Classe Scorpène

(2006 - )

Mise à jour 16 avril 2024

  • Période service : 2006 –
  • Prévu : 14 (Brésil – 4 ; Chili – 2 ; Malaisie – 2 ; Inde – 9 ; Indonésie – 2 ; Pays-Bas – 4))
  • Réalisés : 12
  • En service : 11 (Brésil – 2 ; Chili – 2 ; Malaisie – 2 ; Inde – 5)
  • Exportation : Chili (Classe O’Higgins – 2), Malaisie (Classe Tunku Abdul ou Perdana Menteri – 2), Inde (Classe Kalvari – 6), Brésil (4)
  • Perdu : 0
  • Propulsion : Diesel électrique
  • Hélice : 1 x 5 pales
  • Longueur : 60 – 72 m
  • Maître-bau : 6,2 m
  • Déplacement S/P : 1.550 – 2.000 / 1.800 – 2.150 t
  • Profondeur : 350 m
  • Vitesse surface : 12 nds
  • Vitesse plongée : 20 nds
  • Equipage : 33
  • Armement : Torpilles, mines
  • Autonomie : 6.500 mn surface / 550 mn plongée / 3 mois
Scorpène indien (Classe Kalvari)

Ce sous-marin devait à l’origine être réalisé en partenariat avec le constructeur espagnol Navantia sous le nom de la Classe Marlin avec une propulsion AIP et des gouvernes en croix (non repris sur les Scorpènes actuels). Ce Projet a échoué en 2010, DCNS reprenant seul ce Projet alors que les Espagnols réaliseraient le S-80.

La famille Scorpène, issu du Scorpène 1000 (ex. Andrasta) est composée sur le papier de quatre sous-classes de sous-marins (bien qu’en réalité chaque réalisation ait été faite sur mesure) :

  • Scorpène CA-2000ou Scorpène Compact : Adapté aux eaux littorales (60 m), il est particulièrement discret grâce à l’utilisation du système anaérobie Mesma comme mode de propulsion principal ;
  • Scorpène CM-2000ou Scorpène Basic : Sous-marin diesel électrique multi mission (66,4 m) ;
  • Scorpène AM-2000 : Sous-marin anaérobie équipé du système de propulsion anaérobie AIP Mesma comme mode de propulsion secondaire afin de tripler son autonomie en plongée. Ses caractéristiques de performance restent les mêmes à tous les autres égards, sauf sa longueur qui passe à 70 m et son déplacement sous l’eau à 1.870 t (contre les 66,4 m et les 1.565 tonnes du CM2000).
  • Scorpène S-BR : Version sans AIP construit pour la marine brésilienne. Version allongée de 71,62 m, déplacement S-P de 1.717 – 1.870 tonnes et 45 hommes d’équipage.
Scorpène Basic - SS-22 General Carrera (Marine Chilienne)
Scorpène S-BR Humaita (S-41)
Scorpène 1000
Classe Marlin (Illustration Naval Group)
Classe Marlin présentée au salon IDEAS 2006
Scorpène AM-2000 et son module AIP Mesma (photo Navy Recognition)

Une version du Scorpène 2000 (dévoilée en 2015 au « Undersea Defence Technology exhibition and conference » à Rotterdam) montre comment Naval Group intègre les dernières technologies (comme des piles à combustible de 2ème génération, le déploiement et la récupération de drone, la bouée multifonction Vipère…) ainsi que les exigences du client sur ses projets de déploiement. Ce nouveau Scorpène 2000 présentait un kiosque et un arrière modifié. Selon Marie Nicod, architecte naval de Naval Group, la seule partie qui n’ait pas été modifiée est l’avant. Grâce à sa largeur, le massif peut accueillir jusqu’à huit mâts. Le sous-marin est équipé de barres de plongée en croix de St-André pour une meilleure manœuvrabilité, ainsi que de stators à pales fixes : ils réduisent les pertes provoquées par l’hélice et augmentent ses performances. Naval Group peut adapter les Scorpène 2000 aux spécifications du client, y compris sa taille et ses formes. Cette version du Scorpène 2000 peut employer tous les types d’armes : torpilles, missiles anti-navires et anti-aériens, missiles de croisière, drones et véhicules pour les nageurs de combat.

Scorpène 2000 (version présentée en 2015 au « Undersea Defence Technology exhibition and conference » à Rotterdam)
Voile redessinée du Scorpène 2000 (Photos Navy Recognition)
Scorpène 2000 - Gouvernail en croix de St André (Photos Navy Recognition)

En dehors du Scorpène S-BR (Brésil) qui se distingue nettement des autres, les Scorpène commercialisés auprès des autres clients (Basic CM-2000) sont sensiblement identiques. Mais il existe quelques différences et certaines modifications apportées dans le temps.

Sur le Scorpène chilien, le massif du SS-23 O’Higgins a été modifié en 2018 pour y insérer un système de dissipation thermique. Il permet de réduire la chaleur générée par les gaz et ainsi réduire sa signature thermique aux infrarouges. Le SS-22 Carrera devrait bénéficier du même appendice. Ce modèle accuse 66,4 m pour un déplacement (S/P) de 1.602 / 1.738 tonnes.

