Classe Dolfin
(1999 - )
Mise à jour 12 novembre 2024
- Etudes : 1989
- Période Service : 1999 –
- Prévu : 9 (3 Dolfin + 2 Dolfin II + 1 Dolfin III + 3 Dakar)
- Réalisés : 6 (3 Dolfin + 2 Dolfin II + 1 Dolfin III)
- En service : 5
- Exportation : Israël
- Propulsion : Diésel-électrique / AIP
- Hélice : 1×7 pales
- Longueur :
Dolfin : 56,4 m
Dolfin II : 68,6 m
Dolfin III : 72 m (?) - Maître-bau : 6,75 m
- Déplacement (S/P) :
Dolfin : 1.640 / 1.900 t
Dolfin II : 2.050 / 2.400 t
Dolfin III : ? / 3.000 t (?) - Profondeur : 350 m
- Vitesse surface : 12 nds
- Vitesse plongée : 20-25 nds
- Equipage : 35+15
- Armement : Torpilles, missiles (AN)
- Autonomie : 4.300 mn en surface
INS Dolfin (Dolfin I)
Le sous-marin d’attaque conventionnel de Classe Dolfin, construit par Howaldtswerke-Deutsche Werft AG (HDW), est directement dérivée du Type 209 Allemand (bien qu’il ressemble beaucoup au Type 212, mais sans AIP). Il est parfois appelé « Type 800 ». Les modifications de ces sous-marins en font une Classe séparée des 209. Ils sont utilisés uniquement par la marine israélienne. Notez que les deux premières unités (225 M€ par unité) ont été données par le gouvernement allemand et le troisième offert à 50 %, d’où de nombreuses critiques de la part du peuple allemand. Il faut comprendre que pour l’OTAN, Israël est considéré comme une base avancée en Orient et qu’il a tout intérêt à l’équiper militairement. De plus, l’Allemagne a (comme qui dirait) une certaine redevance vis-à-vis de ce peuple israélien…
Les nouveaux Dolfin modifiés (Dolfin II) à 500 M€ l’unité disposent d’une propulsion anaérobie (AIP) qui leur permet de rester plus longtemps en immersion et d’un petit sas plongeur amovible sur le pont. Ils s’apparentent plus à une version dérivée du Type 212 d’exportation (Type 214). Ces sous-marins sont plus longs (68,60 m), plus rapides (25 nœuds en plongée) et plus lourds. Mais la manière la plus simple de les distinguer reste la couleur de leur massif. Vert pour le Dolfin et bleu pour le Dolfin II (deux couleurs qui amélioreraient leur camouflage dans les eaux bleues de la Méditerranée).
En août 2023, on découvre le dernier né de la série Dolfin II, l’INS Drakon. Officiellement, on lui a même donné le nom de Dolfin III. A la surprise générale, il semble d’ores et déjà dévoiler ce que sera la prochaine Classe Dakar avec un massif allongé de près de 2m et une longueur totale qui passerait de 68,6 m à près de 72 m. Ce massif contient des tubes verticaux permettant de contenir des missiles de près de 8 m de long (équipés ou non d’ogives nucléaires). En plus des quatre puits de lancement de la tourelle, dix tubes lance-torpilles ont été installés à l’avant. Six d’entre eux ont un diamètre standard de 533 millimètres pour les torpilles sous-marines. Quatre tubes ont cependant un diamètre de 650 centimètres, selon des sources israéliennes.
Si sa propulsion semble équivalent aux Dolfin II, on note des ailerons complémentaires (stabilisateurs) et possiblement un support à une antenne linéraire remorquée (ALR). Cette dernière unité sera lancée en toute discrétion le 12 novembre 2024.
Un tiers du financement des bateaux destinés à Israël provient du budget fédéral allemand. Toutefois, cet argent n’est pas imputé au budget de la défense (article 14). Les fonds destinés à l’armée israélienne sont comptabilisés dans les crédits spéciaux, sous la rubrique Aide militaire.
Classe Dakar
Trois autres unités ont été commandées pour être livrées à l’horizon 2027. Elles prendront le nom de Classe Dakar en hommage au sous-marin coulé en 1968. Le budget pour ces trois sous-marins est passé de 1,8 à 3 B€ et le gouvernement allemand a accepté d’en financer 600 M€. Leur design ressemble étroitement au futur Type 212CD mais avec un massif beaucoup plus étendu.
Capacité nucléaire pour Israël ?
