Classe Akula - Projet 971 - Chtchouka B

(1984 - )

  • Période service : 1984 – 
  • Bureau d’études : Malakhit
  • Prévu : 15
  • Réalisés : 13
  • En service : 13 (Inde – 2 ; Russie – 11)
  • Perdu : 0
  • Exportation :  Inde (location)
  • Propulsion : Nucléaire
  • Hélice : 1 x 7 pales
  • Longueur : 110,3 m (113,3 m pour le 971U)
  • Maître-bau : 13,6 m
  • Déplacement S/P : 7.500 / 9.500 t
  • Profondeur : 520 m
  • Vitesse surface : 10 nds
  • Vitesse plongée : 33 nds
  • Equipage : 85
  • Armement : Torpilles, missiles (AN, C)
Akula III (K-335 Gepard)
Akula II ?

Akula ou Akoula (Requin) est le code OTAN pour désigner une Classe de sous-marins nucléaire d’attaque soviétique. La dénomination russe est Project 971 Chtchouka B (Brochet). La classification OTAN (Akula I, II, III) n’a pas d’équivalent en Russie car les Projets 971 diffèrent tous les uns des autres. Il existe de nombreuses différences entre chaque sous-catégorie (par ex. 971, 971M, 971U, 971A…).

Les véritables origines du Projet 971 (Akula) se trouvent dans deux autres designs : Le Projet 991 (dessiné en 1970-1973) et les Projets 657958 (IglaAfalina). A partir de 1967, le Projet a beaucoup évolué et devait à l’origine être constitué de sous-marins « intercepteurs » qui ont fini par devenir le Projet 705 (Alfa) afin de contrer la menace des SSBN américains lanceurs de missiles balistiques Polaris. Mais avec la croissance de la gamme de SSBN, l’idée de créer un système à deux composants est tombée à l’eau. 

En fait, le Projet 971 (Akula) a été poussé à l’origine comme une réponse mixte aux Projets 657958 (IglaAfalina). Ils devaient donc remplacer la Classe Alfa et concurrencer la Classe Los Angeles de l’US Navy. Vous trouverez plus d’information sur les Projets 991/657/958 dans la section réservée aux Projets abandonnés. 

Mais revenons aux Akula

Prototype probable de l’Akula
Maquette de l'Akula I

Le Projet 971 correspond à l’Akula I ou sous-Projet 09710.

Le Projet 971I (Akula I amélioré) ou sous-Projet 09711 est beaucoup plus silencieux. Le Nerpa et l’Iribis (loués à l’Inde) ont une chambre de sauvetage différente, qui se distingue par le grand dôme sur la surface supérieure du massif, derrière la baignoire.

Le Projet 971A n’a jamais vu le jour, même s’il devait apporter des améliorations au niveau du bruit.

Le Projet 971U correspond à l’Akula II ou sous-Projet 09713. Un seul bâtiment a été terminé (K-157 Vepr). Il mesure trois mètres de plus et 700 tonnes en plus que l’Akula I. C’était le premier sous-marin soviétique à être plus silencieux que ses homologues américains (Classe Los Angeles).

Le cas de l’INS Chakra est un peu plus compliqué. Sa construction a débuté en 1993 (sous le nom de K-152 Nerpa), mais elle a été mise en sommeil faute de crédit. Les travaux ont repris entre 2004 et 2007 grâce à des financements indiens dans le cadre d’une location qui a débuté en 2009. On pense qu’il est à classer parmi les Akula II, mais il est évident qu’il a bénéficié des améliorations du Projet 971I (Irbis). Le contrat de location de ce Chakra II qui arrive à expiration en 2022, devait être prolongé de cinq ans mais il est finalement retourné en Russie en mai 2021 après qu’une bouteille d’oxygène ait explosée entre les deux coques au printemps 2020. Il est utile de préciser qu’un autre sous-marin soviétique loué à l’Inde entre 1988 et 1992 a aussi le nom de « Chakra ». Il s’agit d’un Classe Charlie I (K-43).