Le Scorpène malaysien passe de 66,4 à 67,4 mètres et son déplacement est augmenté de onze tonnes. Le Scorpène indien (plus détaillé dans la section indienne) mesure également 67,5 mètres et son déplacement passe à 1.775 tonnes. Sans compter l’AIP dont il sera prochainement équipé lors de son prochain IPER. Sa « ligne latérale » est également modifiée au fur et à mesure des unités construites. Sur l’INS Karanj, lancé en 2021, elle est incurvée vers le haut du côté de la proue.

Le modèle brésilien, plus long (71,62 m) est plus adapté à la navigation en eaux bleues. Il est construit à Itaguaï au Brésil dans des chantiers flambant neuf.  Pour la petite histoire, chaque nouvelle unité est lancée en grands pompes, en présence de Naval Group, mais en l’absence du gouvernement français du fait des relations tendues entre les deux gouvernements.



Détail des mats (Illustrations Richard Stirn)
INS Kalvari
INS Khanderi (2017)
INS Karanj (2021)
Modification du massif sur le SS-23 O’Higgins
SS-23 O'Higgins (Chili)

Le Scorpène en négociation exclusive pour les Pays-Bas

Le 15 mars 2024, la décision tant attendue tombe. C’est Naval Group qui entre en négociation exclusive avec les Pays bas pour le remplacement des 4 Walrus. Le tout à la barbe des Allemands et des Suédois. Evidement, en dehors de l’héxagone, ça chouine car l’offre française aurait été 1,5 B€ moins cher que ses concurrents. Une bonne nouvelle pour nos grenouilles !

Scorpène Evolved

Le Scorpène “Evolved” pour l’Indonésie et pourquoi pas la Pologne

Le français Naval Group a présenté à Jakarta le Scorpène Evolved, évolution de son sous-marin champion des exportations, équipé dorénavant de batteries Lithium-ion pour des performances accrues et une maintenance allégée. Pour s’adjuger le contrat indonésien qui porte sur deux navires, avec une flotte de six sous-marins en perspective, l’industriel français y intègre d’importants transferts de technologies pour l’industrie indonésienne, militaire comme civile. Et la nouvelle tombe le 2 avril 2024 avec une commande ferme de 2 unités.

C’est ce même modèle qui est proposé à la Pologne (Programme Orka)

Rencontre entre Florence Parly, ministre des Armées française, et Prabowo Subianto, ministre de la Defense indonésien
Scorpène Evolved
Scorpène S-BR (Riachuelo S-40)
Scorpène S-BR (Humanita S-41)
Scorpène S-BR (Riachuelo S-40)
Nouveau diffuseur sur le modèle Malaisien (Illustration Richard Stirn)

Scorpène information Leak

Le mercredi 24 août 2016, The Australian publie illégalement des documents contenant d’anciennes informations techniques sur les sous-marins Scorpène. Ces données sont extraites de documents de type « manuel de bord » dans des versions datant d’avant 2011, utilisés pour la formation des équipages du Scorpène en Inde. Bien que ces documents ne soient pas classifiés et ne comportent aucune information qui causerait un préjudice opérationnel à ses clients, Naval Group envoie une injonction au quotidien australien et dépose une requête auprès de la Cour Suprême de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud (Australie). L’entreprise demande au quotidien le retrait immédiat de ces documents mis en ligne illégalement sur leur site internet et qu’il lui soit remis l’ensemble des pièces en leur possession. La justice australienne donne raison à Naval Group le 29 août, et confirme sa décision le 1er septembre. 

Dans un contexte de concurrence exacerbé sur le marché international des sous-marins, quatre mois après la sélection de l’entreprise pour la réalisation de douze sous-marins pour l’Australie, l’intention de nuire à Naval Group, à la France en général et potentiellement à certains de ses partenaires, est évidente. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dénonçait ainsi le 1er septembre 2016 une « action malveillante ». Dans le même temps, Naval Group engage des échanges sur le sujet avec ses clients utilisateurs et partenaires acquéreurs, notamment en Inde pour vérifier avec eux les dispositifs de sécurité et adapter le soutien pour garantir la meilleure efficacité.

Malaisie – Mais qui a tué Altantuya
Shaariibuu ?

