Classe Boreï / Delgorukiy - Projet 955
(2013 - )
Mise à jour 1er novembre 2024
- Période service : 2013 –
- Bureau d’études : Rubin
- Prévu : 14
- Réalisés : 8
- En service : 7
- Perdu : 0
- Propulsion : Nucléaire
- Hélice : Pump-jet
- Longueur : 170 – 178 m
- Maître-bau : 13,5 m
- Déplacement S/P : 14.700 / 24.000 t
- Profondeur : 450 m
- Vitesse surface : 15 nds
- Vitesse plongée : 29 nds
- Equipage : 107
- Armement : Torpilles, missiles (AN, AE, C, B)
La Classe Boreï (sous-Projets 09550 et 09551) était destinée à remplacer les bâtiments de Classe Typhoon et devait initialement être lancée en 2001 pour une mise en service en 2004. L’échec des trois tirs du MSBS R-39M Grom menés à partir de 1996 puis l’abandon de ce type de missile a retardé la construction du premier sous-marin, le Iouri Dolgorukiy. La classification OTAN lui a ainsi attribué le nom de Classe Dolgorukiy. Il est cependant lancé le 13 février 2008 afin de rentrer en phase de tests en juin 2009. S’en suivent une série de problèmes techniques et logiciels qui font qu’il est finalement admis au service actif le 10 janvier 2013, mais ne devient pleinement opérationnel que début 2014. L’ensemble de ces retards ont poussé le maintien des Delta IV au sein de l’active.
Pour la marine russe, la Classe Boreï est moins le moyen d’assurer la pérennité de la dissuasion nucléaire (assurée par les missiles balistiques intercontinentaux mobiles des troupes des missiles stratégiques) que de prouver son utilité stratégique (et ses budgets), alors que sa modernisation récente donne la priorité au combat littoral (avec la mise en service de nouvelles corvettes) au détriment de la haute mer.
Les sous-marins de cette Classe sont équipés d’une cellule de sauvetage capable de prendre à bord la totalité de l’équipage. Le deuxième de la série (K-550 Alexandre Nevski) est admis au service actif en décembre 2013 et le troisième (K-551 Vladimir Monomakh) a été remis à la Marine Russe le 19 décembre 2014. Ces trois unités seront les seules du Projet 955 (les unités suivantes seront des 955A).
Des premiers essais balistiques avaient été réalisés en mer en 2015. Selon la revue Submarine, pour le missile Boulava, il y aurait eu huit échecs. En réalité, le taux de réussite en plongée ne dépassait pas les 69 %, ce qui est le taux le plus bas enregistré par un missile russe de cette catégorie.
La marine russe a livré son quatrième sous-marin lanceur de missiles balistiques (SSBN) Boreï en novembre 2017 pour être lancé en 2020. Prince Vladimir est la première unité de l’amélioration du sous-Projet 0955A (alias 09552) Boreï-A, variante qui formera l’épine dorsale de l’avenir de la dissuasion nucléaire de la Russie. La conception intègre de nombreuses influences de conception occidentales avec une nouvelle configuration de la queue et du massif qui ressemblent aux sous-marins de l’US Navy. Les trois premiers bateaux de la Classe 955 Boreï ont été construits à partir de sections de coque inachevées des sous-marins d’attaque Akula (Projet 971) et des sous-marins de missiles de croisière Oscar (Projet 949). Le Boreï-A est cependant complètement nouveau. Les dimensions ne sont pas sensiblement modifiées et l’agencement interne est probablement très similaire, bien que la nouvelle construction puisse avoir permis certaines modifications de conception internes. On y notera six tubes lance torpilles, au lieu de huit (héritage des anciennes coques des Akula qui avaient été utilisées pour construire les 955 de première génération).
En mai 2019, le Boreï A (Ndsyaz Vladimir) avait terminé ses essais en mer et quatre étaient en construction. Le Ndsyaz Oleg qui doit suivre le Ndsyaz Vladimir aura lui aussi un profil unique. L’extérieur final des sous-projets du projet 955A sera sélectionné après des essais comparatifs des premières unités et la meilleure option sera choisie, ont indiqué des sources au ministère de la Défense.
La marine soviétique a souvent modifié l’aspect extérieur de ses sous-marins, principalement en raison des nouveaux équipements et armes installés sur les nouveaux navires de la série. Selon la pratique habituelle, l’extérieur du navire de tête est différent de ceux qui suivront, a déclaré le Contre-Amiral et ancien Commandant d’un sous-marin nucléaire, a annoncé le héros de la Russie Vsevolod Khmyrov. « Le navire de guerre principal est utilisé pour tester diverses armes et technologies. Après des essais, des modifications sont apportées aux systèmes, aux armes et aux communications. Le contrat signé avec le constructeur permet au navire amiral de se différencier des navires de guerre ultérieurs. Les navires de guerre et les sous-marins sont construits comme des projets uniques. Ils ne sont pas copiés comme des navires civils », a-t-il déclaré.
Selon les médias, la Russie construira six autres bateaux de la Classe Boreï-A entre 2023 et 2027, pour un total de quatorze (trois Classe Boreï et onze Classe Boreï-A). Ceux-ci remplaceront toutes les anciennes Classes de sous-marins de missiles balistiques (Delta-III et Delta-IV). Ce nombre d’unités sera suffisant pour assurer la présence de deux bateaux en mer dans les flottes du Nord et du Pacifique, avec trois navires en mer sur chaque côté pendant la majeure partie du temps.