L’Inde et la Russie ont entamé en mars 2019 les termes d’un accord inter-gouvernemental pour la location d’un troisième sous-marin nucléaire d’attaque et donc d’un deuxième Akula pour la somme de 2.670 millions d’euros. L’objectif opérationnel est que l’Indian Navy puisse remplacer l’INS Chakra II par l’INS Chakra III en 2025. Ce bateau pourrait être le Samara (K-295), l’Iribis qui n’a jamais été terminé ou le K-391 Bratsk. Il portera le nom de Chakra III.

De 1985 (date du lancement du premier Akula, le K-284 Akula) à 1991, sept bâtiments interdirent l’accès au pôle Nord avec leurs huit tubes lance-torpilles (4 tubes de 533 mm et 4 tubes de 650 mm). Tous les sous-marins de la Classe Akula étaient affectés à la flotte du Pacifique jusqu’en 1994. La marine soviétique puis la marine russe ont ordonné la construction de quinze sous-marins de cette Classe. Dix sous-marins sont en service ou en cours de modernisation/réparation et un sous-marin est en prêt en Inde.

C’est l’un des sous-marins les plus perfectionnés de la marine russe. Au niveau des émissions sonores, il est réputé plus silencieux que les sous-marins américains de la Classe Los Angeles, au moins à faible vitesse, grâce aux technologies transférées par Toshiba et Kongsberg (scandale révélé en 1987). Des fraiseuses numériques CNC-300 de Toshiba, dont les cinq axes de coupe sont gérés simultanément par des ordinateurs norvégiens de chez Kongsberg Vaapenfabrikk ont été transférées en URSS. Elles ont été la clé du silence pour les sous-marins, en permettant de fabriquer des hélices avec des pales en forme de sabre. Selon certaines sources, l’Akula a pu bénéficier des 7 pales avant l’arrivée de ces fraiseuses. Ces dernières n’ont fait que faciliter leur production.

Les tuiles anéchoïques des sous-marins russes de la Classe Akula ont une épaisseur d’environ 100 mm et permettent de réduire leur signature acoustique de 10 à 20 dB. On prête aux Akula d’avoir utilisé pour la première fois des torpilles dénuées d’explosifs, mais équipées de générateurs de sons qui imitaient la signature acoustique d’un sous-marin.

Quatre bâtiments seront modernisés à partir de 2018 (K-328 Léopard, le K-461 Volk, le K-391 Bratsk et le K-295 Samara. Un cinquième, le K-335 Gepard pourrait même avoir été le premier modernisé (à confirmer). Certaines unités modernisées conservent leur bulbe ALR sur la gouverne car ils sont issus de la variante Akula I. Les travaux de modernisation seront effectués au chantier naval Zvezdotchka. Le Léopard sera doté de missiles de croisière dernier cri Kalibr, ainsi que d’équipements radio-électroniques modernes et de puissantes stations hydroacoustiques. Il prend le nom de Projet 971M. C’est l’Akula III ou sous-Projet 09714. On annonce également que toutes les unités en cours de modernisation devraient pouvoir lancer des missiles Kalibr et Zirkon. Le problème, c’est que le Zirkon ne peut être lancé que verticalement et que l’Akula III ne dispose pas de tubes verticaux.

971 (Akula I)
971I (Akula II - INS Chakra)
Akula II (K-157 Vepr)
INS Chakra II avec son dôme spécifique
971M (Akula III)
K-328 Léopard (Akula III)
K-328 Léopard (Akula III) en sortie de modernisation
Capsule ALR
Petite partie de Billard pour le fun
Petite partie de Billard pour le fun
Illustration David Morel (800tonnes.com)

Accident sur le Nerpa (rebaptisé Chakra) (Novembre 2008)

Avant son prêt à la Marine indienne, le 8 novembre 2008 à 5h30 GMT, un accident à bord du K-152 Nerpa alors en essais en mer du Japon, provoque la mort de 20 personnes et en blesse 22 autres, qui sont évacuées dans le territoire du Primorié. Le sous-marin a lui-même regagné le 9 novembre 2008 la base de la Flotte du Pacifique, située à Bolchoï Kamen, à 150 km de Vladivostok, accompagné du navire de sauvetage Saïany.

