Jour Maigre (Canada) et BBQ
Mise à jour 5 juin 2024
Un exemple de coutume qui continue d’évoluer ou de changer avec les années est celui du « Jour maigre » (ou Banyan), fête spéciale particulière à la marine canadienne. Malgré la nature changeante de cette fête, on y retrouve trois constantes : c’est toujours une partie de plaisir, elle a lieu à l’extérieur et l’accent est mis sur la bonne nourriture, la boisson et la camaraderie, quelque chose, en somme, qui ressemble à un bon vieux pique-nique.
Dans la marine, le Banyan était à l’origine un jour maigre, donc peu populaire. Ce terme de marine remonte au XVIIème siècle. Les lundis, mercredis et vendredis étaient des jours maigres dont le but était de conserver les tonnelets de « cheval salé », c’est-à-dire de bœuf salé, pendant les voyages en mer qui duraient souvent plusieurs mois. Le mets principal des jours maigres consistait en une espèce de bouillie de pois secs. Le mot Banyan vient des Banians, caste d’Hindous qui s’abstenaient de viande pour des motifs religieux.
Les jours maigres se sont transformés graduellement en jours plus plaisants, notamment à bord des navires privés ou des escadres détachées lors de longs voyages. On y encourageait la pêche et cette diversion de la routine était vivement appréciée. Aussi, les marins prirent l’habitude de mettre de côté des aliments plus agréables au goût qu’ils acquéraient pendant leurs séjours à terre ou qu’ils troquaient avec les propriétaires de bateaux au port. Ces « gâteries » se retrouvaient dans les différents mess pour agrémenter les repas qui, autrement, eussent été assez ternes. À vrai dire, le Banyan moderne est si populaire que même les équipages des sous-marins, avec leur pont supérieur limité, ne s’en privent pas. À condition que la mer soit assez calme pour éviter que quelqu’un ne glisse par-dessus bord, un demi-baril de pétrole peut griller les beefsteaks les plus savoureux qu’on peut enfiler avec une bière bien fraiche sous un ciel ensoleillé. Cette tradition du barbecue n’est plus limitée au Canada bien sûr.
Mais barbecue ou pas, ce qui manque le plus à bord, surtout après deux mois de mission en SNLE, ce sont des fruits frais. Quand le sous-marin arrive à quai, l’équipe qui prend le relais sur le bateau attend parfois avec une corbeille de fruits. C’est une tradition, pas toujours respectée, mais c’est superbe de manger une poire juteuse ou une mandarine après deux mois de yaourts.
En Allemagne, ce n’est pas une coupe de fruit qui attend le commandant après qu’il ait remis son bateau en ordre, mais une bonne bière pour se rincer le gosier. Elle porte le nom traditionnel de « Bière de lavement ». Elle est offerte que la mission ait duré un mois ou une journée. Pour la petite histoire, il existe en Allemagne un cocktail nommé « U-boot » qui consiste à plonger un petit verre de vodka au fond d’une pinte de bière.
Dans l’US Navy, l’alcool est interdit depuis 1899. Un sondage en 1933 a montré l’inutilité de changer la donne. Il y a des exceptions à la règle. Une ration de deux bières par jour est autorisée depuis 1980 si la patrouille excède 45 jours. De même, les navires conservent un petit stock d’alcool à des fins dites médicinales, par exemple lorsqu’un membre d’équipage est secoué par un accident.