Classe Mike - Projet 685 Planik

(1983 - 1989)

Mise à jour 30 juin 2024

  • Période service : 1983 – 1989
  • Bureau d’études : Rubin
  • Prévu : 1
  • Réalisés : 1
  • En service : 0
  • Perdu : 1
  • Propulsion : Nucléaire
  • Hélice : 2 x 5 pales (contre rotatives)
  • Longueur : 117,5 – 118,4 m
  • Maître-bau : 10,7 – 11,1 m
  • Déplacement S/P : 5.880 / 8.500 t
  • Profondeur : 1.000 m
  • Vitesse surface : 14 nds
  • Vitesse plongée : 30,6 nds
  • Equipage : 64
  • Armement : Torpilles (Shkval)
K-278 du Projet 685 Planik

Le Projet 685 Planik (nageoire) a été conçu par le Bureau d’étude Rubin afin de développer un sous-marin capable d’emporter aussi bien des torpilles que des missiles de croisière conventionnels ou dotés d’ogives nucléaires.

Le but de ce Projet était d’étudier l’effet des grandes profondeurs sur les systèmes d’arme. L’ordre de concevoir les plans du sous-marin est donné à la demande de l’État-major de la Flotte en 1966 et ces derniers sont achevés en 1974. La quille du K-278 (premier (et seul) sous-marin de sa Classe) est posée le 22 avril 1978 à Severodvinsk sur les bords de la mer de Barents. Il est lancé le 3 juin 1983 et commissionné le 28 décembre 1983. A l’origine, il portait le nom de Projet 943).

Il mesure 120 mètres de long, 11 mètres de hauteur un tirant d’eau de 8 mètres pour un déplacement d’eau de 8.500 tonnes. Sa double coque en titane fait alors de lui le sous-marin pouvant plonger le plus profondément au monde, avec une profondeur opérationnelle de 900 mètres, bien plus importante que celle des sous-marins américains à cette époque. Sa coque interne est divisée en sept compartiments (les cloisons des compartiments n° 2 et 3 étant renforcées afin de créer une « zone de sécurité »). Une capsule de sauvetage, résistant jusque 1.500 m est intégrée au massif. Pouvant accueillir tout l’équipage, elle permet aux marins d’abandonner le bâtiment en cas d’urgence.

Le K-278 est équipé de deux réacteurs nucléaires pour sa propulsion. Ils étaient révolutionnaires pour leur système de refroidissement. Les services de renseignements occidentaux estimèrent dans un premier temps la vitesse du K-278 en partant de l’hypothèse qu’il était propulsé par deux réacteurs à métal liquide plomb-bismuth. Lorsque l’Union soviétique révéla que le sous-marin était propulsé par un réacteur à eau pressurisé conventionnel OК-650b-3, les estimations de vitesse furent revues à la baisse.

D’après Norman Polmar et Kenneth J. Moore (deux experts occidentaux des sous-marins soviétiques) la conception du Projet 685 comprend de nombreux systèmes automatisés, qui permettent de réduire le nombre de marins normalement nécessaires pour manœuvrer un sous-marin de cette taille. Les listes d’équipages du ministère de la Défense soviétique mentionnent en 1982 un équipage de 57 hommes. Ce nombre sera porté par la suite à 64 hommes.

Le K-278 était censé devenir le premier d’une large Classe de sous-marins nucléaires d’attaque. Il devient opérationnel fin 1984, mais les exemplaires construits sur le même modèle ne verront jamais le jour. Après avoir passé le stade de prototype, il prend part aux patrouilles de surveillance sous-marines. En novembre 1983, il est affecté à la 6ème division de la 1ère flottille de sous-marins de flotte du Nord. Le 4 août 1984, il bat le record de plongée pour un sous-marin d’attaque avec une immersion à 1.027 m.

A cette profondeur, il était presque invulnérable aux armes anti-sous-marines et invisible aux sonars. Ce submersible a servi à mener des expériences de plongée, mais il a également participé à des exercices et des missions de la Flotte du Nord soviétique.

Le 31 janvier 1989, il est renommé « Komsomolets » et classé comme un sous-marin de lutte contre la guerre sous-marine.

Maquette Musée de la Marine de Sébastopol
Eau prélevée à 1.027 m par le K-278

On a perdu la nacelle de sauvetage du Komsomolets K-278

Lors de la construction, on avait prévu d’installer une nacelle de sauvetage qui devait se détacher en cas d’accident. Mais les tests en condition réelle (-1.000 m de profondeur) n’ont pas été réalisés. Du coup, lors d’une des premières sorties en mer, la nacelle s’est détachée toute seule à la grande surprise de l’équipage. Pendant les recherches pour la retrouver, le chef plongeur trouva la mort. Par la suite, on procéda à des tests, mais à -30 m de profondeur, par temps calme, sans inclinaison.

Naufrage du Komsomolets K-278 (7 avril 89) 

Source Wikipedia

Le 7 avril 1989, le Komsomolets navigue à 380 mètres de profondeur près des côtes norvégiennes, à 180 km au sud-ouest de l’île de Medvezhy, pour une patrouille commencée le 28 mars de cette même année.