La différence la plus visible par rapport à la ligne de base du Projet 955 réside dans les gouvernes de direction verticales entièrement mobiles (de type occidental), avec des volets situés aux extrémités des gouvernes. Le tube de sonar remorqué a été déplacé du haut de la gouverne de direction supérieure verticale vers l’hydroplane tribord.
Une autre mise à jour concerne ce qui semble être un nouveau sonar à flancs alignés le long du compartiment des missiles. Il s’agit probablement d’un tube cylindrique enfoui dans la double coque et qui pourrait faire partie du système passif à basse fréquence MG-541EM, et inclurait également le réseau remorqué. La base du massif a aussi été arrondie avant de retrouver un profil droit (contrairement au profil du Boreï de première génération qui présenter un angle d’inclinaison prononcé vers l’avant). Autre point notable, le pont où sont logés les silos missiles ne présente pas de relief supplémentaire. De même, le design de sa proue est beaucoup plus épuré. Toutes ces caractéristiques devaient améliorer l’écoulement des fluides sur sa coque, et donc sa furtivité.
La mise à niveau de ces sous-marins est une étape nécessaire. 23 ans se sont écoulés depuis la pose du Iouri Dolgoruky (première unité du projet 955). De nouveaux équipements, des recherches sur la base des éléments et l’hydrodynamique sont apparus et doivent être pris en compte dans les travaux de construction en cours. À en juger par l’extérieur du projet 955A, les nombreuses années d’expérience ont été prises en compte. Maintenant, bien malin celui qui connait en occident les caractéristiques tactiques et techniques du Ndsyaz Vladimir. Il faudra encore un peu patienter !
En novembre 2017, le chef de l’état-major général des forces armées Valery Gerasimov a annoncé l’étude d’une nouvelle variante de la Classe Boreï, le Projet 955B/Boreï-B. Il devrait comporter un nouveau système de propulsion Pump-Jet, une coque améliorée (plus longue de huit mètres) et une nouvelle technologie de réduction du bruit. Le bureau d’études Rubin en avait achevé la conception et proposé quatre bateaux Boreï B (la première unité devait être livrée à la marine russe en 2026). Cependant, La version 955B/Boreï B n’est pas inscrite au plan de développement 2018-2027 de la flotte. Ce nouveau Projet a été refusé par me ministère de la défense en mai 2018.
En avril 2019, on annonce que la marine russe pourrait passer commande de deux sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière (SSGN) issus de la famille Boreï. On parle de submersibles de sous-Projet Boreï K (955K) qui se distingueraient donc de leurs aînés qui eux, sont dotés de missiles balistiques. Selon une source au sein du complexe militaro-industriel russe, si la décision était prise de commander ces deux unités, elles seraient livrées après 2027. Supposément, ces Boreï K seraient capables de mettre en œuvre des missiles hypersoniques Zirkon. Cette information, sortie le week-end suivant l’annonce sur le submersible Laïka, s’inscrit dans la même séquence. Réponse du berger à la bergère, il s’agit de la riposte de Rubin à l’annonce sur le Laïka (le marché a été attribué au bureau Malakhit). Le ministre de la Défense russe se prête volontiers au jeu, car il ne souhaite pas dépendre exclusivement d’un seul industriel à ce stade de la réflexion sur le futur sous-marin nucléaire de 5ème génération. En faisant jouer la concurrence, il escompte aussi certainement tirer la facture vers le bas et optimiser le rapport « coût-efficacité ».
En 2020, on annonce que des essais sont en cours afin d’équiper ces sous-marins (ainsi que la Classe Yasen 885) d’obus destinés à briser la glace en surface pour permettre le lancement des missiles (balistiques ou non) et la possibilité d’atteindre la surface en cas d’évacuation d’urgence. En effet, la solution consistant à lancer des torpilles pour un résultat équivalent n’a pas donné les résultats escomptés. D’autres essais sont également réalisés pour les équiper de bouées Burak-M afin de brouiller les drones ennemis et bouées acoustiques larguées par l’aviation adverse (ce dispositif devrait être déployé sur toute la flotte).
Notons que le Projet Boreï – 2 n’est pas une évolution du Boreï, ni le 955A, mais la dénomination du Projet 935 (Projet concurrent du Projet 955 Boreï et abandonné en 1989). On y reviendra plus tard.
Covid 19, connait pas !
Le 12 juin 2020, le Knyaz Vladimir est lancé en grandes pompes depuis le chantier naval Sevmash à Severodvinsk, la ville avec le plus grand nombre de cas de coronavirus dans l’Oblast d’Arkhangelsk (1605 cas dont près de 1000 dans le chantier naval). Côte à côte, sans masque de protection ni distance de sécurité, se trouvaient le commandant en chef de la marine russe, l’amiral Nikolai Evmenov, le commandant de la flotte du Nord Aleksandr Moiseev, le sous-ministre de l’industrie et du commerce Oleg Ryazantsev, gouverneur par intérim d’Arkhangelsk. Oblast Aleksandr Tsybulsky, maire de Severodvinsk Igor Skubenko, président de l’United Shipbuilding Corporation Aleksei Rakhmanov et directeur de Sevmash Mikaul Budnichenko.
Aucune mesure particulière n’a été prise pour éviter la propagation du coronavirus lors de la cérémonie. Plusieurs dizaines de non-membres d’équipage sont montés à bord du pont du sous-marin en contact étroit les uns avec les autres, littéralement épaule contre épaule. Après, il ne faudra pas s’étonner que des bateaux soient confinés !