Classe November - Projet 645– K-27

(1963 - 1982)

Mise à jour 26 mai 2024

  • Période service : 1963 – 1982
  • Bureau d’études : TsKB 18 (Rubin)
  • Prévu : 1
  • Réalisés : 1
  • En service : 0
  • Perdu : 1
  • Propulsion : Nucléaire
  • Hélice : 2 x 6 pales
  • Longueur : 109,8 m
  • Maître-bau : 8,3 m
  • Déplacement S/P : 3.420 / 4.380 t
  • Profondeur : 300 m
  • Vitesse surface : 14 nds
  • Vitesse plongée : 28 nds
  • Equipage : 104
  • Armement : Torpilles
Projet 645

Le K-27 était le seul sous-marin du Projet 645 dans la marine soviétique et n’a pas reçu de nom de la part de l’OTAN (on le rattache cependant à la Classe November). Ce Projet a consisté en la création d’un sous-marin nucléaire d’essai incorporant une paire de réacteurs nucléaires expérimentaux VT-1 (utilisant un liquide de refroidissement liquide au plomb-bismuth), placé dans la coque modifiée d’un sous-marin de Classe November (Projet 627A).

La quille de K-27 a été posée le 15 juin 1958, à Severodvinsk Chantier n° 402. Il a été lancé le 1er avril 1962, et est entré en service comme un « sous-marin d’attaque » expérimental le 30 octobre 1963. Le K-27 a été officiellement mis en service dans la flotte nordique soviétique le 7 septembre 1965. Le K-27 a été affecté à la 17ème division sous-marine, basée à Gremikha).

Lors des essais, au passage des réacteurs à la puissance maximale en pleine mer, une surchauffe du réacteur bâbord provoqua la contamination du métal dont les circuits n’étaient pas protégés contre les radiations. Puisque l’alliage irradié circulait dans la tuyauterie du premier circuit de refroidissement, on décida de protéger les gaines avec des feuilles de plomb. Mais il fut impossible d’en trouver suffisamment. On utilisa donc des sacs de plombs de chasse réquisitionnés dans les magasins des environs. Moscou en envoya 20 tonnes. Des matelots entassaient les lourds sachets en grosse toile autour des tuyaux. Chacun faisait un seul passage, pas plus.

Le sabordage du K-27

Les réacteurs nucléaires du K-27 ont été ont été problématiques dès leur première criticité, mais le K-27 a pu effectuer des essais pendant environ cinq ans. Le 24 mai 1968, la puissance de l’un de ses réacteurs a brutalement chuté. Des gaz radioactifs ont été libérés dans la salle des machines et les niveaux de rayonnement dans le K-27 ont augmenté dangereusement de 1,5 grays par heure. Ce rayonnement se composait principalement de rayons gamma et de neutrons thermiques, avec un certain rayonnement alpha et rayonnement bêta en plus générés par les gaz radioactifs libérés tels que le Xénon et le Krypton dans son compartiment de réacteur.

La marine soviétique avait donné une formation inadéquate à l’équipage et ces marins n’avaient pas connaissance que leur réacteur nucléaire avait souffert de défaillances importantes des éléments combustibles. Au moment où ils ont abandonné leurs tentatives de réparer le réacteur en mer, neuf des membres de l’équipage avaient accumulé des expositions radioactives mortelles. Lorsque le K-27 est arrivé à quai, le Commandant donna l’ordre d’évacuation immédiate. Tout le monde l’exécuta avec soulagement, sauf l’officier de l’intendance. « Je ne peux pas partir, dit-il. Il y a à bord pour des dizaines de milliers de roubles de stock alimentaires et d’équipement ! Si le navire est pillé, je me retrouverais devant les tribunaux… »

Environ un cinquième du cœur du réacteur avait subi un refroidissement inadéquat causé par des écoulements irréguliers de liquide de refroidissement. Les points chauds du réacteur se sont rompus, libérant du combustible nucléaire et des produits de fission nucléaire dans le liquide de refroidissement, qui les fait circuler dans tout le compartiment du réacteur.

