation et les matériaux. Le contrat, estimé à 50 milliards de dollars a été remporté par Naval Group avec son offre dérivée du Barracuda.
Pour le moment, les entreprises japonaises (Mitsubishi Heavy Industry (MHI) et Kawasaki Shipbuilding (KHI)), qui se répartissent alternativement la charge de travail, n’ont qu’une expérience limitée en matière d’exportations d’armement et le marché pour l’Australie leur a échappé malgré le soutien des Etats Unis.
Pour terminer par une touche de poésie, nous devons féliciter cette nation qui a pour habitude de nommer ses sous-marins de noms qui feront rêver plus d’un marin : « Bains à remous », « Marée du soir », « Marée du matin », « Gâteau de riz », « Vague sur la plage », « Marée sous la neige », « Marée qui apporte le bonheur », « Sel de printemps », « Brume de chaleur », etc.