De nombreuses sources considèrent que ces unités peuvent être équipées d’armements nucléaires. L’Allemagne a déjà livré six de ces sous-marins. L’opposition a demandé des explications au gouvernement allemand. Jusqu’à présent, ce dernier a toujours justifié ces livraisons en affirmant que « les sous-marins font partie de l’arsenal de dissuasion conventionnel » d’Israël, affirme le député du SPD, Rolf Mützenich, dénonçant une « tromperie ». Le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, n’a pas démenti, disant simplement qu’il ne prenait pas part aux « conjectures » sur « l’armement ultérieur » de ces submersibles par Israël. Reste que Tel Aviv avait souffert du manque de capacité de dissuasion en 1991 lorsque Saddam Hussein avait lancé ses missiles sur le pays.
L’affaire est d’autant plus embarrassante qu’Angela Merkel avait dit avoir conditionné ces livraisons d’armement à un engagement israélien de gel de la colonisation des territoires palestiniens et à l’autorisation d’achever une usine de retraitement des eaux usées dans la bande de Gaza financée par l’Allemagne. Jusqu’à présent Netanyahou n’a rempli aucune des deux conditions.
Grâce à leurs tubes lance-torpilles, au moins certains des sous-marins actuels de la classe Dolphin seraient capables de lancer des missiles de croisière Popeye Turbo adaptés pour emporter des charges nucléaires. La classe Dakar devrait avoir une capacité similaire, même si rien n’indique actuellement qu’Israël travaille sur un nouveau SLBM, qu’il soit nucléaire ou conventionnel. Cela ne signifie pas pour autant qu’un tel programme n’existe pas.
L’Affaire “3000”
Dans « l’Affaire 3000 », plusieurs proches collaborateurs de Netanyahu (mais pas le Premier ministre lui-même) sont soupçonnés d’avoir reçu des fonds illicites dans le cadre d’une opération de corruption massive lors d’un achat public de navires et sous-marins au constructeur naval allemand ThyssenKrupp. Certains dans le pays considèrent ce dossier comme le cas de détournement le plus grave de l’histoire d’Israël.
Israël avait annoncé qu’il était sur le point de signer un protocole d’accord avec l’Allemagne pour l’achat de trois sous-marins supplémentaires, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. Mais derrière cette commande se profile une affaire de corruption.
Certains dirigeants politiques accusent Netanyahou d’avoir agi tout seul comme s’il voulait cacher quelques points de la transaction. Il semble que le cabinet du Premier ministre ait été le seul à négocier en secret les termes du contrat. Des responsables de l’industrie militaire se sont étonnés d’avoir été mis à l’écart de cette décision alors qu’ils ont toujours été consultés dans le cas d’acquisition d’armes supplémentaires. Ils n’ont jamais été approchés pour donner leur avis sur le Projet.
La chaîne israélienne, Channel 10, a mis les pieds dans le plat en révélant que l’avocat israélien David Shimron, qui défend les intérêts privés du Premier ministre, faisait partie du conseil d’administration d’une filiale du groupe allemand. Il partage par ailleurs un cabinet d’avocats avec Yitzhak Molcho, l’homme de confiance de Netanyahou et son négociateur attitré sur les questions officielles, y compris les négociations secrètes avec les gouvernements étrangers.
D’ordinaire, le processus de décision implique une concertation entre les trois armées de Tsahal (air, terre et mer) ainsi qu’une coordination avec les représentants de l’industrie pour évaluer tous les aspects techniques du projet. À titre de comparaison, le choix de l’avion F-35 avait nécessité sept années d’études pour arriver à la décision finale alors qu’il a fallu moins d’un an pour conclure le contrat des sous-marins qui s’est faite sans la participation concrète de l’État-Major qui trouve par ailleurs le coût élevé de l’opération.
Même si le 1er ministre israélien n’est pas jugé pour corruption sur cette affaire, l’affaire des sous-marins a également continué à jeter un voile sur son avenir. Les modèles réduits de sous-marins sont largement apparus comme des accessoires dans les marches et les manifestations anti-Netanyahu qui ont lieu chaque semaine devant la résidence officielle du Premier ministre.
Encore un dossier qui est loin d’être clos d’autant qu’en janvier 2022, l’ouverture d’une commission d’enquête d’État sur l’affaire des sous-marins a été votée par le gouvernement…
La commission a donc été créée en janvier dernier, mais quelques mois plus tard, la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset a modifié la décision afin que les délibérations de la commission soient généralement rendues publiques, à moins que la commission ne détermine que des questions classifiées relatives à la sécurité de l’État et aux relations étrangères sont en cours de discussion.
Mais malgré cette décision, tout s’est déroulé jusqu’à présent à huis clos et les journalistes n’ont pas été invités à couvrir les débats.