Peu après 11h, un incendie se déclare dans le compartiment 7, sans doute dû à une petite quantité d’huile se déversant sur une surface brûlante, dans cet endroit où passent des flux d’air comprimé et connectés aux ballasts. Le centre de commandement ordonne alors d’éteindre le feu avec du Fréon, un gaz inerte susceptible de l’étouffer. Cela provoque l’asphyxie d’un premier sous-marinier qui se trouvait dans le compartiment. Mais le commandement ignore qu’un flux d’air se déverse dans le compartiment, le transformant en véritable fourneau. Le feu se répand alors dans tout le bâtiment et le gouvernail de direction se bloque. Afin d’éviter une catastrophe nucléaire, les réacteurs sont stoppés, ce qui prive le sous-marin de sa principale source d’énergie.

Le commandement ordonne alors la remontée du bâtiment, par la vidange des ballasts. Arrivé en surface, il envoie un SOS chiffré à l’armée soviétique. L’équipage est loin d’être tiré d’affaire, car l’incendie, qui se propage par les câbles, dégage une chaleur intense. Des hommes tombent inconscients, le CO2 étant détecté trop tard. À 11h41 le SOS est reçu et l’armée de l’air est mise en état d’alerte. L’hécatombe est déjà largement commencée, et les tentatives de ventilation et de remise en route du moteur diesel seront vaines.

À 12h19 le Commandant Vanine abandonne le protocole de sécurité et envoie un SOS non chiffré en indiquant son nom, sa position et les circonstances de la catastrophe. L’Amiral Tchernavine ordonne que l’on demande de l’aide à la flotte norvégienne. Mais celle-ci ne fut pas alertée. Les secours sont totalement désorganisés et trop tardifs.

À 14h40 le bâtiment est repéré par les secours aériens. L’eau est glacée, la visibilité mauvaise et la majorité de l’équipage sur le pont. Seul le commandement et quelques techniciens sont encore à bord pour tenter de sauver le bâtiment.

Les secours sont prévus pour 18h. Dans des conditions météo défavorables et malgré un protocole de sécurité défectueux, des tentatives de sauvetage du sous-marin durent 4 heures. A 16h42, l’ordre d’abandonner le navire est donné.

Les hommes prennent alors place dans les canots de sauvetage et de petits radeaux de sauvetage sont lancés par un avion. Mais de nombreux hommes étaient déjà morts d’hypothermie dans les eaux à 2 °C de la mer de Barents. Le Komsomolets commence à sombrer vers 17h. Six hommes sont alors à l’intérieur, dont le Commandant. Cinq hommes réussissent à s’échapper du sous-marin par une capsule de secours, mais un seul réussit à rejoindre la surface. Les radeaux de sauvetage, trop peu nombreux, laissent une cinquantaine d’hommes à la mer. Un bateau-usine de transformation de poissons (Alexeï Khlobistov) arrive peu avant 18h00, 81 minutes après le naufrage du K-278, et remonte 25 survivants et 5 morts à son bord. Au total, le naufrage fait 42 victimes, 38 hommes meurent noyés et 4 sont portés disparus.

Le tollé international provoqué par le naufrage du Komsomolets a contraint le gouvernement soviétique et son gouvernement russe successif à prendre des mesures sérieuses pour déterminer les dangers de la catastrophe. Ils souhaitaient apparemment éviter une autre dissimulation de Tchernobyl.  Une enquête interne sur l’accident se déroule alors pendant 7 ans, effectuant neuf expertises et identifiant les parties responsables. Entre 1991 et 1993, la Russie a annoncé avoir effectué des prélèvements et noté que le césium 137 issu des réacteurs n’avait provoqué qu’une pollution minime.

Mais l’enquête fut brusquement arrêtée par le procureur avant qu’elle ne puisse conduire à un procès et les résultats ont été gardés secrets.

Les Russes ont à un moment pensé le remonter à la surface mais le projet fut abandonné faute de crédits et à cause d’insurmontables difficultés techniques. Des travaux d’étanchéité (anneau en titane épais de deux mètres) ont ainsi été entrepris pour éviter la corrosion des missiles nucléaires contenant du plutonium et empêcher le transfert de particules par les migrations du plancton.

En 2019, des radiations ont été détectées près de l’épave d’un sous-marin nucléaire russe K-278 Komsomolets. Ce fut l’une des plus grandes catastrophes sous-marines de l’histoire et elle refait encore parler d’elle. La BBC révèle que des chercheurs pensent avoir découvert une fuite radioactive près de l’épave. Les analyses effectuées par un robot contrôlé à distance ont mis en évidence la présence de radiations 800.000 fois supérieures à la normale. C’est la première fois que la Norvège utilise ce type de robot pour tenter d’obtenir des résultats plus précis.

Pour la petite histoire, parmi quelques restes de l’épave du sous-marin, une petite horloge du Komsomolets est conservée au musée naval de Leningrad. Elle est arrêtée à 17h23.

Le 7 avril est désormais célébré en Russie comme le jour où l’on honore la mémoire de tous les sous-mariniers morts en service.

Photo Norvegian Institute of Marine research
Photo Norvegian Institute of Marine research
Photo Norvegian Institute of Marine research
Objets remontés à la surface avec la montre arrêtée à 17h23
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