L’activation inopinée du système anti-incendie et la libération, selon certaines sources, de trichlorofluorométhane (fréon) toxique est à l’origine de l’accident. C’est le plus important accident rencontré par la Marine russe depuis le naufrage du Kursk le 12 août 2000. Selon les autorités russes, le facteur humain est exclu, ce que démentent certains experts et vétérans en arguant que le surnombre à bord du submersible (208 personnes au lieu de 73, dont 127 techniciens ou civils peu aguerris aux procédures d’urgence) pourrait avoir été un élément déterminant dans l’accident.

La commission d’enquête conclut à la responsabilité d’un marin, membre de l’équipage permanent du sous-marin, soupçonné d’avoir mal réglé le capteur de température. Il est inculpé d’homicide involontaire. Cependant, des ingénieurs ayant construit le sous-marin indiquent que le système anti-incendie était trop complexe pour être déclenché par erreur par un membre d’équipage. De plus, des matelots mettent en cause l’ordinateur de bord, qui aurait déjà déclenché inopinément en usine le système anti-incendie, comme la présence de masques à gaz défectueux.

Enfin, l’usage de l’anglais dans les logiciels et les instructions affichées du système anti-incendie est évoqué comme facteur aggravant de l’accident. Finalement, on apprendra le 25 novembre 2008 des chantiers navals que le panneau de contrôle central du système anti-incendie était « mal fini » et « a déjà connu des problèmes » et que le système « Molibden-I » de contrôle centralisé du bâtiment lui-même « exige de sérieuses améliorations ». Les essais en mer du Nerpa se poursuivront jusqu’en mars 2009 avec le même équipage à l’issue de l’enquête et des expertises techniques nécessaires. Il sera dès lors confié aux Indiens.

Prise d’otage sur le K-157 Vepr (11 septembre 1998)

Le 10 septembre 1998, peu avant minuit, le Vepr est au port de Severomorsk. Alexander Kuzminykh, un marin âgé de 19 ans qui était sous la menace d’une punition, a fait irruption de son quartier, a tué un garde en le poignardant avec un ciseau, puis a saisi son fusil d’assaut AKS-74U et a abattu cinq autres marins. Il a ensuite pris deux otages, qu’il a ensuite tués. Il s’est barricadé dans la salle des torpilles et, pendant 20 heures, a menacé à plusieurs reprises d’incendier les torpilles. Alors que le Vepr n’avait pas d’armes nucléaires et que son réacteur était arrêté, la détonation de ses torpilles aurait brisé son réacteur, créant ce que le directeur régional du Service fédéral de sécurité (FSB), Vladimir Prikhodko, a décrit « une catastrophe nucléaire… un deuxième Tchernobyl ». Il a ensuite activé de système de protection incendie en libérant du fréon mortel dans le troisième compartiment qui abritait 31 marins (l’alerte donnée à temps a heureusement permit à l’équipage de mettre leurs masques à gaz.

Les tentatives pour le persuader de se rendre ont échoué. La mère de Kuzminykh a été amenée par avion à la base navale mais n’a pas pu convaincre son fils de se rendre. La situation est restée bloquée jusqu’au début de la matinée du 12 septembre, lorsqu’une unité spéciale de commando anti-terroriste du FSB a pris d’assaut la salle des torpilles. Les premiers rapports indiquaient qu’il avait été tué par le FSB en insérant un explosif dans un écouteur téléphonique qu’il avait utilisé pour communiquer avec son frère, mais des rapports ultérieurs ont indiqué qu’il s’était suicidé.

K-157 Vepr

Petit clin d’œil à l’Akula qui occupe une place prépondérante dans Fast and Furious 8
(bien qu’il soit décrit comme un lanceur d’engin et qu’ils rajouteront des barres de plongée sur le massif sur les affiches)

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