Le K-27 a été installé dans la baie de Gremikha le 20 juin 1968. Le refroidissement des réacteurs et divers Projets expérimentaux ont été réalisés à bord du sous-marin jusqu’en 1973. Ils ont notamment permis le redémarrage du réacteur pour produire de l’électricité. On a envisagé de couper le compartiment du réacteur et de le remplacer par un nouveau contenant des réacteurs à eau standard VM-A. La reconstruction ou le remplacement du réacteur nucléaire était considéré comme trop coûteux et aussi inapproprié, car d’autres sous-marins nucléaires plus modernes avaient déjà été mis en service dans la marine soviétique.

Sabordé dans la mer de Kara

Le K-27 a été officiellement désarmé le 1er février 1979 et son compartiment réacteur a été rempli à l’été 1981 d’un mélange spécial d’alcool furfurylique et de bitume pour sceller le compartiment et éviter la pollution des océans par des produits radioactifs. Ce travail a été effectué par le chantier naval Severodvinsk n° 893 « Zvezdochka ».

Le K-27 a ensuite été remorqué vers une zone interdite dans l’est de la mer de Kara (à Stepovoy Bay), où il a été sabordé le 6 septembre 1982 dans un fjord à seulement 33 mètres de profondeur. Un remorqueur de sauvetage a dû donner des coup bélier dans la poupe du K-27 pour percer ses citernes de ballast arrière parce que K-27 avait touché le fond marin et que sa poupe était encore à flots. Ce sabordage a été effectué contrairement aux injonctions de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Celle-ci impose que les sous-marins à propulsion nucléaire et les navires de surface soient sabordés à une profondeur d’au moins 3.000 mètres.

La dernière expédition scientifique du « ministère russe des situations d’urgence » à la mer de Kara a examiné le site en septembre 2006. De nombreux échantillons d’eau de mer, du fond marin et de la biomasse ont été recueillis puis analysés. Le rapport final indiquait que les niveaux de rayonnement de la région étaient stables.

Les enseignements tirés du Projet 645 dans la construction de sous-marins nucléaires et la sécurité ont été appliqués aux Projets 705 et 705K (Classe Alfa) qui seront équipées de réacteurs similaires refroidis par un métal liquide.

Plans de récupération

En septembre 2012, on a annoncé que le sous-marin devait être levé de son lit peu profond de la mer de Kara. Le navire était une « bombe à retardement nucléaire » et le navire rouillé et en décomposition pourrait atteindre un niveau critique conduisant à une « réaction en chaîne incontrôlée ». Bien qu’une mission conjointe russe et norvégienne en 2012 n’ait pas trouvé de niveaux alarmants de radioactivité dans les eaux et les sols entourant le sous-marin, l’urgence concerne le démantèlement des réacteurs nucléaires si le sous-marin devait être soulevé. Les réacteurs ayant été refroidis par des métaux liquides, les crayons nucléaires ont fusionné avec le réfrigérant lorsque les réacteurs ont été arrêtés et les méthodes classiques ne peuvent pas être utilisées pour le démontage de ces réacteurs. Cependant, en France « Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives » a conçu et fait don d’un équipement spécial pour une cale sèche (SD-10) à Gremikha, qui a été utilisé pour démanteler des sous-marins de la Classe Alfa qui partageaient cette même caractéristique. Cependant, depuis le démantèlement du dernier réacteur Alfa en 2011, cet équipement est à l’abandon.

En 2017, on prévoyait à nouveau de lever le sous-marin, d’ici 2022. Le Centre de recherche d’État de Krylov à Saint-Pétersbourg a annoncé qu’il travaillait sur des plans pour un quai flottant en catamaran, capable de lever des charges aussi lourdes que le sous-marin.

Une photo rare du sabordage du K-27 dans la mer de Kara
Des photos du K-27 prises par une expédition Russo - Norvégiène
Le désastre nucléaire de la mer de Kara
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