En juin 2002, DCN International et la société espagnole Izar concluaient avec le gouvernement malaisien un contrat de construction de deux sous-marins Scorpène, estimé à un milliard d’euros. Par la suite, un sous-marin Agosta, précédemment en service dans la Marine nationale, le Ouessant, était mis à la disposition de la marine malaisienne pour la formation de ses équipages. À la fin de l’année 2009, l’ONG malaisienne Suaram déposait plainte contre X pour corruption et abus de biens sociaux et alléguait qu’une commission de 114 millions d’euros aurait été versée afin de favoriser l’obtention de ce contrat. La justice française ouvrait une enquête préliminaire puis une information judiciaire pour éclaircir les conditions de vente de ces sous-marins. Selon l’accusation, des commissions, dissimulées derrière des contrats de consultants, auraient pu servir à corrompre l’ancien ministre de la Défense malaisien, Najib Razak, devenu Premier ministre en 2009, via un de ses proches, un lobbyiste et expert militaire, du nom d’Abdul Razak Baginda. Les Français entendus dans ce dossier contestaient les faits qui leur étaient reprochés et soulignaient notamment qu’il n’avait jamais été démontré l’existence de versements entre Najib Razak et Abdul Razak Baginda.

La justice malaisienne enquête par ailleurs sur l’assassinat à Kuala Lumpur en octobre 2006, d’une interprète, Altantuya Shaariibuu, maîtresse d’Abdul Razak Baginda et occasionnellement de Najib Razak. La jeune femme aurait été enlevée en plein Kuala Lumpur par deux membres d’un corps d’élite de gardes du corps du bureau du Premier ministre, puis tuée par balles dans un faubourg et son corps pulvérisé à l’explosif dans la jungle. Il est soutenu qu’elle aurait joué un rôle dans les négociations et aurait été assassinée pour avoir réclamé une part des commissions, ce qu’aucun élément matériel ne permet toutefois d’établir.

Pas de chance pour le Chili

Le 1er novembre 2004, pendant les essais du SS-23 O’Higgins chilien au large des côtes françaises, le SM se couche à 60° en arrivant à la surface après une remonté rapide. Les batteries sont noyées. Deux marins chiliens auraient été blessés (sous réserve). L’incident est considéré comme grave pour un sous-marin moderne et installe le doute auprès de ses acquéreurs.

Le 27 février 2010, le S-22 General Carrera (toujours de la Marine chilienne, vit pendant 45 minutes en raison d’un tsunami. Toute la flotte y passera un sale moment.

Plus grave, le 18 juillet 2014, ce même S-22 General Carrera entre en collision avec la frégate Condel au large de Valparaiso lors d’un exercice de nuit. L’accident s’est produit pendant la remonté périscopique. Le massif du sous-marin est endommagé et le temps de réparation est estimé à un an. Pas de blessés heureusement.

Brésil – L’affaire « Lava Jato »

23 décembre 2008, le Président de la République brésilienne, Luiz Inacio Lula Da Silva, et le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, concluaient à Rio de Janeiro un accord de coopération stratégique dans le domaine de la défense. Dans ce cadre, DCNS se voyait confier la conception et la réalisation en transfert de technologie de quatre sous-marins conventionnels, l’assistance pour la conception et la réalisation de la partie non-nucléaire du premier sous-marin brésilien à propulsion nucléaire, ainsi que le soutien à la réalisation d’une base navale et d’un chantier de construction navale au Brésil. Les contrats détaillés étaient conclus le 3 septembre 2009 à Rio de Janeiro (Brésil). Ce programme, baptisé Prosub, participe au renouvellement et à la modernisation de la flotte de sous-marins brésiliens et de ce fait à l’indépendance stratégique du pays. Il représente une enveloppe globale de 6,7 G€ dont plus de 4 G€ pour l’industrie française. 

Les quatre sous-marins sont réalisés par Itaguaï Construções Navais, une société créée conjointement fin août 2009 par DCNS et son partenaire brésilien Odebrecht. Par ailleurs, DCNS fournit une assistance à maîtrise d’ouvrage à Odebrecht, entreprise nationale figurant au rang des leaders du BTP non seulement au Brésil mais également en Amérique latine et dans le monde. Cette dernière réalise le chantier de construction naval ainsi qu’une base navale pour la Marine brésilienne.

Depuis 2014, le Brésil mène une opération d’ampleur exceptionnelle contre la corruption et le blanchiment d’argent, baptisée par les media Lava Jato. L’enquête portait au départ sur les agissements de la société pétrolière publique Petrobras et a mis en cause de nombreuses sociétés qui, organisées en cartel, rétribuaient des cadres de Petrobras et des politiciens par le biais de surfacturations. Cette enquête a donné lieu à l’ouverture d’une centaine d’enquêtes complémentaires. En juin 2015, Marcelo Odebrecht, directeur général d’Odebrecht, était arrêté. Il était condamné en mars 2016 pour des faits sans rapport avec le programme de sous-marins. Diverses enquêtes administratives et judiciaires étaient ouvertes au Brésil et en France concernant le programme Prosub. La Cour des comptes brésilienne et le Parquet général militaire brésiliens concluaient que leurs enquêtes n’avaient pas mis en évidence d’irrégularités dans le cadre du programme Prosub.

DCNS a rappelé dans ce cadre qu’il appliquait rigoureusement les règles des traités internationaux et la législation nationale de chaque pays dans lequel il travaille ainsi que le plus haut niveau de compliance et qu’il n’était pas concerné par l’affaire Lava Jato.

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